Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Une étoile m'a dit

Fredric BROWN

Titre original : Space on My Hands, 1951
Première parution : Chicago, USA : Shasta, juillet 1951   ISFDB
Traduction de Jacques PAPY
Illustration de Adri BERGER

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 42 suivant dans la collection
Dépôt légal : décembre 2000, Achevé d'imprimer : 11 décembre 2000
Réédition
Recueil de nouvelles, 304 pages, catégorie / prix : F6
ISBN : 2-07-041669-0
Format : 10,9 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     «  Le dernier homme sur la Terre était assis tout seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte...  » Effrayant  ? Quand soudain les étoiles se mettent en mouvement, est-ce un prélude à la fin du monde, ou seulement un message à destination des hommes  ?
     Et que feriez-vous si tout à coup votre chien, hilare, vous adressait la parole  ? Si une souris nommée Mitkey vous demandait son chemin  ?
     Huit nouvelles par un des maîtres de la forme courte, huit chefs-d'œuvre savoureux d'humour et de sagesse où cohabitent pour le meilleur Napoléon Bonaparte et d'improbables Monstres-aux-Yeux-Pédonculés.
 
     Fredric Brown (1906 – 1972) a exercé à peu près tous les métiers avant de débuter dans la littérature par des romans policiers. Ses nouvelles, très nombreuses et aussi cotées que ses romans, sont de petits bijoux d'humour et d'invention qui le placent parmi les auteurs cultes de la science-fiction américaine.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Quelque chose de vert (Something Green, 1951), pages 9 à 24, nouvelle, trad. Jacques PAPY
2 - Anarchie dans le ciel (Pi in the Sky, 1945), pages 25 à 68, nouvelle, trad. Jacques PAPY
3 - Tu n'as point tué (Crisis, 1999, 1949), pages 69 à 95, nouvelle, trad. Jacques PAPY
4 - Les Myeups (All good BEMs, 1949), pages 97 à 114, nouvelle, trad. Jacques PAPY
5 - Un coup à la porte (Knock, 1948), pages 115 à 131, nouvelle, trad. Jacques PAPY
6 - Cauchemar (Daymare, 1943), pages 133 à 197, nouvelle, trad. Jacques PAPY
7 - Mitkey (The Star Mouse, 1942), pages 199 à 232, nouvelle, trad. Jacques PAPY
8 - Tu seras fou (Come and Go Mad, 1949), pages 233 à 300, nouvelle, trad. Jacques PAPY
Critiques
     Si ce n'est pas la plus courte histoire de science-fiction, c'est du moins la plus célèbre : « Le dernier homme sur la Terre était assis tout seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte... » . Ces phrases sont en réalité le début d'une nouvelle qui a non seulement la caractéristique de leur offrir une suite logique, mais encore de terminer exactement comme elle a commencé. « Un coup à la porte » : un coup de maître signé Fredric Brown, l'un des grands humoristes de la S-F et un nouvelliste aux idées plus surprenantes les unes que les autres.
     On ne s'étonnera donc pas de retrouver, au catalogue de la nouvelle collection « Folio-SF », l'auteur de Martiens go home ! (titre également réédité dans cette collection) avec la reprise d'un recueil de huit nouvelles qui donne un aperçu de la diversité de son talent.
     Il était en effet novateur de présenter, dans le cadre d'un space-opera classique (un naufragé sur une planète), un aliéné qui s'est coupé du réel (« Quelque chose de vert »). La folie est d'ailleurs un thème récurrent chez Brown ; comment pourrait-il en être autrement quand les protagonistes sont confrontés à des situations dingues, quand les plus improbables monstres aux yeux pédonculés décrits dans les récits de S-F débarquent sur Terre (« Les Myeups ») ou qu'une souris à qui des extraterrestres ont donné l'intelligence réclame pour son peuple une nation, l'Australie en l'occurrence, où elle édifierait Sydneyland (« Mitkey ») ? Mais quand un journaliste amnésique se prend pour Napoléon, qui peut garantir qu'il n'est pas réellement Bonaparte ? La résolution de l'intrigue de « Tu seras fou » débouche sur une situation aux dimensions cosmiques que nul n'aurait imaginée.
     On préfère évidemment ces récits à ceux qui ont pour point de départ un mystère proprement ahurissant et qui s'explique simplement. Ceux-ci sont le plus souvent liés à une intrigue policière. Ainsi, « Cauchemar » impose à un enquêteur de débrouiller une affaire de meurtre où la victime a été trucidée avec autant de moyens différents et contradictoires que de témoins. « Anarchie dans le ciel » présente un phénomène aussi étonnant que le changement de la disposition des étoiles dans le ciel. La solution, dans les deux cas, est décevante par rapport à l'attente suscitée chez le lecteur. Cependant, à chaque fois, Brown a su garantir l'étonnement et n'a pas manqué de décocher au passage quelques flèches sarcastiques à l'égard de notre société. Celle qui a basé la paix sociale sur le détecteur de mensonges a bien du mal à accepter que les tueurs, pourtant nettement identifié, nient avec sincérité être l'auteur des meurtres dont on les accuse. La morale de « Tu n'as point tué » repose sur de délicieux paradoxes et de subtiles problématiques, montrant par exemple que certains professionnels, médecins, avoués ou avocats, contribuent à la disparition de leur profession puisque leur efficacité tend à les rendre toujours plus inutiles...
     Bref, même si ces récits ont parfois pris quelques rides, ils n'ont rien perdu de leur force.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/8/2001 dans Bifrost 23
Mise en ligne le : 6/9/2003

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (1954)

[Critique des livres suivants :

- Chroniques martiennes de Ray Bradbury, Denoël Présence du futur n° 1

- Une étoile m'a dit de Fredric Brown, Denoël Présence du futur n° 2

- Ceux de nulle part de Francis Carsac, Gallimard Rayon fantastique n° 23

- Fuite dans l'inconnu de Jean-Gaston Vandel, Fleuve Noir Anticipation n° 34

Îles de l’espace d'Arthur C. Clarke, Fleuve Noir Anticipation n° 35

- L'Invention de Morel d'Adolfo Bioy Casares, Robert Laffont]

 

    Après Gallimard et le Fleuve Noir, les Éditions Denoël lancent, à leur tour, une collection d’anticipation scientifique romancée (pas uniquement S.-F., semble-t-il d’ailleurs, car le catalogue annonce pour paraître prochainement un ouvrage de H.-P. Lovecraft, un des maîtres britanniques du fantastique, de la sorcellerie et de la démonologie). Elle s’intitule « Présence du futur » et ses deux premiers-nés (Bradbury et Brown) sont l’un excellent, l’autre très bon.

    « Chroniques martiennes », de Ray Bradbury, est de la qualité de « Demain les chiens », de Clifford D. Simak, dont j’ai rendu compte il y a quelques mois. C’est l’histoire de la colonisation, du dépeuplement, de l’abandon et de la recolonisation de la planète rouge par les hommes. Le roman se présente sous forme de vingt-six chroniques, les unes assez longues, d’autres fort brèves, la plupart rattachées les unes aux autres par des liens assez lâches. Certaines sont de purs chefs-d’œuvre d’humour (« Les Hommes de la Terre », qui relate la façon étrange dont les Martiens accueillent les premiers Terriens), de terreur macabre (« La Troisième expédition », qui décrit le sort réservé à d’autres astronautes), de révolte contre la civilisation moderne (« Et la lune toujours brillante », où l’on voit un des conquérants de l’espace devenir l’allié des Martiens morts), de satire cruelle sur le sort des noirs américains (« À travers les airs »), ou, enfin, d’horreur sardonique (« Usher II »). J’arrête là l’énumération, car il me faudrait citer presque tout le livre. Comme dans la plupart de ses ouvrages, Bradbury, écrivain amer, cingle vigoureusement la culture de notre siècle et s’élève avec force contre les « tabous » venant du sommet de la pyramide. (N’imagine-t-il pas, dans un chapitre, que le gouvernement américain de la fin du XXe siècle a interdit les œuvres de Poe, les contes de fées et même les populaires nursery-rhymes ?) Sous ce rapport, il est proche d’un George Orwell, ce qui lui a parfois valu des piques de la part de certains critiques orthodoxes d’outre-atlantique. C’est d’ailleurs « une forte tête », un non-conformiste intégral qui, dans un pays de dictature, connaîtrait le camp de concentration. En formulant l’espoir qu’il ne lui arrive rien de tel, je ne puis que vous recommander ces « Chroniques martiennes », spécimen parfait d’une S.-F. intelligente, imaginative et admirablement contée.

    « Une étoile m’a dit » (Space on my hands), de Fredric Brown, est un recueil de huit nouvelles allant du « bon » au « très bon ». (Une seule m’a paru plus faible, « Mitkey », conte à tendances philosophiques qui tombe un peu à plat. Quelle idée aussi de « vaire barler doud au long afec l’agzent » le herr professor-Oberburger, ce qui rend la lecture irritante ?) Deux ou trois sont teintées d’un humour agréable (« Les Myeups », charmante ; « Anarchie dans le ciel », grandguignolesque ; « Un coup à la porte », spirituelle mais mélancolique, d’autres sont poignantes (« Quelque chose de vert » et « Tu seras fou », qui provoquera peut-être quelque colère chez les bonapartistes). Il n’y manque même pas un récit policier (« Tu n’as point tué »). « Cauchemar » rappelle un peu un roman de Maurice Renard, mais ces rencontres, dans le domaine du fantastique, sont inévitables. Il me serait difficile de désigner celle ou celles des nouvelles que je préfère. En fait, à l’exception de « Mitkey », je les ai toutes aimées et il ne me reste qu’à souhaiter que les lecteurs de cette chronique partagent mon opinion.

    Événement au « Rayon Fantastique » (Gallimard) : un roman français, « Ceux de nulle part » de Francis Carsac. Disons tout de suite que l’ouvrage soutient la comparaison avec les meilleurs d’A. S. américains et britanniques et dépasse même bon nombre d’entre eux. C’est le récit d’une guerre intergalactique, intelligemment conçu, avec une base profondément philosophique : la lutte éternelle entre le Bien et le Mal. Pas de politique, pas d’agent de la 1.005e colonne – oui, tout ceci est bien frais et bien plaisant. Et très d’actualité aussi. (Le roman débute par l’arrivée d’une soucoupe volante et se termine sur un sujet qui a intrigué nos ancêtres autant que nos contemporains – les disparitions d’hommes et de femmes qu’on ne retrouve jamais – thème cher aux auteurs de S.-F.) Les mondes « extérieurs » sont décrits avec beaucoup d’imagination, mais de façon fort logique. Bref, un excellent roman que je vous recommande chaleureusement.

    « Fuite dans l’inconnu », de Jean-Gaston Vandel (Fleuve Noir), n’a pas le fignolage, le fini de « Ceux de nulle part », mais il est bon et me semble promis à une fructueuse carrière. L’humanité se meurt d’un mal mystérieux, la cilicose. Un jeune savant, Dox Gavnor, émet alors une théorie révolutionnaire : comme de vulgaires ptérodactyles ou brontosaures, les hommes sont destinés à disparaître du fait d’une évolution normale. Un seul moyen de sauver la race : créer des êtres « concentrés ». Non sans difficulté, il parvient à implanter cette idée, mais l’expérience dépasse ses prévisions les plus optimistes et voilà les humains aux prises avec les « synthétiques » qui prétendent prendre possession du globe. Comme dans un roman policier, la fin ne se raconte pas – ce serait gâcher votre plaisir, car vous en aurez sûrement, du plaisir, à lire cette variante de l’histoire de « l’Apprenti Sorcier ».

    « Îles de l’espace » (Islands in the sky) – chez le même éditeur, s’adresserait plutôt à des adolescents ou à des J3 s’il n’était signé d’Arthur C. Clarke, un des « as » de S.-F. américaine. C’est le récit d’un garçon de seize ans qui, lauréat d’un concours publicitaire, se voit offrir comme récompense un séjour dans une station-relais de l’espace, à 800 kilomètres de la Terre. Il n’y restera pas, bien sûr, et d’autres aventures le mèneront plus haut, beaucoup plus haut. L’intérêt majeur de ce roman réside, à mon avis, dans son aspect documentaire. Ingénieur spécialisé dans l’étude de l’astronautique, Clarke, espèce d’Ananoff américain, est en effet l’auteur d’un remarquable ouvrage technique : « Exploration of space ». Et, dans « Îles de l’espace », il nous décrit la vie d’une station-relais, telle qu’elle le sera vraisemblablement une fois que l’homme aura réussi à créer ces « îles flottantes ». Il n’y a pas de fantaisie là-dedans, mais l’humour n’en est pas absent (exemples : l’expédition cinématographique ou la rencontre avec des Terro-Martiens). En outre, voilà un volume que feraient bien d’étudier tous ceux qui veulent écrire de l’A. S., voire ceux qui en écrivent déjà. Sa lecture leur permettra d’éviter bien des erreurs.

    « L’Invention de Morel », d’Adolfo Bioy Casares (Robert Laffont), se classe dans une catégorie à part. Ce n’est à proprement parler ni une œuvre de S.-F. ni un roman fantastique, et mériterait de porter en sous-titre le mot « cauchemar à quatre dimensions ». C’est l’histoire d’un condamné qui parvient à se réfugier dans une île déserte où l’on risque de contracter une espèce de peste. Seulement, déserte, l’est-elle vraiment cette île ? Il y trouve des gens, mais ceux-ci ne semblent ni le voir ni l’entendre. Peu à peu, il percera leur secret ; trop tard, hélas !… En réalité, le résumé succinct ci-dessus ne peut aucunement vous donner une idée même approximative de ce récit dû à un des plus grands auteurs argentins de notre génération, ami et collaborateur de Jorge Luis Borges, dont je vous ai souvent parlé ici même.

    L’action passe du réel à l’irréel avec une aisance qu’on pourrait presque qualifier d’inquiétante. On en vient à se demander si le héros du drame n’est pas fou. Il ne l’est pas, pourtant, puisqu’il raisonne, puisqu’il cherche aux phénomènes dont il est le témoin, et qu’il ne comprend pas, des explications logiques, tel un homme qui, se réveillant au milieu de la nuit, se demande s’il a rêvé ou non. C’est également un roman d’amour (mais d’Amour avec un grand A), dont l’objet, lui aussi, est tout à tour réel et irréel. Tout cela nous vaut une œuvre curieuse, pleine de symboles, pas toujours facile à lire, mais hautement intéressante, dans une très belle traduction d’Armand Pierhal.

Igor B. MASLOWSKI
Première parution : 1/5/1954
Fiction 6
Mise en ligne le : 27/2/2025

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Annick Béguin : Les 100 principaux titres de la science-fiction (liste parue en 1981)

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Tales of Tomorrow ( Saison 1 - Episode 05 : The Last Man on Earth ) , 1951 (d'après le texte : Un coup à la porte), (Episode Série TV)

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87245 livres, 112034 photos de couvertures, 83679 quatrièmes.
10815 critiques, 47138 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD