LONDREYS
, coll. Science & fiction n° (8) Dépôt légal : mars 1987 Première édition Anthologie, 276 pages ISBN : 2-904184-60-0 ✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Quand nous aurons — après demain — épuisé nos ressources et vidé la Terre de ses éléments vitaux, quand nous serons devenus si nombreux que le Tiers Monde occupera les trois tiers de la planète, il nous restera l'espace pour alimenter nos rêves d'inconnu et satisfaire nos désirs de conquête.
A moins que ce ne soit l'espace qui se nourrisse de nous, qui s'abreuve à nos pulsions et à nos filets de vie, et nous laisse dans son immensité, tel l'équipage du vaisseau d'exploration du court roman de James Tiptree Jr, avec un éphémère goût d'être.
La colonisation du système solaire est en route, nous avons marché sur la Lune — une lune beaucoup moins drôle que celle de R. A. Lafferty -, et nous allons bientôt « terraformer » la planète Mars, lui donner ces merveilleux « jardins artificiels » qu'évoque Bruce Sterling. Mais avant, nous aurons installé nos stations orbitales, nos L-5, et la vie continuera (presque) comme autrefois. Nous recréerons des sociétés hiérarchisées, nous recommencerons l'aventure humaine à l'échelle du ciel, et nous tuerons les mondes les uns après les autres.
Comme sur cette station non identifiée oubliée dans le cosmos, nous marcherons, avec J. G. Ballard, sur nos propres traces traces et nos propres errances, dans une quête aussi infinie que l'univers.
1 - Pierre K. REY, L'Espace vital, pages 11 à 15, introduction 2 - James Jr. TIPTREE, Un éphémère goût d'être (A Momentary Taste of Being, 1975), pages 17 à 141, roman, trad. Monique LEBAILLY 3 - Alexei PANSHIN & Cory PANSHIN, Azur (Sky Blue), pages 143 à 160, nouvelle, trad. Pierre K. REY 4 - Michael SWANWICK, Walden III (Walden Three, 1981), pages 161 à 196, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 5 - Bruce STERLING, Jardins artificiels (Sunken Gardens, 1984), pages 197 à 221, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 6 - R. A. LAFFERTY, Pas de retour possible (You Can't Go Back, 1981), pages 223 à 248, nouvelle, trad. Emmanuel JOUANNE 7 - James Graham BALLARD, Rapport d'exploration concernant une station de l'espace non identifiée (Report on an Unidentified Space Station, 1982), pages 249 à 258, nouvelle, trad. Noé GAILLARD 8 - Gérard HUBER, Postface, pages 259 à 266, postface 9 - Notices biographiques, pages 267 à 273, dictionnaire d'auteurs
Critiques
Ce troisième volume de la collection d'anthologie thématique de Science-Fiction dirigée par Pierre K. REY aux Editions Londreys se penche sur le thème des Colonies.
Tropique des Etoiles s'ouvre sur une novella de James Tiptree, Un éphémère goût d'être, qui ne tient pas les promesses dont elle était porteuse et qui me paraît un peu longue. Nous ne serions que des super-spermatozoïdes filant dans l'espace vers une créature extraterrestre ovulesque. Azur, d'Alexei et Cory Panshin, offre une vision à la fois tendre et humoristique de la colonisation : prêt d'une planète par le Brave Propriétaire, un être à pseudopodes, à des humains sans scrupules. Walden III, de Michael Swanwick, est un texte attachant où les colons ont un peu trop tendance à se montrer joyeux. Mais l'artiste, en personnage révélateur qu'il symbolise, saura faire entendre les rouages qui grincent.
Bruce Sterling décrit dans Jardins Artificiels une planète Mars en proie au Terraforming vu sous l'angle d'une compétition artistique. La distance était peut-être trop courte pour la mise en vie d'un univers qui souffre de son caractère touffu. Lafferty, égal à lui-même, avec Pas de retour possible, montre qu'il n'est pas besoin d'aller bien loin pour aborder une colonie spatiale. Enfin, lui. ça serait plutôt les colonies de vacances ! Quant à Baîlard, sa nouvelle Rapport d'exploration concernant une station de l'espace non identifiée est une construction à tiroirs qui grandit à chaque page pour devenir finalement l'univers. Une curiosité, une création assez singulière à laquelle l'auteur ne nous avait pas vraiment habitué.
Tropique des Etoiles ne me semble pas une anthologie homogène. Dans l'ensembie, les nouvelles ne m'ont pas convaincu. Je veux dire par là que le thème est incontestablement mieux servi par le roman. Citons par exemple Forteresse des Etoiles de Cherryh ou Les Brontosaures Mécaniques de Coney.
C'est peut-être lié aux colonies. Je n'avais pas ressenti cette impression pour ADN, Société Anonyme qui reste selon moi l'anthologie la plus complète et donc la mieux réussie de !a collection.
J'attends avec impatience que Pierre K, Rey nous fasse découvrir des thèmes moins classiques et sans doute plus originaux.