Jubal n'est que le deuxième fils : ils ne deviendra pas le Droad de la maison des Droad. Alors, il fait mille petits travaux : réparateur de végétation, inspecteur adjoint auxiliaire des égouts... Il attend mieux. Mais voici qu'un personnage travesti, voyageant sur un vélo à une roue, lui fait une intolérable injure. Désormais il a un but : se venger. Grâce au Fantôme de Fer, il connaîtra la Parlerie et les Serviteurs, avec leurs filles merveilleusement belles et dédaigneuses ; il prendra le paquebot spatial jusqu'à Eiselbar, capitale du tourisme interstellaire ; il courra le Long Océan sur la felouque du vieux Schrack, vers la mystérieuse terre de Wellas, où vivent peut-être, au cœur des arbres, les descendants des Irrachetables. Il prendra tant de faux noms qu'on ne saurait les compter. Il sera dur en affaires, surtout avec les grands de ce monde. C'est un faiseur d'histoires, mais les gens qui ne font pas d'histoires sont bien ennuyeux.
Jack Vance est né en 1916. Après le succès de son premier roman, The Dying Earth, publié en 1950, il aborde avec une égale maîtrise l'heroic fantasy et le space opera, où son imagination baroque, son sens du dépaysement et de l'épopée se donnent libre cours. Au premier de ces deux genres appartiennent les Maîtres des Dragons (1962) et le cycle de Cugel l'Astucieux (1965-1966). Le second est illustré notamment par la Planète géante (1957), le cycle de Kirth Gersen (le Prince des étoiles, la Machine à tuer, le Palais de l'Amour) et celui de Tschaï.
1 - Jacques GOIMARD, Derrière le fétiche, le néant, pages 243 à 253, postface
Critiques
Ce roman est le plus récent de cette partie de l'œuvre de Vance classée sous la rubrique « General Culture » et qui comprend les séries de Durdane, de la Planète Géante, d'Alastor et des romans comme Emphyrio ou Les domaines de Koryphon. Comme toujours, Vance nous convie à un fabuleux voyage xénologique et xénographique sur la planète Maske (et plus particulièrement dans le pays de Thaery), avec pour prétexte une histoire d'espionnage interstellaire. Le plaisir évident que prend Vance à inventer de nouveaux mondes jusque dans les moindres détails se retrouve aussi dans le voyage qu'effectue le héros dans un monde voisin appelé Eiselbar : Vance s'y paie le luxe de décrire même un catalogue touristique et, une fois de plus, c'est un vrai régal de fraîcheur et de dépaysement. L'aspect historique et géographique y est peut-être plus développé encore que dans les autres histoires citées plus haut. On ne compte plus les notes en bas de page, sans parler des deux cartes et du glossaire qui encadrent ce roman qui est incontestablement un des meilleurs de Vance. Et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, tout n'est pas là que pour le plaisir des sens (ce qui nécessite déjà une maîtrise extraordinaire de la part de l'auteur), mais derrière la fabuleuse vitrine de Maske et d'Eiselbar se dresse une réflexion sur le pouvoir et sur les hommes qui en sont drogués. A noter enfin que ce volume bénéficie d'une longue postface de Jacques Goimard où celui-ci m'a volé le jeu de mot que je voulais faire sur Thaery et Féerie...