Né en 1940 à Munster. Il est journaliste mais aussi l'auteur de nombreux romans et nouvelles de fantastique et de S-F.
Celeano de Peroyne : planète des bas-fonds de la Galaxie, oubliée dans la sourde lutte spatiale qui oppose la Confédération et l'Empire de Lemura. A sa torpeur boueuse et vide, le lieutenant Baird s'est accoutumé...
Peu à peu, pourtant, l'inconnu pénètre sa vie routinière : une voix sans visage lui parle, des images érotiques le hantent, des cauchemars le submergent... Des cauchemars ?
Et puis un jour que Baird, à bord de l'Épouvante, remonte le fleuve Ez, la réalité de Celeano vacille.
Le bateau recueille une inconnue trop belle, dont le corps ne veut que le plaisir et le mal ; des sauriens, des oiseaux, jusqu'alors paisibles, attaquent la canonnière ; sur la rive, des humanoïdes surgissent...
Vous vous souvenez sans doute, lecteurs assidus, de cette nouvelle de Walther intitulée La canonnière Epouvante, parue naguère dans Fiction. Comme elle vous avait frappée alors, tant était grande sa force d'évocation !
On retrouve la même nouvelle ici, étirée sur 220 pages. Dans cette élongation, la nouvelle a perdu de son côté percutant, mais non sa puissance évocative, paroxystique jusqu'à l'angoisse (celle des romans de même nom). Après un début un peu lourd, où l'on se vautre avec Baird l'antihéros dans les miasmes fétides de Celaeno de Peroyne, la parano qui empoigne, le dégoût de soi-même et de la vie (militaire et en général). L'action — au sens physique du terme — commence avec la tournée de la canonnière Epouvante sur le fleuve Ez — et l'errance de ses passagers, englués dans les cauchemars distillés par les nuits venimeuses de Celaeno de Peroyne. Les passagers (presque caricaturaux) auront à se battre, se sachant vaincus d'avance — à se battre contre des ennemis invisibles, à demi imaginés, contre leur propre folie, qui matérialise leurs cauchemars, contre leur esprit conquérant, qui leur fait voir une planète vivante comme un bled paumé, qui leur fait combattre les chimères agressives de leur inadaptation.
L'ennemi n'aura jamais de visage, et l'angoisse pas d'exutoire. Cet échantillon d'armée galactique mourra d'une petite mort nauséeuse et désespérée, aveugle et ignorante — dévorée par Celaeno de Peroyne. Ainsi finissent les glorieuses conquêtes.
Daniel Walther nous livre crûment ses références : La Canonnière du Yang-Tsé, et — surtout — Le désert des Tartares. Excellentes références, qu'il était inutile d'avouer : on les devine avec plaisir, embrumées dans les climats.