Avec un titre pareil, et une quatrième de couverture qui n'hésite pas à faire de Nancy McKenzie l'héritière de Marion Zimmer Bradley, nul doute que ce livre n'accroche le lecteur. En fait, Nancy McKenzie s'inspire, non pas de Bradley, mais directement de la matière de Bretagne, et c'est à Mary Stewart, auteure encore peu connue en France, qu'elle rend hommage.
C'est donc un énième roman arthurien que publient les éditions Pygmalion, ou plutôt, selon leur habitude, un demi-roman : il s'agit de la première partie de Grail Prince, A Novel of Galahad, son of Lancelot, la seconde étant à suivre. En fait, La Prophétie de la Dame du Lac fait suite à l'histoire de Guenièvre publiée en deux tomes aux éditions du Pré aux Clercs. Cette réécriture des aventures d'Arthur, Lancelot et Merlin, vues par les yeux de la reine, rappelait effectivement Les Dames du Lac et Les Brumes d'Avalon de Marion Zimmer Bradley, la première à avoir utilisé les femmes pour présenter les chevaliers de la table ronde et leur histoire. En revanche, La Prophétie raconte la quête du Graal par Galaad, le fils de Lancelot, et le moins qu'on puisse dire est que le point de vue des femmes est minoritaire ! Car nul n'est plus misogyne que Galaad, en ce pays de Bretagne qui résiste tant aux Romains qu'aux Saxons, et nul n'est plus insensible aux charmes féminins. Plus que la quête qui s'annonce comme une aimable promenade — mais telle elle est dans les romans courtois du Moyen-Âge — c'est la raison du caractère sombre et tourmenté de Galaad qui est intéressante, ainsi que la cause de sa haine envers son père, Lancelot du Lac.
Hélas, l'histoire, si elle est plaisante, nous a été racontée tant de fois qu'on en devient difficile, et ce n'est pas l'écriture facile de Nancy McKenzie qui satisfera le lecteur exigeant, d'autant que la traduction est timide, littérale plus que littéraire, avec des choix de vocabulaire discutables et des accords de temps incorrects.
En résumé, un livre distrayant, sans plus, pour les inconditionnels.