Les pirates, de plus en plus audacieux et téméraires, ont commencé leur invasion dévas­tatrice. Royal le fourbe, après avoir assassiné le souverain légitime, est monté sur le trône des Six-Duchés. Avec son entou­rage, le lâche usurpateur s'est replié à l'intérieur des terres, dans son fief natal, certain de ne plus être inquiété par Fitz-Chevalerie, son ennemi intime, qu'il croit mort.

     Grossière erreur, car le jeune bâtard, retiré loin de la cour, caché, est toujours vivant. Bien décidé à se venger. Mais il lui faut d'abord réapprendre à vivre, sous la patiente égide de Burrich et d'Umbre. Et choisir sa voie ! Celle de la civilisation... ou celle d'une empathie plus forte que jamais, grâce au pouvoir du Vif, avec Oeil-de-Nuit ?

     Robin Hobb a commencé sa carrière d'écrivain en 1995, avec le cycle de L'assassin royal. Elle a délibérément voulu cette saga comme une réécriture de ses clichés préférés des contes de fées, et son extraordinaire succès en a immédiatement fait l'égale des épopées de référence de Marion Zimmer Bradley.

     Après avoir été mis à mort par Royal, Fitz a pu réintégrer son corps par l'intermédiaire de son loup. Mais il doit à nouveau réapprendre à vivre en homme, et non en bête, sous l'égide de Burrich. Une fois cet apprentissage effectué, il se met en route pour Gué-de-Négoce, nouvelle capitale du royaume depuis que Royal y a fait transférer sa cour, dans le but d'assassiner l'usurpateur.

     Cette tentative échoue, et Fitz ne s'en sort que grâce à l'aide de Vérité et de son Art. Ce dernier lui demande de le rejoindre par-delà le royaume des Montagnes, pour l'aider dans sa quête des Anciens. Fitz se met donc en route, poursuivit par les séides de Royal.

     Dans ce quatrième volume des aventures de l'Assassin royal, Robin Hobb poursuit sur sa lancée : l'aventure est prenante et progresse tambour battant. Sont particulièrement intéressants les premiers temps du livre, quand le héros doit réapprendre à se conduire en humain. Cette situation, rare dans le médiéval fantastique, est très bien rendue par l'auteure.

     Autre intérêt de ce volume, nous en apprenons un peu plus sur le Vif. En effet, Fitz rencontre de nouveaux possesseurs de ce talent, qu'eux-mêmes appellent le Lignage, et non le Vif. Ils tentent de lui inculquer les rudiments de cette pratique souvent mal vue dans les Six Duchés. Malheureusement, accaparé par son désir de vengeance, Fitz ne passe que peu de temps avec eux, et le lecteur reste sur sa faim. Astuce d'auteur pour tenir son auditoire en haleine ? L'avenir nous le dira.

     Cet ouvrage se lit donc avec plaisir (pour qui aime le médiéval fantastique...) et apporte, une fois de plus, une nouvelle avancée dans l'aventure. Il ne nous reste plus qu'à espérer qu'il en sera de même pour le tome 5.