Comme toujours, dans la collection
Ici et Maintenant, l'œuvre est encadrée de préfaces, biographie, bibliographies commentées. Préface de Michel Jeury, qui connaît bien l'auteur — ils ont travaillé ensemble à
l'Empire du peuple (A. Michel), ils sont de la même génération (qui a connu la fin de la 2
e guerre mondiale et les djebels algériens) et de plus, ils n'habitent pas trop loin l'un de l'autre : ça crée des liens. La bibliographie est l'œuvre de Blanc et de F. Valéry — le directeur d'OPZONE, le fanzine qui monte. Dans sa « confession » Marlson insiste sur sa prise de conscience, son désir d'écrire « ce qui est de la SF parait-il », sa difficulté à trouver un éditeur. Proposé à
Ailleurs et Demain,
Désert est refusé. Est-ce vraiment, comme le pense l'auteur (203) pour des raisons idéologiques « G. Klein estimerait possible et intéressant de construire des centrales nucléaires » — alors que
Désert dépeint un monde en proie à la terreur née de ces mêmes centrales ? Klein a publié
CRISE de Del Rey, et a proposé une réflexion dans sa préface. De plus est-ce vraiment le seul critère utilisé par un directeur de collection ? Si oui, il y a un risque : que, le sachant, les auteurs proposent uniquement des textes prémâchés, codés en fonction des lubies prévisibles du directeur. La diversité de la collection
Ailleurs et Demain répond d'elle même à cet argument.
Désert est un ouvrage en deux parties, correspondant à deux lieux différents. D'abord la mégalopole continentale — avec toutes les marques du genre-voir, pour une comparaison, le texte très lyrique de J.M. Ligny in
Temps Blancs (Denoël). Ensuite, le Maghreb, où l'on retrouve les souvenirs des « pacifications » et l'actualité du Polisario dans sa « guerre des sables ». En plus, ici, comme il y pullule des centrales nucléaires, les guérilleros sont aussi en lutte contre un « ordre nucléaire mondial ». Sans oublier une tradition coloniale/exotique dont on ignore si elle joue au 1
er degré ou non. On est loin de
Dune, comme le signale Jeury. Entre les deux lieux, le lien est assuré par une sorte d'ingénu ; et le roman montre les étapes de son déniaisement — sans qu'il n'acquière jamais une conscience très claire. Cet aspect de héros un peu en retrait par rapport à ce qu'il vit, évite au roman de tomber dans le didactisme. Ouvrage curieux où une voix pas encore posée se cherche, et détone un peu auprès de celles de Hubert, de Pelot. Attendons son prochain roman publié chez Encre (
Les compagnons de Marcilague) afin de voir s'il est perfectible.