Painter est un leo. Un être traqué, un roi sans couronne.
L'animal découronné, c'est le leo, une espèce à part, née dans une éprouvette du croisement de cellules humaines et de cellules de lion. Fiers, indomptables, taciturnes, les leos vivent en tribus, se disent fils du soleil, et nul ne sait s'ils ont hérité de la majesté de leurs ancêtres lions à travers leurs gènes ou s'ils se conforment au portrait des lions qu'ils ont trouvé dans la tradition humaine.
Ils sont une merveille et ils sont menacés. Car les humains en ont peur. Dans un monde détruit par une guerre civile, la tolérance n'est pas de mise.
L'astuce de Renart, un autre hybride, suffira-t-elle à sauver les derniers leos ?
John Crowley a écrit avec L'Animal découronné un roman étrange et vibrant sur le thème de la différence et de l'intolérance, qui devrait réconcilier les amateurs de science-fiction et tous ceux qui, par ignorance, se prétendent étrangers à cette littérature.
En attendant que quelqu'un se décide à traduire The deep,voici le premier volume de Crowley à voir le jour en français (un autre est sorti depuis chez Belfond : L'été-machine). En tout cas, il faudra ajouter Crowley à la liste des révélations faites par Klein dans sa collection. Situé dans le cadre d'une Amérique balkanisée après un conflit général, L'animal découronné est une histoire aux personnages centraux multiples, certains humains et d'autres moins... Le style, tout en nuances, est d'une rare qualité et, comme l'indique le dos de couverture, a quelque chose de sturgeonien. Crowley a joué la carte de l'étrangeté en présentant des êtres assis entre deux chaises, des êtres en qui deux natures ont du mal à coexister (des natures physiques et mentales) et qui doivent faire face à une intolérance sans cesse grandissante au sein de ce ramassis d'états en conflit que sont devenus les USA. Voilà donc un livre assez superbe sur la liberté et l'éloge de la différence. Je reprocherai seulement à l'auteur une légère tendance à en faire un peu trop dans le genre « retour à la nature », mais c'est une question d'appréciation personnelle... De toute façon, L'animal découronné restera parmi les meilleurs livres sortis chez nous en 1981.