John VARLEY Titre original : The Persistence of Vision / In the Hall of Martian Kings, 1978 Première parution : New York, USA : The Dial Press / James Wade, juillet 1978 (sous le titre "The Persistence of Vision", le titre "In the Hall of Martian Kings" ayant été utilisé pour l'édition anglaise en septembre de la même année) (recueil coupé en deux pour l'édition française)ISFDB Cycle : Persistance de la vision vol. 2
Être homme ou femme, quelle importance quand on peut changer de sexe à volonté ? Être jeune ou vieux, beau ou laid, où est le problème quand l'ingénierie génétique vous rapetisse ou vous rallonge, vous greffe un œil ou un poumon aussi facilement que vous rafistolez votre mobylette ?
Et la mort, direz-vous ?
Eh bien, vous la saluerez d'un pied de nez puisque votre banque a stocké vos gènes et vous fabriquera un clone si vous succombez à un accident !
À condition, évidemment, que vous ne restiez pas coincé dans l'ordinateur...
Trois nouvelles stupéfiantes de drôlerie, d'imagination, qui renouvellent totalement la S.F. actuelle. Plus un long récit, celui qui donne son titre au recueil, où la satire et le loufoque cèdent la place à la tendresse et à la poésie.
L'auteur
Né en 1944, diplômé de physique de l'université de Michigan, John Varley écrit de la S.F. depuis 1973.
Son premier roman, Le Canal Ophite a été publié en 1978 dans la collection "Dimensions" de Calmann-Lévy.
1 - Dans le chaudron (In the Bowl, 1975), pages 5 à 62, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 2 - Dansez, chantez (Gotta Sing, Gotta Dance, 1976), pages 63 à 114, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 3 - Trou de mémoire (Overdrawn at the Memory Bank, 1976), pages 115 à 170, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 4 - Les Yeux de la nuit (The Persistence of Vision, 1978), pages 171 à 254, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
Critiques
ET VARLEY VINT
Deux recueils qui n'en font qu'un puisqu'il s'agit de l'énorme Persistence of the vision paru en 1978 aux Etats-Unis et scindé, vu l'importance de la bête, en deux volumes qui paraissent simultanément chez Denoël 1.
Présence du Futur. Le titre de la collection dirigée par Elisabeth Gille convient tout particulièrement à John Varley, tant celui-ci parvient à rendre présent ce futur que nombre d'auteurs s'échinent à faire émerger de leurs écrits. L'emploi du « je » dans plus de la moitié des nouvelles permet une narration en prise directe avec la temporalité de la fiction qui oblige le lecteur à faire sien cet univers dont il ne connaît pourtant que des éléments épars. Décalé vers le futur et sommé de changer de quotidien, il est aussi « dérangé » dans son univers culturel car Varley n'utilise le cadre et les ingrédients de la science-fiction classique que pour mieux les détourner (tout en leur rendant un discret hommage, les private-jokes étant nombreux). Quoi qu'affadie par une traduction qui m'a semblé quelque peu paresseuse, la « Varley touch » est toujours reconnaissable, manière de raconter différente qui joue à pousser la science dans ses derniers retranchements (n'oublions pas que l'auteur est diplômé de physique de l'Université de Michigan), à la presser avec humour et poésie pour en extraire l'inquiétante étrangeté. D'une très grande richesse thématique et s'irisant de surréalisme, la hard SF selon Varley est inimitable.
Neuf nouvelles donc, où l'on retrouve les clones chers à l'auteur (variation policière : comment échapper à votre meurtrier lorsque celui-ci est votre double et qu'il vous a déjà tué trois fois ? Variation érotique : faire l'amour avec son propre clone, n'est-ce pas de la masturbation à quatre mains ?), les chasseurs de trous noirs, les changements de sexe (dans la cellule socio-familiale future, votre mère peut fort bien être en fait votre père ( !) le goût pour une SF sexuée (comment l'acte sexuel peut devenir symphonie grâce au synapticon), le thème du double, etc. Bref, Varley fidèle à l'univers du Canal Ophite 2. Trop sans doute... Et soudain, le choc de la dernière nouvelle, ces merveilleux Yeux de la nuit aux accents douloureusement sturgeoniens 3. Friande d'univers parallèles, la science-fiction a coutume d'aller les chercher dans les déchirures du continuum spatio-temporel. Or il en existe un, tragique et quotidien, à portée de notre main, celui des sourds non-voyants. Keller est un village où vit une communauté de sourds et aveugles surdoués, un lieu où ceux-ci ont repensé le monde en fonction de leur « infirmité », un univers qui a sa logique propre, son organisation sociale, son éthique. Keller est un organisme dont la force est la communication, « une nouvelle manière de concevoir les relations humaines ». Chassé par la crise et le chômage, le héros s'y réfugiera de longs mois, le temps de se rendre compte que le seul infirme de la communauté, c'était lui.
Notes :
1. Dans le palais des rois martiens contient : Le fantôme du Kansas, Raid aérien. Un été rétrograde. Le passage du trou noir et Dans le palais des rois martiens. Et au sommaire de Persistance de la vision : Dans le chaudron (parus — mais très mal traduite — dans Fiction 298 sous le titre A l'intérieur de la boule), Dansez, chantez. Trou de mémoire, (déjà parue dans Futurs 3) et Les yeux de la nuit (prix Nebula 78 pour la nouvelle). 2. A moins que ce ne soit l'inverse. Car n'ayant pas les dates de première parution des nouvelles, il est fort possible que certaines d'entre elles aient été écrites avant Le Canal Ophite(Coll. Dimensions — Ed. Calmann Levy — Critique parue dans Fiction 292). 3. Titre original Persistance of the vision (Un oubli regrettable : les titres originaux des nouvelles ne sont pas mentionnés).