« Au milieu de la route déserte, dans la nuit, se tenait une femme sortie de terre comme par miracle. Elle était tout de blanc vêtue et, le visage tendu vers moi d'un air anxieux, me montrait de la main la direction de Londres. Je distinguai au clair de lune un visage jeune, pâle, maigre, fatigué, de grands yeux graves, des lèvres frémissantes, et des cheveux d'un brun doré. Quelle sorte de femme était-ce ? Et comment se trouvait-elle seule, sur la grand-route, en pleine nuit ? »
Comment résumer l'action d'un tel livre brûlant d'un tendre amour, lourd d'un terrible secret. Dès les premières pages, on est littéralement « pris », lié aux personnages, entraîné avec eux et par eux de secrets en découvertes, de poursuites en intrigues, jusqu'à ce que l'aventure ait desserré sa griffe et lâché le lecteur, à bout de souffle et ravi.
On comprend que, publié en feuilleton à l'origine, ce grand et célèbre roman ait tenu toute l'Angleterre en haleine et que le secret de La dame en blanc y soit devenu l'objet d'une curiosité exaspérée, allant même jusqu'à donner lieu à des paris... sans toutefois qu'aucun lecteur ne parvienne à le deviner avant la fin du livre.
Heureux ceux qui vont découvrir aujourd'hui ce chef-d'œuvre de la littérature et du mystère.
William Wilkie Collins, fils aîné du célèbre paysagiste William Collins, est né à Londres en 1824 et mort en 1889. Après être entré dans le commerce du thé et l'avoir abandonné pour des études de droit, puis le barreau, il débute en littérature en écrivant une biographie de son père. Ayant fait la connaissance de Charles Dickens, avec qui il écrira plusieurs ouvrages, il confie ses romans à un périodique fondé par Dickens, The Moonstone. La dame en blanc et La pierre de lune furent d'immenses succès. L'ingéniosité des intrigues, la vie et la vigueur des personnages, le talent avec lequel le récit est raconté par l'intermédiaire de ses principaux héros, ont conservé à ces livres majeurs de Wilkie Collins une fraîcheur et une solidité qui en font des œuvres totalement modernes. Car « Collins s'est servi du récit de mystère à péripéties, tel que son siècle l'avait si génialement restauré, pour en faire l'écrin du reflet même du mystère de la création romanesque. »
(François Rivière, introduction).