Anarchiste et pacifique, la Culture n'est pas une civilisation galactique comme les autres. Au gré de son exploration de l'univers, elle décide, suivant l'avis de ses Envoyés, d'entrer en contact ou, au contraire, d'ignorer les peuples qu'elle rencontre.

Si un vaisseau de Circonstances Spéciales, une branche de Contact, s'approchait de la Terre, que ferait-il ? Entrerait-il en relation avec notre espèce, ou repartirait-il en direction d'un autre système solaire sans que nous n'ayons jamais rien su de sa visite ? Autrement dit : l'Homme mérite-t-il le détour ? Notre civilisation a-t-elle une quelconque valeur ? Notre culture peut-elle inspirer l'admiration de ces Etrangers qui ont déjà tout vu ?

 

Bien qu'il soit possible de le lire indépendamment du reste de l'œuvre de Iain M. Banks, L'état des Arts, vient enrichir le « Cycle de la Culture » publié dans la collection « Ailleurs et demain » (Robert Laffont). Les lecteurs de L'usage des armes retrouveront d'ailleurs ici Diziet Sma, confrontée à l'étrange fascination d'une planète à la fois infiniment barbare et séduisante : la notre.

 

En Grande Bretagne, Iain M. Banks est aussi célèbre pour ses romans de Science-Fiction que l'est un certain Iain Banks pour ses romans de littérature générale ! Les uns comme les autres figurent régulièrement dans les listes de best-sellers. Véritable phénomène éditorial, Iain (M.) Banks est le plus brillant et le plus populaire des écrivains de la nouvelle génération d'auteurs britanniques.

     Les lecteurs de Galaxies ne seront pas surpris de nous voir manifester un intérêt soutenu pour Iain M. Banks puisque le dossier du n°1 de notre revue lui était consacré (on soulignera d'ailleurs qu'Un cadeau de la Culture, la nouvelle que nous avions publiée à cette occasion, est issu du même recueil que ce récit).

     L'État des arts, qui se rattache à l'éblouissante série de space opera de Banks, en particulier à L'Usage des armes où l'on retrouve le personnage, ici central, de Diziet Sma, met en scène la rencontre des Terriens avec des extraterrestres. Là où le récit de Banks est original, c'est que les Terriens ignorent tout de cette mission d'observation et sont évalués par les yeux des dits E.T. Ce qui change tout, car chacun sait que le point de vue dans un récit romanesque est décisif pour l'effet produit sur le lecteur.

     L'État des arts est aussi l'occasion d'une réflexion sur la souffrance et son absurdité (Banks a une vision radicalement non judéo-chrétienne), et une étrange et quelque peu parodique relecture du mythe christique, même si l'auteur sait faire preuve d'empathie pour tous ses personnages. Linter — l'envoyé de la Culture décidé à rester sur Terre — tente ainsi d'expliquer à Sma pourquoi il veut renoncer aux avantages de sa brillante civilisation pour vivre sur Terre la vie de ses habitants, jusqu'au supplice final.

     Le lecteur féru d'histoire pourra noter au passage un trait d'humour de Banks qui en dit long  : « Je voulais frapper la planète avec un programme dont Lev Davidovitch lui-même aurait été fier  ! Je voulais voir les généraux des juntes faire dans leurs pantalons en découvrant que l'avenir —  en termes Terriens —  est rouge, d'un rouge éclatant. » On aurait tort d'oublier que, dans l'univers de la Culture, la règle applicable à tous est  : « À chacun selon ses besoins. » Pas de doute, des extraterrestres  !