Philip-José Farmer, on peut aimer ou détester, mais il ne laisse pas indifférent. Ce qu'il y a d'étrange, justement, dans les rapports que j'ai avec lui (avec son œuvre, plutôt), c'est que j'aime et déteste a la fois. Je déteste son côté cureton refoulé (évident ici dès la p. 9) qui me rappelle irrésistiblement certaines chansons culturelles ( !) — mais j'aime sa théosophie qui va loin, en général. Exemple : imaginez une religion qui peut physiquement prouver ce qu'elle affirme, dont toutes les légendes, dogmes, doctrines, etc. sont vraies, dont les dieux sont vivants comme vous et moi et qui plus est, enfantés tous les 7 ans par 7 hommes et une déesse, au cours d'une nuit folle où tout arrive — particulièrement ce qu'il y a de plus enfoui dans votre subconscient. Une religion avec un dieu qui parle à la télé et va aux toilettes, fils d'une déesse à laquelle on s'unit spirituellement et... sexuellement. De quoi convertir la, galaxie entière. Pourtant l'un des 7 Pères du dernier dieu Yess (car les dieux sont mortels), un Terrien truand, meurtrier, tortionnaire, se convertit à la fin de la Nuit de la Lumière au christianisme, religion désuette et cousue de fil blanc s'il en est. Qu'en conclure ? Que toutes les religions sont « fondée (s) sur une fraude, usant de la superstition pour se répandre » (p. 69) ou au contraire que toute religion est vraie à la base, en tant qu'aspiration naturelle de l'homme à évoluer, à se transcender lui-même — même s'il lui faut un dieu comme prétexte et béquille ?