Ce livre raconte la découverte, en 1985, d'un mouvement insolite de l'axe terrestre, mouvement qui en modifie l'inclinaison par rapport au plan de l'écliptique. L'enquête pour déterminer la cause de ce bouleversement, les catastrophes qu'il entraîne et enfin les efforts destinés à en combattre la cause forment un roman qui, sans posséder une originalité profonde de style, se lit avec agrément. Si la psychologie des personnages demeure sommaire, l'action est menée avec une certaine verve, et l'auteur sait adroitement dévoiler ses explications de façon progressive, maintenant ainsi simultanément l'attention du lecteur sur plusieurs points différents. En outre, l'esquisse du monde de 1985 est présentée avec adresse et vraisemblance ; cet équilibre entre le décor et le mouvement est trop fréquemment négligé, ou peu satisfaisant, pour qu'il ne vaille pas la peine de le mentionner ici.
Le côté purement scientifique du roman appelle cependant de sérieuses réserves. L'auteur ne s'attarde guère à expliquer le mécanisme par lequel est augmentée l'inclinaison de l'axe terrestre, se bornant à affirmer que l'approche d'un objet extrêmement massif suffit à produire le phénomène ; cela n'est pas encore très grave, le lecteur du « Rayon Fantastique » ne cherchant guère en général des problèmes de mécanique céleste dans ces romans. Ce qui est plus sérieux, c'est la présence d'incorrections scientifiques parmi les éléments du décor – incorrections qu'il eût été facile d'éviter, car elles n'ont pas une répercussion immédiate sur l'action. Étrange nuit de juin, par exemple, que celle où l'étoile Pollux passe au méridien de Paris ! Et faut-il penser que l'auteur ignore la division sexagésimale du cercle ? Il parle en effet (p 219) d'un angle de 3° 60. S'il s'agit de 60 minutes, c'est 4° qu'il eût fallu dire ; et 60 secondes d'angle équivalent à 1 minute. D.A.C. Danio n'est d'ailleurs guère heureux lorsqu'il s'agit d'angles : ne parle-t-il pas (p 178) d'un angle dièdre existant entre un plan et une direction, alors que ce terme s'applique uniquement au cas de deux plans. On objectera peut-être que ce sont là des détails trop techniques pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter ; ils figurent cependant dans le petit Larousse…
Ces faiblesses sont d'autant plus regrettables que l'auteur semble montrer des qualités qui pourront sans doute s'affirmer dans l'avenir : le choix du sujet, l'intérêt à l'égard de l'extrapolation plausible, le rythme de narration – tout cela possède de la valeur. Souhaitons à D.A.C. Danio de trouver un conseiller scientifique, et aussi de s'intéresser au relief psychologique de ses personnages : cela nous vaudra vraisemblablement des romans plus intéressants et mieux équilibrés que celui-ci.
Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/2/1961 dans Fiction 87
Mise en ligne le : 29/1/2025