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Poussière de lune

Stephen BAXTER

Titre original : Moonseed, 1998
Première parution : Voyager, 1998
Cycle : NASA  vol. 3

Traduction de Daniel LEMOINE

J'AI LU (Paris, France), coll. Millénaires n° (6086)
Dépôt légal : août 2003
Première édition
Roman, 720 pages, catégorie / prix : 25 €
ISBN : 2-290-32731-X
Genre : Science-Fiction



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Quand Henry Meacher, géologue travaillant pour la NASA, est chargé d'aller étudier, à Edimbourg, un échantillon de roche lunaire rapporté trente ans plus tôt par la dernière mission Apollo, il lui semble qu'on le met à l'écart, que sa carrière s'engage dans une voie de garage.
     Or rien ne pourrait être plus loin de la réalité : la poussière provenant de l'échantillon, répandue accidentellement sur le basalte d'un cône volcanique, réveille les volcans d'Ecosse, éteints depuis des millions d'années. Et c'est le début d'une irrémédiable série de catastrophes géologiques... Bientôt, c'est l'existence même de la Terre qui est menacée. Une course contre la montre s'engage alors, en vue de sauver l'être, et seul Henry détient — peut-être — la solution du drame en train de se jouer...

     Né à Liverpool en 1957, ingénieur en mathématiques de l'université de Cambridge, docteur en aéronautique de l'université de Southampton, Stephen Baxter renoue avec la tradition de ces grands scientifiques qui, tel Arthur C. Clarke, ont consacré leur savoir à rêver l'homme, mêlant réflexion philosophique et roman d'aventures. Il est, entre autres, l'auteur de Voyage, Titan, Les vaisseaux du temps, et de plusieurs ouvrages écrits en collaboration avec Clarke (Lumière des jours enfuis fut la première traduction dans l'Hexagone), dont un nouveau cycle paraîtra prochainement en France.
Critiques
     C'était fatal. Ca devait arriver. Il fallait bien qu'un jour ou l'autre la nouvelle génération d'auteurs de S-F britanniques assume la tradition. Qu'après des auteurs tels que John Wyndham ou Jim G. Ballard, après des romans comme Le Vent de Nulle Part, Les Furies ou Les Triffides, l'actuelle génération ajoute sa pierre à l'édifice et vienne compléter un corpus déjà riche de romans catastrophes.

     Mais imaginer de nouveaux cataclysmes n'est nullement chose aisée. En littérature, tout est déjà tombé sur le râble de cette pauvre humanité, de son fait ou non. De l'ouragan absolu à la révolte végétale, de l'invasion de guêpes à la montée des eaux... Et l'Amérique a adopté le genre à défaut du ton, tant en lettres qu'en images. Génocides (Disch), Shiva le Destructeur (G. Benford & W. Rotsler), La Mère des Tempêtes (Barnes). Au cinéma, le plus improbable est coutumier. Des astéroïdes qui pleuvent comme des missiles (Meteor, Armageddon, etc.), des guerres atomiques à foison, des invasions de tout et n'importe quoi, de l'inénarrable Independance Day aux araignées, escargots, tomates, et surtout des navets où la terre tremble comme si elle avait chopé la danse de Saint Guy !

     Tremblements de Terre et méga volcans seront cette fois encore au programme, mais pour cause de nanotechnologie, alien, bien sûr... Du « tout en un » pour une belle apocalypse. Il s'agit d'être à la page.

     L'examen d'une pierre lunaire qui était restée 30 années durant à prendre le moisi dans un buffet de la NASA, à Houston, initie la calamité. Quelques grammes répandus sur le basalte des vieux volcans éteints d'Ecosse et les voilà qui se réveillent, rongés jusqu'au magma. Vénus vient juste d'exploser, se transformant en un générateur de trous noirs et c'est ce qui guette la Terre. Au moins, c'est radical.

     Baxter s'y entend à merveille avec les laboratoires et les fusées, l'astronautique. Après Voyage et Titan, la démonstration n'est plus à faire. Aller sur Mars, atteindre Titan avec les moyens actuels, retourner sur la Lune tout de suite ? Quand on veut, on peut. C'est une histoire de paire de couilles. De l'audace, de l'imagination, du risque. Parce que sur la Lune, on va y aller en décapotable !... Et il arrive à rendre tout cela plausible, crédible...

     Les relations humaines atteignent par contre certains sommets. Baxter y fait preuve d'une impressionnante finesse et il aurait dû appeler son roman « La femme, son amant et le cocu sauvent le monde », parce que ce sont ces trois là qui s'en vont terraformer la Lune... Dans le Soyouz — c'est que ce n'est pas très grand, un Soyouz — Geena dirige la mission à laquelle participe son ex-mari, Harry Meacher, géologue et héros patenté du sauvetage de l'humanité, et son amant russe. Liaison dont Meacher ignore tout. Il est bien connu que le cocu est toujours le dernier informé de sa situation. Aussi quand, dans la promiscuité du Soyouz, il tombe sur les deux tourtereaux en plein chantier, on sombre dans le vaudeville. Et tout ça ne sert strictement à rien. Meacher ayant intégré la libération de la femme, il s'en fout et ne manifeste aucune jalousie. Ça n'influe en rien sur l'intrigue, alors à quoi bon ? Pour rallonger davantage encore la sauce ? Pour « faire » S-F moderne avec des personnages qui « vivent » hors de l'intrigue ? Certains auteurs, Tchékhov ou Mansfield par exemple, s'entendent fort bien à dépeindre de manière réaliste les sentiments et états d'âmes en des moments ordinaires de la vie courante. Mais pourquoi inclure ce type d'éléments sous forme pachydermique dans un roman catastrophe ?

     Autre délayage, les nombreuses scènes, inspirées d'une syntaxe cinématographique, où apparaissent des personnages aussitôt vus, aussitôt morts, sans rapport avec l'intrigue. Il s'agit bien sûr de faire dans le larmoyant afin que l'on pleure dans les chaumières à la manière hollywoodienne. Dans le même ordre d'idée, par manque de chance, Jane, la nouvelle femme de Meacher, se fait irradier par l'explosion d'une centrale nucléaire en quittant Edimbourg...

     Outre qu'il est infesté de coquilles, voilà encore un livre frappé d'obésité romanesque et contaminé par une sirupeuse sentimentalité à deux balles qui aurait tout gagné à maigrir de moitié, à se focaliser sur la catastrophe et la mission spatiale. Il y a des écrivains — la plupart en fait — qui sont plus doués que Baxter pour mettre en scène des rapports humains et on sait où les trouver, si c'est ce que l'on souhaite lire. Baxter sait par contre nous faire croire que l'on pourrait retourner sur la Lune sur le champ si seulement on le voulait et il sait rendre cela vraisemblable comme peu. Si on lit de la hard science ou du roman catastrophe, c'est peut-être pour le voir déployer son talent là où il en a. Ce n'est pas parce qu'il y parle de volcanisme que l'auteur doit se laisser enterrer sous les scories... On passe.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/1/2004 dans Bifrost 33
Mise en ligne le : 1/3/2005


     Un caillou lunaire, qui n'avait pas encore été étudié depuis que la (fictive) mission Apollo 18 l'avait rapporté, et dont quelques poussières volées ont été répandues par un préparateur inconscient sur le basalte d'un volcan d'Ecosse, ronge la roche comme un cancer, jusqu'à faire émerger le magma. Henry Meacher, le géologue de la NASA qui considérait ce travail d'analyse comme une mise au placard, comprend que c'est le même phénomène qui vient de détruire Vénus, transformée en canon à trous noirs après la désagrégation de sa croûte. Alors que des cataclysmes se déchaînent, Meacher tente de persuader la NASA que la solution se trouve sur notre satellite qui, bien que contaminé par la poussière, est demeuré intact.

     De nos jours, il est plus difficile d'aller sur la Lune que dans les années 60 — Baxter se fait l'écho des cosmonautes qui, comme Patrick Baudry en France, considèrent comme un énorme gâchis l'abandon de la conquête spatiale. Vu l'urgence de la situation, on parvient cependant à bricoler un module lunaire des plus sommaires. La fragilité des dérisoires moyens de transport spatiaux, la solitude de l'homme dans le noir et le silence de l'espace sont particulièrement bien rendus.

     On se passionne également pour la trajectoire des personnages fuyant les catastrophes engendrées par la destruction du manteau terrestre. On sait les auteurs britanniques friands de récits cataclysmiques ; celui de Stephen Baxter ne manque pas d'envergure, ce qui ne l'empêche pas de conclure sur une note optimiste qui conduit à considérer sous un œil plus favorable la poussière de lune responsable de tant de bouleversements.

     Baxter est un bon auteur de hard science, passionné par l'exploration de l'espace, comme en témoignent la plupart de ses autres titres. Sa rigueur documentaire, loin d'être rébarbative, ajoute au suspense du récit*. Sans être parfait, ce volumineux roman, écrit en 1998, est une des heureuses surprises de la rentrée.
Claude Ecken
* Il est cependant regrettable que la même rigueur n'ait pas été appliquée à l'édition française, rongée par des coquilles qui gâchent en partie le plaisir de la lecture.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/12/2003 dans Galaxies 31
Mise en ligne le : 6/12/2008

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (2001 - 2007) (2013)

 
     Présenté comme le dernier tome de la « trilogie de la NASA », Poussière de lune est cependant un roman très différent de Voyage et Titan, et l'agence spatiale américaine n'y intervient en définitive que par la bande, et tardivement. A vrai dire, on peut même se demander s'il s'agit réellement, à l'instar de ses illustres prédécesseurs, d'un roman de hard science... Cet ultime volume est en effet beaucoup plus fantasque que les deux autres, et, si la science y a son mot à dire — la géologie, en l'occurrence, bien plus que l'astronautique--, le contexte est essentiellement celui d'un roman apocalyptique (mais d'une manière bien différente de Titan... et, autant le dire de suite, nettement moins convaincante).
     Tout commence lors d'une mission Apollo, quand l'astronaute Jays Malone rapporte sur Terre une étrange pierre lunaire. Bien des années plus tard, cette pierre devient la préoccupation essentielle du géologue de la NASA Henry Meacher, lequel, après s'être vu refuser son programme de sondes lunaires automatiques Shoemaker, quitte Houston pour Edimbourg, et par la même occasion son astronaute de femme, Geena. L'échantillon lunaire, longtemps ignoré, l'accompagne. Hélas, suite à une brèche dans la quarantaine (un peu forcée pour le coup), la « poussière de lune » qu'il contient va se retrouver répandue sur Arthur's Seat, un volcan éteint de la ville écossaise. Et c'est ainsi que va se mettre en branle un terrible processus destiné à provoquer la fin de la Terre, une fin sans doute comparable à celle de Vénus, qui explose sans que l'on sache vraiment pourquoi dans les premières pages du roman...
     Après une (trop) longue mise en place essentiellement consacrée à la géologie, Henry Meacher parvient à persuader la NASA (et les Russes, tant qu'à faire) que l'unique échappatoire se trouve sur la Lune. Et c'est ainsi qu'est élaboré dans l'urgence (quelques semaines à peine !) un nouveau vol habité à destination de notre satellite, avec à son bord Henry et Geena.
     Le problème, c'est qu'il faut se farcir cinq cents pages environ avant que cette thématique ne soit véritablement introduite dans le roman.
     Et c'est long. Beaucoup trop long.
     Stephen Baxter, on le sait — et un simple coup d'œil à sa bibliographie suffira à en persuader quiconque — , a tendance à faire dans le « dilaté », et sa « trilogie de la NASA » n'échappe pas à la règle. Ce qui ne pose pas nécessairement de problème. Un bon Baxter, c'est souvent long, mais c'est avant tout passionnant. Mais, quand le projet ne tient pas totalement la route, c'est hélas affreusement long. En témoigne Poussière de lune, roman raté, bancal, mal construit, mal écrit, mal traduit, qui conclut sur une note amère de profonde déception une trilogie jusque-là fascinante.
     On s'ennuie en effet franchement à la lecture de ce dernier volume, abusant des digressions inutiles et autres personnages superflus et caricaturaux (dont un magnifiquement ridicule moine pédophile irlandais exilé au Japon, lequel, heureusement, n'apparaît que brièvement, mais c'est un exemple éloquent...) pour meubler, façon film catastrophe, une trame qui n'en demandait pas tant. Ce qui rend déjà la lecture de Poussière de lune extrêmement pénible. Hélas, les personnages principaux ne sont pas mieux servis, et les rapports humains, sous la plume maladroite de Baxter, tournent au théâtre de boulevard, amant dans le placard inclus (en l'occurrence, dans un Soyouz).
     Cela dit, on pourrait presque fermer les yeux sur ces fâcheux travers si l'histoire principale tenait la route. Hélas, ce n'est pas vraiment le cas. Si Voyage brillait par son réalisme extrême, et si Titan se montrait en définitive convaincant malgré une plausibilité moindre, Poussière de lune jette très vite toute crédibilité aux orties. Cette histoire de roche destructrice laisse déjà quelque peu sceptique, c'est rien de le dire, et, durant tout le roman, en dépit des efforts — visibles — de l'auteur pour nous faire adhérer à son propos, on n'y croit pas vraiment... En s'éloignant de la pure hard science pour une SF plus fantasque, pour ne pas dire carrément loufoque, Stephen Baxter s'égare. Et s'il tente à nouveau, en fin de volume, de jouer la carte du vertige, procédé pour lequel il est tellement doué d'habitude, rien n'y fait : tout cela est beaucoup trop gros, et ça ne passe pas.
     Aussi Poussière de lune, bien loin de confirmer la réussite de Voyage et Titan, achève-t-il la « trilogie de la NASA » sur une fausse note des plus regrettables. Un Baxter raté, poussif, sur lequel on pourra très légitimement faire l'impasse ; l'auteur britannique a fait tellement mieux...

Bertrand BONNET
Première parution : 1/4/2013
Bifrost 70
Mise en ligne le : 1/3/2018

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Francis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000)  pour la série : NASA

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