La ronde subtile du temps constitue le troisième volet de la Trilogie du Nouveau Monde et ressemble assez peu aux deux premiers. Il est également moins réussi mais ce n'est peut-être qu'une apparence.
Les premières pages étonnent et attisent la curiosité par leur classicisme, marquant une coupure très nette avec l'atmosphère éclectique des deux précédents volumes. Ce ne sont d'abord que de simples aventures scientifiques (découverte archéologique de première importance, départ des explorateurs pour l'Amazonie...), captivantes mais simples. Bientôt, celles-ci glissent vers le Fantastique, puis vers la Science-Fiction. Ce glissement lent et progressif — temporel ! — amène le lecteur en terrain à la fois connu et nouveau par des analogies sur des personnages ou des situations antérieures et par des péripéties qui, elles, sont neuves. Ces personnages et ces situations familiers ont l'attrait de fantômes : mêmes noms ou presque, mêmes sensibilités, mêmes colorations ; oui, ce sont les mêmes et, pourtant, ils paraissent tellement différents.
Il y a des repères. Il y a des ombres. L'attente est tendue. La lecture reste avide.
Ce bon vieux docteur Khan est un guide farfelu qui, au lieu de suivre la piste déjà tracée dans Un autre monde, hors le temps et dans Le rire noir du temps, l'abandonne complètement pour s'aventurer en pleine jungle. L'œuvre est ambitieuse et audacieuse. Trop, sans doute, ce qui explique l'impression d'échec mitigé qui s'en dégage.
Cependant, en dépit de quelques incohérences et de quelques longueurs, La ronde subtile du temps est un roman attachant. Il ne fera oublier à personne l'imagination tumultueuse des deux premiers tomes mais conclura de manière satisfaisante cette admirable Trilogie dans laquelle le dernier mot sera confié a Gérard de Nerval !
James Khan : un nom à retenir, pour l'avenir...
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/4/1985 dans Fiction 361
Mise en ligne le : 15/9/2003