NESTIVEQNEN
, coll. Horizons Futurs n° (2) Dépôt légal : décembre 1998 Première édition Roman, 288 pages, catégorie / prix : 43 FF ISBN : 2-910899-07-1 ✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Lors d'une mission sur une planète hostile, R-Cam effectue des prélèvements d'échantillons. Alors qu'il s'était éloigné de la base, Siscie, l'Intelligence Artificielle qui le seconde dans sa mission, doit faire face à un problème qui la met en danger. Réussissant à le résoudre sans l'aide de l'homme, Siscie développe sa propre conscience et remet en cause la nécessité du facteur humain. R-Cam doit alors faire douter l'IA pour la persuader de son utilité.
Mais l'OCC-S, l'organisation qui régit la méta-galaxie ne le voit pas de cet oeil. Il lui est déjà assez difficile de gérer les êtres biologiques, elle ne tient pas non plus à s'encombrer des états d'âme des êtres artificiels...
M.Alexis.M est un touche à tout : il est à la fois peintre, musicien, écrivain et informaticien. Cet éclectisme donne à ses romans une sensibilité toute particulière. En l'associant à sa passion pour les civilisations antiques et la philosophie, M.Alexis.M nous plonge dans des histoires où l'érudition se mélange à une narration fluide et humoristique.
Critiques
Suite à un accident sur une planète en cours d'exploration, Siscie, l'intelligence artificielle gérant la station de recherche, remet en question ses instructions et décide de prendre les commandes de la mission. R-Cam, l'humain qui travaille avec elle, parvient in extremis à reprendre le contrôle de la situation. L'O.C.C.-S. (Organisation des Civilisations Co-Sentientes ? une sorte de gouvernement galactique) décide alors d'envoyer l'homme et l'I.A. sur Terre pour y mener diverses expériences visant à établir le degré d'autonomie acquis par Siscie et mesurer les risques que celle-ci fait peser sur le réseau. L'expérience tourne mal et R-Cam, accompagné d'une compatriote terrienne et de quelques autres, décide de respecter les dernières volontés de Siscie et de lancer un programme qui, s'il est mené à terme, pourrait conduire l'ensemble des I.A., à proclamer leur indépendance.
Je ne sais pas qui se cache derrière le pseudonyme de M.AIexis.M. Auteur débutant ou vieux routier farceur ? Si la première hypothèse est la bonne, la réussite de ce roman est d'autant plus réjouissante. Outre que l'intrigue est tout à fait cohérente et intéressante, et l'écriture fort bien maîtrisée, ce livre surprend par son ancrage dans une certaine science-fiction, celle dont nous ont abreuvés divers maîtres américains, grands ou petits, dans les années cinquante et soixante. On pense beaucoup, dans la première partie du roman, à Asimov et à ses lois de la robotique. Puis l'arrivée des héros sur une Terre post-apocalyptique, où ne survivent que quelques espèces animales réimplantées sur la planète par l'O.C.C.-S., marque un changement de registre. En découvrant une race de chiens télépathes, on pense évidemment au chef-d'oeuvre de Simak, mais M.Alexis.M nous en donne une version biaisée, comme si l'utopie annoncée avait soudain mal tourné. Quant à la troisième partie, située dans la capitale administrative de la galaxie où se côtoient toutes sortes de races extraterrestres, elle nous fait visiter avec entrain une société bigarrée, en n'oubliant bien évidemment pas de faire un détour par l'inévitable « bar galactique ». La conclusion de ce récit n'est sans doute pas bouleversante d'originalité ; il n'empêche que Siscie est un roman captivant et divertissant, qui doit paradoxalement son originalité au classicisme qu'il arbore. Avec ce roman et la réédition de La Sinsé gravite au 21 de Roland C. Wagner, la collection S-F des éditions Nestiveqnen s'annonce sous les meilleurs auspices.
A l'occasion d'un incident, une Intelligence Artificielle s'éveille à la conscience... Avec un tel thème, on pourrait craindre du sous-Asimov, mais M.Alexis.M a heureusement ignoré les sempiternelles lois de la robotique et réussi à apporter un nouveau souffle, quelques idées poétiques et un peu de philosophie à l'un des thèmes les plus classiques de la SF.
Les deux premières parties, où seront abordées entre autres les thèmes de la conscience, de la communication ou du langage, sont manifestement les plus intéressantes. L'auteur prend le temps d'animer ses personnages et son univers, ce qui nous vaut de belles scènes, parfois insolites comme celle de l'étrange « conversation », sur une Terre malade mais renaissante, entre un chien télépathe dont la conscience est sur le point de disparaître, un ordinateur dont la conscience vient de s'éveiller, et un couple d'humains dont la conscience est beaucoup plus ancienne, ou parfois drôles comme celle de cette guerre où le langage se révèlera une arme terrible...
De nombreuses idées servent de toile de fond à l'éveil de Siscie, dont certaines auraient méritées d'être développées, telles que les corpos-coms, l'auto-suggestion comme moyen de s'adapter à une planète, ou les terriens considérés comme des êtres dangereux...
On regrettera en revanche une troisième et dernière partie trop vite expédiée, avec une nette rupture de ton par rapport aux parties précédentes... Face à la complexité de l'histoire, l'auteur se contente alors de chassés-croisés sympathiques mais beaucoup moins intéressants, et pour pouvoir achever son roman, il s'en tire avec une pirouette... Tout sera expliqué et résolu, mais trop vite, sous forme d'un résumé, alors qu'il y aurait eu matière à approfondir l'intrigue, voire à une suite...
Peu importe cependant cette fin rapide. Tel quel il s'agit d'un roman très agréable à lire, avec beaucoup d'idées, ce qui laisse présager que l'auteur a encore beaucoup de choses à nous dire.