La Peau sur les os
Stephen KING
Titre original : Thinner, 1984 Traduction de François LASQUIN Illustration de Jean-Yves KERVÉVAN
J'AI LU
(Paris, France), coll. Stephen King n° 2435
Dépôt légal : février 1996 Roman, 384 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : 2-277-22435-9  Genre : Fantastique
Autres éditions
ALBIN MICHEL, 1987 ÉDITIONS DE LA SEINE, 1996 FRANCE LOISIRS, 1987, 1994 J'AI LU, 1988, 1992, 1992, 2000, 2002 LIVRE DE POCHE, 2005
Quatrième de couverture
La peau sur les os Stephen King Maître incontesté du suspense et de l'épouvante, il fait partie de ces écrivains qu'il n'est plus besoin de présenter. Carrie, Shining, Christine, Cujo, Simetierre... Autant de romans — et souvent de films — mondialement célèbres. Bill Halleck, trente ans, ressemble à tous les Américains qui ont réussi. De l'argent, une femme épatante, une fille unique étudiante, un cottage résidentiel dans le Connecticut. Et il est presque obèse. Bien sûr, sa femme Heidi, qui l'a vu réussir et... grossir, ne manque jamais de le taquiner sur son poids ! Mais amoureuse comme au premier jour, elle le trouve toujours aussi désirable. N'importe où, même en voiture. De quoi provoquer une seconde d'inattention, et percuter une vieille gitane qui passait par là. Dès lors, pour l'ex-rondouillard, la pesée quotienne devient un cauchemar. Car la vie ne pèse plus très lourd lorsqu'on perd deux kilos par jour, inexorablement. Sortilège ? Maladie ? L'inquiétude deviendra vit anxiété, et l'anxiété, angoisse. Critiques des autres éditions ou de la série Edition LIVRE DE POCHE, (2015) La Peau sur les os est l’un des sept romans publiés par King sous le pseudo Richard Bachman. On y côtoie, sur plus de 300 pages, William Haleck, riche avocat de 114 kilos (au début), nanti d’une femme et d’une fille respectivement nommées Heidi et Linda. Meurtrier involontaire d’une vieille gitane qu’il a écrasée en voiture, William, bien en cour à Fairview, la localité aisée où il vit, est acquitté par son ami le juge Rossington, après une enquête bâclée par la police locale qui, pour faire bonne mesure, expulse les gitans de la ville. Entre affaires rondement menées et parties de golf, la vie pourrait reprendre son cour pour ce gagnant du rêve américain. Mais, à la sortie du tribunal, un vieux membre du clan, excédé, l’a touché et lui a dit un seul mot : « Maigris ! ». Quand William commence à perdre du poids, beaucoup de poids, sans raison médicale aucune, il doit se rendre à l’évidence : le gitan l’a maudit. Il lui faut maintenant retrouver le vieux et faire lever le sort avant d’en mourir, sans oublier de se cacher de son entourage qui le prend pour un fou.
Il y a de bonnes choses dans La Peau sur les os. King décrit avec une justesse impressionnante les affres du malade qui visite le déni avant de s’avouer son infortune. Son William met en œuvre quantité de petites stratégies puériles pour modifier ou dissimuler les symptômes, leur cherche une explication aussi logique que rassurante, veut éviter son médecin (car seuls les malades voient un médecin), avant d’être obligé de lâcher l’affaire et d’admettre l’abjecte vérité. King oppose aussi avec pertinence la vie aussi vide de sens qu’indifférente aux autres de la middle-upperclass et l’existence difficile de gitans traités comme des untermenschen par la population des braves gens, sans oublier de décrire avec drôlerie la « faune » qui hante les stations balnéaires du Maine. Il tricote enfin une histoire rapide et rythmée, un vrai thriller d’horreur qui agrippe le lecteur et ne le lâche plus tant il veut savoir comment tout ça va finir.
Mais tout n’est pas bon. L’amitié à la vie à la mort de William avec le mafieux italien Richard Ginelli, si importante pour le récit, n’est guère crédible. La haine qu’il développe pour sa femme non plus, même si la lâcheté intellectuelle de celle-ci est en effet difficile à supporter. Quant au final, on peut trouver que King y cède à la facilité d’un effet de manche surprenant.
Pour apprécier La Peau sur les os – c’est vraiment possible –, il faut débrancher quelque temps son cerveau, voir le bon et passer à côté du moins bon, se comporter en somme comme un malade qui, pour sa tranquillité d’esprit, ne voit que ce qui l’arrange.
Éric JENTILE Première parution : 1/10/2015 Bifrost 80 Mise en ligne le : 25/10/2020
Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
La Peau sur les os
, 1996, Tom Holland
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