DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 549 Dépôt légal : avril 1994 Première édition Encyclopédie / Dictionnaire, 336 pages, catégorie / prix : 6 ISBN : 2-207-30565-1 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Le Catalogue des âmes et cycles de la S.-F. a muté. Une douzaine d'années après sa réédition, le voici devenu Le Science-fictionnaire ! Mais la S.-F. aussi a changé durant ce temps. Des auteurs sont morts, d'autres sont nés, de nouvelles tendances sont apparues, la S.-F. a insidieusement envahi des territoires parallèles comme le fantastique, le polar, l'heroic fantasy, voire le réel !
Comment définir la S.-F. aujourd'hui ? Quels sont ses grands thèmes ? Ses diverses écoles ? Ses mots-clés ? Ses rituels ? Ses plus belles réussites au cinéma et dans la B.D. ?
Le présent volume — les univers de la S.-F. — offre en une centaine d'entrées un panorama de la vie du genre. C'est là que vous saurez enfin qui a écrit : « Salut, Toto ! C'est bien la terre ici ? » Un manuel vital pour posséder la langue du pays S.-F.
L'auteur
Stan Barets est un ancien universitaire qui s'est rapidement dirigé vers des horizons très différents de ceux auxquels le destinait sa formation politique et économique. Critique, traducteur, collaborateur des principales revues du genre, il a aussi animé durant des années une des rares librairies entièrement consacrées à la S.-F.
Critiques
Science-fictionnaire
Comme la SF qu'il catalogue, Stan Barets s'amuse à repousser les limites de l'imaginaire.
Quelques mois à peine après « les maîtres de la science-fiction », de Lorris Murail (Bordas), paraît une nouvelle encyclopédie de la SF en format de poche, signée Stan Barets. Ce « science-fictionnaire », qui occupe deux tomes de la collection Présence du Futur, est l'édition revue et copieusement augmentée du « Catalogue des âmes et cycles de la S.F. », sorti en 1979.
Le premier volume comprend la liste des principaux écrivains du genre. Chaque rubrique renferme une brève biographie des auteurs, un rapide survol critique de leur oeuvre et un concentré bibliographique. Les livres marquants, que l'encyclopédiste groupe volontiers en cycles ou par thèmes communs, sont résumés en quelques paragraphes.
Le deuxième tome est d'une facture moins systématique. Il aborde la SF par thèmes, par collections, par modes d'expression, par listes chronologiques. L'on y découvre, entre autres pavés d'informations, un répertoire des meilleures bandes dessinées, une « bibliothèque idéale », ainsi qu'une filmographie sommaire.
Stan Barets procède par incessants renvois, recoupements et mots-clés dont le novice en quête de fils conducteurs pourra tirer le plus grand profit. Mais ces entrées multiples propres à l'informatique s'accordent parfois mal au support livresque, qu'elles alourdissent d'inutiles répétitions. L'on pourrait également reprocher à l'auteur la place démesurée qu'occupent dans le « science-fictionnaire » le fantastique, l'horreur et le merveilleux. On sent chez Barets la crainte de cerner son sujet de définitions trop étroites. Il préfère laisser floue la frontière des genres, quitte à glisser insidieusement vers d'autres champs de l'imaginaire.
Stan Barets adopte dans son panorama un ton désinvolte, volontiers humoristique. Mais avec l'air de ne pas y toucher, il sait communiquer une passion que l'on sent mûrie au fil des ans. Celle d'un vieil amateur goguenard, resté fidèle à ses enthousiasmes.
A l'idée d'une réédition du très médiocre Catalogue des âmes et cycles j'avais quelques inquiétudes, conservant un souvenir pour le moins mitigé des deux premières éditions de ce guide de la SF, concocté à grand renfort de préjugés par un ex-libraire-éditeur écrivant avec un râteau.
La surprise est donc bonne : ce Science-fictionnaire est trés nettement meilleur que ses prédécesseurs. D'autant que l'auteur a eu l'excellente idée de scinder en deux son œuvre : comme ça, on a le côté pile, toutes les bonnes choses, et le côté face, toutes les mauvaises.
Côté face : mais j'ai parlé trop vite ! Des jugements à l'emporte-pièce, des affirmations grossières, des erreurs factuelles ? Il y en a quantité et quantité dans le volume 2 ! ! C'est simple : quasiment tout ce qui était irritant, ridicule, lourdement subjectif, contreversiable, bref : négatif, dans les précédentes éditions, est ici réuni dans le volume 2. Il s'agit de toutes les entrées à théme : de « Adam et Eve » à « Voyage dans le temps », en passant par « Chronologie de la science-fiction », « Féminisme », « Hugo (Prix) », « Présence du futur », « Sense of wonder » ou « Star Trek »... (je promets d'avoir cité ces thèmes au hasard du feuilletage) Là, Barets y va de bon cœur dans la subjectivité à tout crin, et comme il n'a ni l'érudition ni la clairvoyance ni l'aisance stylistique d'un Brian Stableford ou d'un John Clute (deux des auteurs de l'Encyclopedia of Science Fiction) le résultat me semble nettement moins apte à guider les pas d'un néophyte que de donner des boutons à un connaisseurs...
Allez, je ne vais pas être méchant, je ne vais polémiquer que sur deux sujets qui me tiennent à cœur. Primo, l'entrée « Heroic Fantasy ». Barets se perd dans un tas de termes grotesques, en précisant qu'un « universitaire anglo-saxon les nierait vraisemblablement en bloc » et pour finalement expliquer qu'on ne peut pas s'y retrouver ! Ça aurait été si difficile que ça d'utiliser le seul « bon » terme, le simple Fantasy, plutôt que de nous pondre trois pages de considérations oiseuses ? Secundo, l'entrée « Fan, fandom, fanzine ». Barets n'aime pas les fanzines, il l'a toujours dit, et il persévère dans une page de persifleries bêbêtes et inutiles... M'est avis que le grand public n'en a rien à battre, de ce genre de réglements de compte gratuits (on remarquera d'ailleurs que le Prix Rosny aîné, issu du fandom, est absent du bouquin, alors qu'est présent feu le Prix Apollo, aimable magouille parisianiste) ... Enfin, mieux vaut en rire. J'ai d'ailleurs noté avec amusement que « Vu la précarité de leur existence et la sporadicité de leurs publications, la liste [de fanzines] est donnée sans garantie. » je passe sur la syntaxe étrange de cette phrase, je passe aussi sur l'adresse périmée de Solaris (changée depuis 2 ans), mais je ne peux m'empêcher de remarquer que sont cités Ailleurs & Autres (mort il y a tout de même 4 ans), Antares et Nous les Martiens (péniblement annuels), mais qu'un certain sous-marin jaune n'existe pas. Onze années d'existence et 110 numéros parus, c'est certainement trop précaire et sporadique pour être considéré, j'imagine.
Bilan du tome 2 : 269 pages assez déplaisantes, tout à fait inutiles.
Ou, pour résumer : le Science-fictionnaire tome 1 est un exemple de ce qu'il faut faire, le Science-fictonnaire tome 2 est un exemple de ce qu'il ne faut pas faire... Ça devrait simplifier les achats !
Notes :
1. on retrouvera la partie de cette chronique traitant du tome 1 sur la page du Science-fictionnaire - 1. [note de nooSFere]