Une histoire

de la science-fiction -4

« politiquement correct » confine

     Difficile exercice que de rendre compte d'une période récente, qui n'a pas fini de décanter, dans un aussi mince ouvrage qu'un Librio, en sept nouvelles censées représenter dix-huit ans de science-fiction. Les textes repris d'anthologies et de revues (dont Galaxies) tentent toutefois, dans leur variété, de donner un aperçu des mouvances de cette période. Le courant cyberpunk y est bien entendu représenté avec William Gibson (Gravé sur chrome), Bruce Sterling, porte-parole du mouvement, figurant au sommaire avec un texte plus représentatif de son évolution personnelle (Maneki Neko). Sadoul a retenu des auteurs atypiques, en marge des modes, mais construisant une œuvre personnelle et forte, comme Kim Stanley Robinson (Venise engloutie), Dan Simmons (Le Styx coule à l'envers) et Connie Willis : son texte, Ado, n'est pas celui qui caractérise le mieux son œuvre, mais cette satire humoristique du politiquement correct ne peut que séduire les lecteurs auxquels cette anthologie est destinée, qui ne fréquentent qu'occasionnellement la science-fiction. Parmi les valeurs montantes sont retenus Stephen Baxter (Au PVSH) et Ian McDonald (Frooks), un choix honorable même si d'autres anthologistes auraient préféré d'autres auteurs.

     Cette vision fragmentée est complétée par une préface qui offre une meilleure perspective de la période (abordant par exemple le courant steampunk), tout en rendant plus apparentes encore les omissions fatalement imposées par le format (Banks, Resnick sont les premiers noms qui me viennent à l'esprit). Sadoul affiche un optimisme qui tranche sur les discours dénonçant l'envahissante sci-fi qui asphyxie la SF, et il est vrai que son survol, avec le recul, semble lui donner raison. Il évoque également le renouveau de la science-fiction française dont il cite les principaux auteurs en attendant de les présenter plus amplement dans l'ultime volume consacré à la science-fiction française après 1950.

     C'est un ouvrage à conseiller à qui voudrait se faire une idée de la science-fiction contemporaine et à tous ceux qui dédaignent le genre.