Les pilotes des cargos spatiaux sont, tout le monde le sait, des aventuriers dont le but ultime dans l'existence est de faire fortune, peu importe comment. Et parfois, quelles que puissent en être les conséquences. Daniel, qui a tout d'abord cru que la richesse divine lui était tombée dans la main, a petit à petit déchanté. Il devait subodorer l'abominable entourloupe, la traîtrise extraterrestre. Car des joyeux glaçons, pardon des glaçons-joyaux, ramenés d'un lointain astéroïde sans nom, ont jailli trois plaies parfaitement odieuses. Et l'humanité, si elle n'a pas succombé au froid, si elle n'est pas devenue folle en affrontant la transparence subite de son univers, s'est liquéfiée. Dieu ait son âme collective, s'il est encore solide...
Pas l'ombre d'un doute, c'est du Brussolo. Ça vous donne des frissons dans le dos, de froid, de transparence et de liquéfaction. Ça n'est pas l'un de ses meilleurs livres et le lecteur aura à subir quelques longueurs, des redites, voire des invraisemblances...
Mais on s'en accommode, finalement, parce que Brussolo cultive la folie comme d'autres les navets, jardinier au propre et au figuré, bien sûr.
Le voleur d'icebergs n'est en fait qu'un vulgaire voleur de glaçons et si son prénom, Daniel, se transforme l'espace d'un bref chapitre en David, ayons l'indulgence de voir dans ce phénomène une banale interférence.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/6/1988 dans Fiction 398
Mise en ligne le : 29/3/2003