Il y eut un éclair, de vagues chuchotements dans l'air.. et le monde changea.
« Nous sommes le 21 mai 1941, se dit Johnny. Et c'est la guerre... »
Le jour où Johnny vient au secours de Mme Tachyon, l'étrange clocharde qui arpente Blackbury depuis toujours avec son caddie et ses pochons, une aventure peu commune commence pour lui : Mme Tachyon, voyez-vous, est une sans-domicile-temporel-fixe.
Ainsi, avec ses amis Bloblotte, Pas-d'man, Big Mac et Kirsty, va-t-il se retrouver a l'époque des bombardements sur l'Angleterre. Avec les paradoxes qui peuvent en résulter, car changer le passé ne risque-t-il pas aussi de changer l'avenir ?
Le temps, c'est comme un pantalon : il ne faut pas se tromper de jambe.
Une nouvelle aventure de Johnny, après LE SAUVEUR DE L'HUMANITÉ et JOHNNY ET LES MORTS.
Traduit de l'anglais par Patrick Couton.
Critiques
Dans la petite ville anglaise de Blackbury, le jeune Johnny se retrouve un beau jour avec entre les mains le caddie de madame Tachyon, une étrange SDF qui semble avoir le don d'apparaître et de disparaître de la ville quand bon lui semble. Johnny et ses amis ne tardent pas à comprendre que ce caddie est en réalité une machine à voyager dans le temps, puisqu'ils se retrouvent bien malgré eux en 1941, en pleine seconde guerre mondiale. Et il arrive ce qui doit arriver quand on voyage dans le passé et qu'on est un peu maladroit : on modifie le futur, et après on a toutes les peines du monde à remettre les choses à leur place !
Johnny et la bombe, c'est tout d'abord, bien entendu, une histoire de paradoxe temporel, de celles où on se prend la tête entre les mains pour se demander où est la cause et où est l'effet. Mais sous la plume du drôlissime Terry Pratchett, même les thèmes les plus éculés de la science-fiction apparaissent sous un jour nouveau : celui de l'humour. Le roman fourmille d'allusions à des œuvres célèbres de la SF, et les jeunes héros — Johnny et ses idées bizarres, Kirstie le garçon manqué qui ne supporte pas la mansuétude avec laquelle on considère les petites filles en 1941, Big Mac le gentil skin qui ne « vole » pas les voitures mais teste simplement leurs limites de vitesse, nuance ! — forment une équipe attachante et irrésistiblement drôle. Et à l'image des héros de la « trilogie des gnomes » du même auteur, ces derniers portent sur notre monde un regard naïf, décalé, mais tellement juste ! (« Il existe deux sortes de bêtises : le type de base Gros bêta auquel il appartenait, et le genre hautement spécialisé dont ne relevaient que les individus bourrés d'intelligence »).
Johnny et la bombe est le troisième volume de la série des « Johnny ». Et si on y retrouve le même ton humoristique et léger des deux premiers, on a en plus une intrigue beaucoup plus complexe et construite, ce qui en fait, à mon sens, le plus réussi des trois.
Philippe HEURTEL (site web) Critique déjà parue sur ce site Parution sur nooSFere : 1/5/1998 Dragon & Microchips 14 Mise en ligne le : 21/10/2003
Terry Pratchett est depuis longtemps reconnu comme l'un des meilleurs auteurs jeunesse en Grande-Bretagne. Certains de ses romans sont déjà dans les manuels scolaires, à commencer par LeSauveur de l'humanité, c'est toi, la première des aventures du jeune Johnny. Le second roman de cette série, Johnny et les Morts, fut adapté sous forme de téléfilm et diffusé l'été dernier sur Canal+. Aussi, l'arrivée de cette troisième aventure ne pouvait que retenir notre attention. Loin des péripéties précédentes, et des petits gnomes des Camionneurs, cette histoire nous invite à parcourir un des thèmes chers à la science-fiction : le voyage dans le temps.
À l'inverse du très bon roman de Raymond Milési, Papa, j'ai remonté le temps, il n'y a point d'inventeur de génie dans ce livre, point de machine, point de « Translat ». La cause de tous les maux temporels est un... caddie de supermarché ! Du haut de ses douze ans, le petit Johnny et sa bande de copains, Bloblotte, Pas-d'man, Big Mac et Kirsty, vont partir découvrir les affres de la Seconde Guerre mondiale. Tout commence avec Mme Tachyon, une SD(T)F — Sans Domicile (Temporel) Fixe — que nos héros découvrent blessée dans une ruelle. Souhaitant lui porter secours, ils vont s'apercevoir que les pochons qu'elle transbahute dans son caddie sont remplis d'une chose fantastique et pourtant bien réelle : du temps ! Nos protagonistes vont se trouver aspirés malgré eux en 1941, au moment où leur bonne vieille ville de Blackburry est bombardée par erreur... et par l'aviation allemande.
D'une construction narrative efficace, doté d'un humour qui est la patte de Pratchett, ce roman tranche cependant par ses référents culturels très britanniques. En effet, comme il est courant dans les aventures de Johnny, Pratchett s'amuse à enseigner des fragments d'histoire à ses jeunes lecteurs. Ici, il leur raconte le Blitz. Mais, au-delà de cette volonté didactique, nous pouvons retrouver une fois de plus la thématique pratchettienne de la mémoire. Se souvenir est l'un de ses commandements, et ce roman, moins empreint de nostalgie que le cycle du Disque-Monde, n'échappe pas à la règle. Autre point intéressant, la théorie des paradoxes temporels, que l'on sait si difficile à expliquer au jeune lectorat. Pratchett nous livre une savoureuse explication, impliquant un pantalon... le temps pouvant s'écouler dans chacune des jambes, à partir du tronc commun. Un ouvrage fort divertissant et plein de rebondissements.