Robert SILVERBERG Titre original : At winter's end, 1988 Première parution : États-Unis, New York : Warner Books, avril 1988 (version réécrite et étendue de la nouvelle du même titre, Isaac Asimov's Science Fiction Magazine, janvier 1988)ISFDB Cycle : Nouveau printemps vol. 1
Voilà le dixième roman de Silverberg dans la collection que dirige Gérard Klein. C'est dire à la fois en quelle estime il y est tenu, c'est dire aussi sa grande capacité de création, et de renouvellement, car il n'y a, au plan de l'intrigue et des univers, rien de commun entre Les monades urbaines, Les déportés du Cambrien, L'homme stochastique et A la fin de l'hiver, par exemple. Sauf, peut-être, une situation de base produite par la tension dynamique entre l'enfermement et la volonté d'expansion, diastole/systole, un rythme émotif parmi les plus profonds. Ici, en plus, se pose une des questions clés de la SF — depuis, au moins Les animaux dénaturés, le roman mal prisé de Vercors — , à savoir : qu'est ce qu'un être humain ? Ou encore : qui est humain ? Le singe qui descend de l'homme est-il, au sens culturel, humain ? Ces questions sont présentes, mais légèrement, sur une toile de fond qui renvoie un peu à la fois à l'Helliconia de Aldiss et pas mal à de nombreux récits post-cataclysmiques. L'originalité de Silverberg, outre son habileté dans la composition, son utilisation adroite de références connues pour inventer des mondes, tient ici à des détails concernant les relations intimes entretenues par les membres de ce nouvel avatar de l'humain : en particulier les différences entre les couplages profonds et les banals accouplements. L'histoire est celle d'une sortie des glaces, dans un nouveau printemps, qui serait celui de la nouvelle « humanité », sur une Terre chargée de passé inconnu, mais dont certaines inventions — à base psychique — sont découvertes et utilisées par l'un des héros, Hersh-le-questionneur. Il s'agit donc d'un Silverberg standard, qui se lit vite et bien, mais qui laisse un goût de nostalgie : Silverberg a fait bien mieux. Nostalgie aussi car ce texte, qui ferait la gloire de beaucoup d'auteurs, certes, est publié après l'extraordinaire Benford La grande rivière du ciel (un ouvrage comme il y a bien longtemps que je n'en avais lu) et qui souffre un peu de la comparaison.