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Bateaux ivres au fil du temps

ANTHOLOGIE

Textes réunis par Jacques CHAMBON


Illustration de STRYCKMAN

CASTERMAN , coll. Autres temps, autres mondes - Anthologies
Dépôt légal : octobre 1978
Première édition
Anthologie, 254 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : 2-203-22625-0
Format : 13,5 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Voyager dans le futur ou le passé, jongler avec le temps, le soumettre à la loi de notre fantaisie — lui qui nous soumet impitoyablement à la sienne à y tous les niveaux de notre existence, c'est un des plus vieux rêves de l'humanité. C'est aussi, depuis Wells, un postulat qui n'a cessé de fasciner la SF. En dépit des modes qui la traversent, celle-ci ne s'est jamais lassée d'en varier les données, d'en explorer les conséquences, de conjuguer le temps (et de le conjurer) à tous les temps et à tous les modes. Plus qu'un thème, la SF s'est donné là l'occasion de véritables « exercices de style » à la Queneau. C'est une sélection des derniers en date dans le domaine anglo-saxon que l'on trouvera ici. Les vertigineux paradoxes qui en constituent le charme essentiel sont au rendez-vous, mais l'accent général du volume a moins été mis sur l'aspect intellectuel des jeux de la temporalité que sur leur aspect psychologique et poétique. Ces « bateaux ivres » se grisent surtout de situations baroques, de nostalgie, d'images et d'émotions — preuve, s'il en était besoin, de l'exceptionnelle richesse d'un des plus beaux champs de manoeuvre que la SF se soit jamais proposé.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Jacques CHAMBON, Préface, pages 11 à 20, préface
2 - Martin I. RICKETTS, Un jour le roi dans l'eau d'argent... (New Canute, 1974), pages 21 à 40, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
3 - Barry N. MALZBERG, Café des artistes (State of the art, 1974), pages 41 à 46, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
4 - Kit REED, L'Échappée belle, S.A. (Great escape tours Inc., 1974), pages 47 à 59, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
5 - Robert SILVERBERG, (Moi + n) (Moi - n) ((Now + n, Now - n), 1972), pages 60 à 82, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
6 - Francis Marion BUSBY, Si c'est là Winnetka, tu dois être Judy (If This Is Winnetka, You Must Be Judy, 1974), pages 83 à 113, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
7 - Francis Marion BUSBY, Une vie toute tracée (Road Map, 1973), pages 114 à 132, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
8 - John SHIRLEY, Laborieuses chrysalides que nos souvenirs (Uneasy chrysalids, our memories, 1975), pages 133 à 157, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
9 - Harlan ELLISON, Jeffty, cinq ans (Jeffty Is Five, 1977), pages 158 à 183, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
10 - Jack VANCE, La Grande bamboche (Rumfuddle, 1973), pages 184 à 249, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
11 - Roger DEELEY, La Plus courte histoire de science-fiction jamais contée (The shortest science-fiction story ever told, 1972), pages 250 à 251, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
Critiques
 
     CE QUI A ETE DOIT ETRE

« Le temps est le seul vrai voyage pour le rêveur profond. »
Bachelard (cité par J.C. dans sa préface).

     Neuf rêveurs profonds composent cette anthologie, dix voyages sur l'Océan du Temps — dans des courants connus et fréquentés, ou parmi de traîtres brisants, des chenaux inexplorés. Dix voyages extraordinaires (il faudrait tout Fiction pour bien les décrire), qui prouvent que le Temps, « thème de SF par excellence », échappe encore et toujours à toute topographie, malgré des repères connus (machines temporelles, « dons » inexpliqués...), malgré des phares qui ne sont peut-être que des pièges tendus par des pirates — ces pirates étant nous-mêmes, enfants (L'Echappée Belle, SA — Une vie toute tracée — Jeffty, cinq ans).
     Neuf auteurs renommés ou méconnus nous embarquent sur leurs navires fuyants, à la découverte de notre passé. Car, curieusement, les dix voyages présentés ici ne s'effectuent que vers le passé (à part — et encore ! (moi +n) (moi — n) de R. Silverberg (1972) et Si c'est là Winnetka, tu dois être Judy de F.M. Busby (1974), deux variations sur les oscillations d'un couple le long de leur vie morcelée, que les houles du temps séparent et réunissent).
     Passé nostalgique, comme L'Echappée Belle, SA (Kit Reed, 1974), où des vieux rêvent devant la machine à retrouver l'enfance — voyage qu'ils ne peuvent se payer — , comme Jeffty, cinq ans, surprenante nouvelle d'Ellison (1977) où un gosse qui ne grandit pas recrée 1940 autour de lui, avec les feuilletons radios et les esquimaux géants, où Ellison, « âgé de 44 ans mais n'en paraissant que 30 », a l'air ici d'un vieux bonhomme soupirant après sa jeunesse perdue — malgré son style qui ne vieillit jamais — , comme Une vie toute tracée (Busby encore, 1973), un texte féministe où le mari remonte le passé en mourant... et en se réincarnant en sa femme (ce qui l'amène à se rencontrer et s'épouser lui-même : un autre phare/piège !).
     Passé sarcastique aussi, quand ceux qui n'attendent plus rien de leur vie préfèrent jouer avec des personnages du passé que se construire un futur — ce qui les amène inévitablement à leur dissolution : c'est le cas de Malzberg (Le café des artistes, 1974), qui passe de tristes après-midi dans un café parisien fantomatique en compagnie des spectres aigris de Dostoïevski, Hemingway, Shakespeare, Ezra Pound. C'est le cas aussi de Gilbert Duray dans La grande bamboche (Jack Vance, 1973), victime d'une farce sinistre de son cousin, qui s'amuse à tirer des célébrités du passé, à les emmener de l'Autre Côté du Miroir pour leur assigner des rôles incongrus : Hitler en directeur d'hôtel juif en 1920, Charlemagne en membre d'une équipe de foot en 1951, Cléopâtre à un concours de Charleston en 1926, Marx et Lénine en cochers du Tsar en 1880... et le héros qui perd sa femme mais trouve une identité insoupçonnée !
     Et puis, hors de tous chemins, deux textes déroutants (c'est le mot) : Un jour le roi dans l'eau d'argent de M.L Ricketts (1974), « où la classique métaphore du temps qui coule est prise à la lettre » (J.C.) — en effet : Charles Bamfield-Taylor s'offre une excursion sur l'Océan du Temps — pour se suicider à l'instant de la mort de sa femme. Un texte éminemment poétique, qui ouvre ce recueil.
     Et un texte éminemment politique — le seul : Laborieuses chrysalides que nos souvenirs de John Shirley (1975) « hippie, fainéant, étudiant, délinquant, égotiste, abruti, conférencier, très-comme-il-faut, acidomane, et écrivain ». Cette dernière « profession » s'est enrichie de toutes les autres, qui a permis une nouvelle aussi... nouvelle, où le temps n'a pas plus de consistance qu'un vague souvenir, où les souvenirs constituent seuls la personnalité de l'héroïne, victime de la torture de son père devenue agent de cette torture, amante du tortionnaire. Apre lutte pour la mémoire, pantins fous dans ce temps désarticulé.
     Reste John Deeley, qui clôt ce moment instable avec La plus courte histoire de SF jamais contée — que je ne peux résister au plaisir de retranscrire intégralement, achevant du même coup cette aventureuse excursion :
« Le Temps a pris fin. Hier. »

Jean-Marc LIGNY (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/3/1979 dans Fiction 299
Mise en ligne le : 1/2/2010

Prix obtenus par des textes au sommaire
Jeffty a cinq ans : Nebula nouvelle / Short story, 1977
Hugo nouvelle / Short story, 1978
Jupiter nouvelle / Short story, 1978
Locus nouvelle / Short story, 1978
British Fantasy nouvelle / Short story, 1979

Cité dans les pages thématiques suivantes
Voyages dans le temps

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