Iain M. BANKS Titre original : The Player of Games, 1988 Première parution : Angleterre, Londres : Macmillan UK, août 1988 Cycle : Culture (Cycle de la) vol. 2
Robert LAFFONT
(Paris, France), coll. Ailleurs et demain Dépôt légal : août 1992, Achevé d'imprimer : août 1992 Première édition Roman, 396 pages, catégorie / prix : 135 FF ISBN : 2-221-06931-5 Format : 13,5 x 21,5 cm Genre : Science-Fiction
Gurgeh est l'un des plus célèbres joueurs de jeux que la Culture ait jamais connu. Il joue, gagne, enseigne, théorise. La Culture est une immense société galactique, pacifiste, multiforme, anarchiste, tolérante, éthique et cynique. Elle est composée d'humains, d'Intelligences Artificielles et d'espèces étrangères qui ont accepté ses valeurs. Elle cultive les loisirs et les jeux qui ont le statut d'un art majeur.
Le Contact, service de la Culture spécialisé dans l'évaluation et l'infiltration de civilisations étrangères nouvellement découvertes, considère l'Empire d'Azad, terrifiant de puissance et de cruauté, comme un danger potentiel. L'Empire repose, historiquement, sur un jeu infiniment complexe dont le gagnant devient Empereur.
Si bien que Gurgeh, contre son gré, manipulé mais fasciné par le défi, se retrouve à cent mille années-lumière de sa confortable demeure, devenu un pion des IA qui régissent la Culture et lancé dans le formidable jeu d'Azad.
Avec la série de la Culture, Iain Banks renouvelle avec panache et humour l'aventure spatiale. Comme dans L'usage des armes, il construit une société d'envergure galactique, bigarrée, baroque et attachante qui deviendra une référence dans l'histoire des futurs.
Critiques
Galaxies en jeu
Iain M. Banks brosse une fresque interstellaire à la manière d'Isaac Asimov et joue le cosmos aux échecs.
L'humanité a essaimé entre les étoiles. Les robots l'ont aidée à édifier une société libertaire et pacifique : la Culture. Cette utopie d'ambition cosmique poursuit méthodiquement son extension, mais sans hâte ni violence. Les planètes moins évoluées sont abordées en douceur et leur histoire, guidée vers le progrès par de subtils ambassadeurs.
Dans cet avenir de Cocagne où l'on vit plusieurs fois centenaire, l'existence se passe en loisirs et en voyages. Les uns bâtissent des mondes neufs comme des jardins d'agrément. Les autres étudient, philosophent ou s'ennivrent à longueur de siècle. Gurgeh, quant à lui, s'adonne au jeu. Il passe même pour un des meilleurs joueurs de sa génération. Combinant intelligence, concentration et science des drogues psychotropes, il jouit en outre d'une chance exceptionnelle.
Ces atouts ne passent pas inaperçus dans les hautes sphères de la Culture. C'est lui, au prix de quelques ruses, que l'on envoie affronter le barbare Empire d'Azad. Cette partie sous-développée de la galaxie est peuplé d'humanoïdes dont le cycle de reproduction fait intervenir trois sexes. Mais ce n'est pas leur seule originalité. Les Azadiens de toutes classes se livrent aussi à des joutes acharnées sur de vastes échiquiers en relief qui reproduisent le fonctionnement de leur société. C'est le jeu qui désigne les maîtres et les esclaves, qui inspire les stratèges, qui entretient les instincts guerriers. Et c'est au terme de duels successifs jusqu'au faîte de la hiérarchie sociale que le vainqueur ultime est sacré Empereur.
Pour Gurgeh, la partie s'annonce serrée. D'un bout à l'autre du roman, Iain Banks enchaîne les péripéties avec humour et adresse, sans que jamais le suspense se relâche. Si les talents de l'Homme des jeux sont mis à rude épreuve, on peut en dire autant des ongles du lecteur.
La réédition d'un premier roman du cycle de la Culture, ce vaste empire galactique imaginé par Banks, devrait permettre à tous les amateurs de SF d'accéder à une oeuvre qui est l'un des chocs majeurs de ces dernières années.
La Culture, vaste ensemble semi-libertaire et hyper-automatisé, a résolu la plupart des problèmes économiques et sociaux qui se posaient à l'humanité... Mais les contradictions demeurent, surtout lorsque de nouvelles civilisations posent des problèmes d'intégration. D'ordinaire, ces questions relèvent de la section Contact, mais la Culture estime parfois qu'une société présente des risques trop importants pour rester fidèle à ses conceptions habituelles (laisser faire et influencer peu à peu). Circonstances Spéciales intervient alors, comme dans le cas de l'Empire d'Azad, militariste, raciste et expansionniste : des barbares employant « une politique consistant à affamer certaines régions (et) la déportation de masse ». Le pouvoir s'appuyant sur un jeu redoutable, le jeu d'Azad, qui permet de sélectionner le nouvel empereur, Gurgeh, l'un des meilleurs « joueurs de jeux » de la Culture, est envoyé sur Azad. Apparemment pour participer au tournoi...
Brillant et enlevé, L'Homme des jeux pose une question essentielle : à se comporter comme un barbare, ne finit-on pas par en devenir un ? À la cruauté, faut-il répondre par une cruauté plus grande encore pour défendre des valeurs morales supérieures ?
P.S. : On signalera une remarquable préface de Gérard Klein, qui situe les enjeux du genre, et une superbe couverture de Manchu.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesFrancis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000) pour la série : Culture (Cycle de la)