Les Fey sont d'impitoyables guerriers. Il ne leur reste à conquérir qu'un dernier continent, Leut, sur le chemin duquel se trouve l'île Bleue. Celle-ci n'a jamais connu de guerre et les Fey n'auront donc aucun mal à s'en emparer, d'autant plus qu'ils disposent de sorciers pouvant commander aux éléments, de métamorphes qui se changent en animaux et de doubles, créatures capables de revêtir la peau de n'importe quel ennemi.
Aucun mal ? Pas sûr...
« Les Fey, une nouvelle série « poids lourd » », nous apprend la quatrième de couverture, c'est-à-dire probablement d'un niveau comparable à La Roue du temps ou à L'Arcane des épées. Il est difficile de présumer de l'ensemble de ce futur « classique du genre » sur ce seul premier épisode, mais pour l'instant, le résultat n'est pas vraiment convaincant.
Ces trois cents pages sont entièrement consacrées à l'invasion manquée de l'île Bleue, mais l'intrigue est pourtant assez mollement menée. Chaque chapitre se centre sur des protagonistes différents, ce qui permet habituellement de diversifier les points de vue, mais ne conduit ici qu'à de pesantes répétitions. Chaque information est répétée en un écho qui traverse les pages jusqu'à ce que tous les personnage soient au courant de la situation. Si ceux-ci en profitaient pour acquérir une certaine consistance, on pourrait admettre ce démarrage plutôt lent, mais ce n'est pas le cas, l'essentiel du récit portant sur la stratégie et les combats.
« Aux antipodes de la mièvrerie souvent de mise chez les auteurs de Fantasy féminins », nous apprend cette fois la notice consacrée à l'auteur. Voilà qui n'est pas très gentil pour ses collègues. De plus, il semble que cela signifie essentiellement que Kristine Kathryn Rusch est capable de décrire de belles batailles bien sanglantes. Elle y parvient en effet, n'hésitant pas à entrer dans les détails, sans doute pour faire moins mièvre. En revanche, au moins pour ce premier tome, le rapprochement avec Macbeth qui nous est ensuite proposé est évidemment sans fondement, car la dimension tragique du roman demeure très timide.
Bref, nous obtenons là une fantasy héroïque assez efficace, de lecture facile et agréable, mais dont l'intrigue manque de rythme et souffre d'une totale absence d'originalité. Même l'arme trouvée pour combattre les Fey a déjà été utilisée pour lutter contre d'autres créatures de la nuit.
Tout cela est-il suffisant pour inciter à lire la suite ? Attendons le deuxième tome, ou probablement plutôt la seconde moitié du premier tome en version originale, pour nous forger une opinion définitive.
Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 2/4/2001 nooSFere