Isaac ASIMOV & Robert SILVERBERG Titre original : Child of Time, 1991 Première parution : Angleterre, Londres : Gollancz, août 1991 (expansion de la nouvelle "Lastborn" ou "The Ugly Little Boy" d'Isaac Asimov (1958)) Traduction de Arnaud MOUSNIER-LOMPRÉ Illustration de Wojtek SIUDMAK
POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5539 Dépôt légal : juillet 1995, Achevé d'imprimer : juin 1995 Roman, 288 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-266-00503-0 Format : 10,6 x 17,6 cm Genre : Science-Fiction
Timmie est un petit garçon très laid. Un enfant, juste un enfant, qu'un drague temporelle a arraché au paléolithique et lâché en plein XXIe siècle. Comme il est difforme ! Est-ce un être humain ou un singe ?
Timmie n'a pas tout à fait quatre ans. Et il n'est pas tout à fait abandonné : Edith Fellowes, l'infirmière, a été engagée pour s'occuper de lui. Elle a vite compris la solitude et la terreur d'un petit garçon perdu dans un monde étrange. La première chose à faire, c'est de le protéger. Et de l'aimer.
Quarante mille ans avant, le vieux Nuage d'Argent continue à guider la tribu à travers les périls de l'âge glaciaire. Les Autres sont partout. Ils sont plus nombreux et mieux armés. Le plus sage est de se retirer vers l'est. Dans ce monde sans pitié, il est de plus en plus difficile d'être néandertalien.
Heureusement, la tribu n'est pas tout à fait abandonnée. La Déesse est là pour s'occuper d'elle. Il faut retourner au pays d'antan, devenu le pays des Autres, et demander Sa protection. Et Son amour. Tous ces gens-là, comment vont-ils se débrouiller pour avoir un avenir ?
Le Maître Asimov a d'abord écrit sur ce sujet une nouvelle, où cet homme pudique a dévoilé une sensibilité trop méconnue. Aujourd'hui, avec la collaboration du grand Silverberg, il en tire un roman pathétique et fascinant, où le destin « vilain petit garçon » se joue sur des millénaires... avec la complicité d'une mère éternelle.
Stase Technologies, institut dirigé par le professeur Gerald Hoskins, a mis au point une drague temporelle capable d'aller chercher des objets ou des êtres vivants dans le passé. Comme le projet coûte cher, il convient de mobiliser les médias. Mais la machine ne fonctionne que pour des masses limitées. Or un dinosaure de la taille d'un chat n'intéresse personne. Le professeur Hoskins décide de faire revenir un enfant néanderthalien. Il recrute une puéricultrice de grande expérience, Edith Fellowes. D'abord désorientée par la saleté et l'aspect simiesque du petit, cette vieille fille se consacre avec énergie et dévouement à sa tâche et se prend d'amour pour le petit Timmie qu'elle tente de protéger contre l'armée de spécialistes et de journalistes désireux d'examiner cet enfant de Neandertal ou d'en faire un monstre de foire, une vedette de la télévision. Lorsque deux grands auteurs s'unissent pour composer un roman, souvent sous l'influence d'un éditeur, le résultat, à de rares exceptions près comme Étoiles mourantes d'Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach, est rarement à la hauteur. Les caractéristiques majeures de chacun sont gommées au bénéfice d'un juste milieu qui n'est souvent que fadeur. Deus Irae de Philip K. Dick et Roger Zelazny n'atteint pas les sommets auxquels ces deux maîtres de la science-fiction nous ont habitués. Il en est de même ici avec deux autres monstres sacrés, Asimov et Silverberg. Nous sommes loin de Fondation ou de L'Homme dans le labyrinthe. Mais il est vrai qu'il s'agit plutôt d'un roman pour la jeunesse. Il n'en reste pas moins que ce roman se lit avec plaisir, comme une gentille méditation sur l'amour opposé à la froideur des intérêts scientifiques, médiatiques et économiques et comme une variation intéressante sur le voyage temporel.