Quatrième de couverture
Dans une Grande-Bretagne vieille de deux siècles de plus, divisée en régions séparées par des barbelés, appauvrie et à peine reconnaissable, toi, Molly Zero, tu vas accomplir une étrange errance à la recherche de ton identité. Fausse bohémienne, apprentie terroriste, fuyant les Blocs et leur discipline, tu vas devenir ce à quoi tu espérais plus que tout échapper. Voici un roman singulier et splendide de Keith Roberts qui a précédemment publié dans la même collection un chef-d'oeuvre de l'uchronie, Pavane. Critiques des autres éditions ou de la série Edition CALMANN-LÉVY, Dimensions SF (1982) Pour un peu, on jurerait que Roberts a lu Arnaud : son récit s'ouvre dans un train pour nulle part, sous la neige et la dictature... En bon auteur britannique, il nous offre une nouvelle fin du monde, une nouvelle image de l'Angleterre effondrée, une image marquée par Le meilleur des mondes ou 1984. On ne se remet pas de l'effacement planétaire d'Albion, de la fin de l'Empire — évoquée explicitement au demeurant à un détour du roman. L'oppression prend ici des formes originales : le pays est morcelé et les voyages limités, mais on autorise les déplacements des Gitans. Et si l'autorité réelle ne se montre pas, il ne s'agit pourtant pas d'un totalitarisme classique et bien en place, mais plutôt d'une société en décomposition, soumise aux attaques de révolutionnaires aussi méprisables qu'un pouvoir fasciste qui cherche à en assurer la survie en recréant une « élite ». Molly, elle, ne sait pas ce qui lui arrive au cours de son éducation sans parents prise en charge par l'État. C'est quand elle tombera amoureuse de Paul qu'elle se trouvera doublée d'un personnage à l'âme de rebelle. Elle restera toujours en retrait de ses positions, même si elle s'enfuit avec lui et découvre le monde. Molly est longtemps un pantin, et la révélation sur la société, pièce de résistance des romans dystopiques, ne lui viendra que tard et brusquement, ce qui est original. Accompagnée de positions peut-être floues, c'est une belle métaphore de l'éducation stratifiée que peut connaître un pays où les différences de classes jouent encore un rôle. Malgré l'usage qui ne s'impose guère du récit à la deuxième personne, Roberts fait à nouveau la preuve de son talent et nous donne un chef-d'œuvre que l'on peut ranger à côté de Pavane.Pascal J. THOMAS (lui écrire) Première parution : 1/11/1982 dans Fiction 334 Mise en ligne le : 17/7/2006
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