Une nuit, les portes de l'Alfama — le quartier le plus secret et corrompu de Lisbonne — s'entrouvrent... pour accueillir un étrange fugitif, le comte Kotor, et ses enfants Barbara et Laurent, deux adolescents d'une irréelle beauté. Parmi leurs bagages, des cercueils...
Qui sont-ils ces êtres qui ne vivent et n'agissent qu'au plus noir de la nuit et dont la morsure peut insuffler aux morts une vie seconde ? Lisbonne s'inquiète...
Et quand la belle Alexandra, la propre nièce du Premier ministre, rejoint Laurent pour se perdre avec lui dans les fastes d'un érotisme satanique, l'Inquisition décide l'assaut de l'Alfama.
En cet an de grâce 1750, que pourront les soldats de Dieu contre des créatures dont la vie est une infinie traversée des siècles ?
Critiques
FAUSSES BIGOTERIES ET VRAIES PERVERSERIES
En juillet 1964, Pierre Kast confiait à Claude Romer, dans Midi-Minuit Fantastique, son désir de faire un film de vampires original — en ce sens qu'il serait favorable aux vampires, considérés alors comme une sorte de mutants, dispensant à leurs disciples, d'un coup de dents, une seconde vie nocturne après la mort. « Ce sera un film très romantique, disait-il, très populaire, très facile, plein de chevauchées et de batailles. Un film d'action et d'aventures, avec une base poétique et lyrique. »
Ce film ne vit jamais le jour (à l'instar des vampires), mais Kast n'abandonna pas son idée pour autant : il en fit un roman dix ans plus tard. Seulement, la SF et le fantastique s'étant émancipés entre-temps, Kast en profite pour se mettre au goût du jour : sexe et sang. Avec ironie et truculence, il est vrai, et sans indulgence pour les complots, traîtrises, lâchetés, mesquineries, fausses bigoteries et vraies perversités des dirigeants portugais de l'époque (1750) à peine caricaturés. N'empêche que toutes ne pensent qu'à baiser et tous à vendre leurs amis — sauf les vampires et leurs disciples, îlot d'intégrité, d'amour et d'espoir dans cet océan glauque d'une société en décomposition. La recherche de l'immortalité libre et gratuite contre la recherche des plaisirs les plus frelatés. La « base poétique et lyrique » est devenue érotique et baroque. Pierre Kast ne se prend pas tellement au sérieux — tant mieux. Malgré tout, il parvient à son but : nous rendre les vampires sympas. C'est assez rare pour qu'on s'y arrête, si on aime l'amour à tout va, le sang par hectolitres, les complots fumeux et les tortures sans raffinement.