Dans 300 ans, une étoile allait passer si près de la Terre que les océans se mettraient à bouillir, les continents à se racornir...

A moins que les hommes fussent assez sages pour entendre les avertissements de Creohan, celui qui avait su prédire la catastrophe.

Hélas dans ce monde futur et chaotique, personne ne songeait à sauvegarder la Terre pour la descendance de l'humanité. Alors Creohan entreprit sa croisade et rassembla quelques hommes décidés... afin de faire dévier une étoile de sa course implacable.

 

Un Brunner haletant !

          Créohan, un astronome amateur, découvre qu'une étoile vagabonde va détruire la Terre dans 300 ans... Mais cette Terre est un monde étrange, qui se situe 30.000 ans dans notre avenir. La cité où vit Créohan est une enclave à la fois décadente et très écologique, qui subsiste dans un océan moyen-âgeux où barbarie et superstition se partagent les rares tribus qui subsistent sur la planète presque déserte. Ce qui nous vaut des créations bien venues même si elles ne sont pas trop originales, comme les maisons végétales (qui assurent tous les besoins de leurs propriétaires (on les trouve aussi chez Vance, chez Christine Renard et ailleurs...), ou d'autres notations, plus graves, telle la présence de ces entités humanoïdes servant de docile viande de boucherie : Au loin, il discernait faiblement le rire dément de la viande du lendemain, qui se rassemblait sur les pentes douces des collines avant de descendre sur le rivage où elle avait rendez-vous avec son maître prédestiné : la mort (p. 18).

          Le roman est ainsi (dans sa première moitié tout au moins) rempli d'images presque surréalistes, en tout cas bizarres, qui étonnent et détonnent chez Brunner : on se croirait plutôt chez Vance, encore lui, ou chez Farmer. Mais peut-être l'auteur, dans ce récit de 1968, forgeait-il déjà le monde complexe décrit dans Le creuset du temps ? On suit en tout cas avec plaisir le périple qui entraîne Créohan (accompagnée de deux jeunes femmes) sur cette Terre bizarre, à la recherche de qui ou quoi pourra la sauver. Mais on regrette que dans sa deuxième partie, l'ouvrage tourne au simple roman d'aventure ; et on regrette plus encore la solution de facilité abordée en guise de chute et de happy end tout à la fois à quelques pages de la fin. N'empêche que l'ensemble est sympathique et intriguant.