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La Maison enragée et autres nouvelles fantastiques

Richard MATHESON

Traduction de (non mentionné)
Illustration de Anne-Fred MAURER

LIBRIO (Paris, France), coll. SF-Fantastique précédent dans la collection n° 355 suivant dans la collection
Dépôt légal : avril 2000
Première édition
Recueil de nouvelles, 128 pages, catégorie / prix : 10 FF
ISBN : 2-290-30495-6

Les traducteurs ne sont pas cités dans l'ouvrage, mais comme il est fort peu probable que les nouvelles aient été retraduites pour Librio, on crédite ici les traducteurs de la précédente parution des différentes nouvelles.


Quatrième de couverture
Richard Matheson
Né en 1906 aux États-Unis,
Richard Matheson est un maître
moderne de la littérature fantastique.
Auteur de romans — Je suis une
légende ou L'homme qui rétrécit -
et de nouvelles, dont voici une sélection,
il est également scénariste, pour
la mythique série télévisée
La quatrième dimension, et pour
Steven Spielberg avec Duel.

A portée de main, au coin de la rue,
dans la pièce d'à côté, un monde
étrange, effrayant et absolument
incontrôlable côtoie le nôtre.
Tout semble normal.
Terriblement normal.
Mais c'est faux ! Le quotidien remue,
frémit, craque. Et quand il explose...
Les maisons ne sont pas hantées,
elles ont une vie propre.
Nos rêves ne nous appartiennent pas.
Pas plus que nos pensées.
Les objets les plus familiers, comme
nos vêtements, guettent, dans une
innocence qui n'est qu'apparente,
notre première faiblesse.
Toute réalité dissimule, trompe,
attend son heure.
Monstrueuse supercherie !

Nulle fuite. Nul espoir sinon celui de
survivre à l'horreur la plus absolue.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Quand le veilleur s'endort (When the Waker Sleeps / The Waker Dreams, 1950), pages 5 à 19, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
2 - L'Habit fait l'homme (Clothes Make the Man, 1951), pages 21 à 25, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
3 - La Chose (The Thing, 1951), pages 27 à 38, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON & Daniel RICHE
4 - Avis à la population (Letter to the editor / Advance notice, 1952), pages 39 à 46, nouvelle, trad. Hélène COLLON
5 - Mamour, quand tu es près de moi (Lover When You're Near Me, 1952), pages 47 à 71, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON & Michel DEUTSCH
6 - La Maison enragée (Mad House, 1953), pages 73 à 104, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON & Alain DORÉMIEUX
7 - Une résidence de haut vol (Shipshape Home, 1952), pages 105 à 125, nouvelle, trad. Jacques CHAMBON
Critiques
     Des nouvelles de la période faste du maître.
     Ce recueil de nouvelles est d'autant plus précieux que Matheson ne fut strictement romancier que pendant les années cinquante, quand il écrivit ses chefs-d'œuvre, la nouvelle Journal d'un monstre, et les deux grands classiques que furent L'homme qui rétrécit et Je suis une légende. À quoi il faut ajouter quelques dizaines de nouvelles dont ce recueil nous présente un échantillon. Par la suite, Matheson s'est orienté vers le cinéma (scénario du Duel de Spielberg) et la télévision (La quatrième dimension). Ses créations littéraires, devenues fonctionnelles, ont présenté un intérêt moindre.
     Les véritables registres de Matheson sont la terreur et l'angoisse. Il aime les imaginations qui se nourrissent de fantasmes. Il suscite le malaise et sait faire naître l'inquiétude, introduisant dans le fantastique « un frisson nouveau », comme l'a signalé Alain Dorémieux. Il sait habilement mêler plusieurs genres, insolite, fantastique, science-fiction, et introduire l'élément perturbateur dans une situation réaliste. Auteur original, il a réalisé la transition entre Lovecraft et les auteurs de la génération suivante, comme King, Koontz ou Straub.
     Ce recueil comprend six nouvelles écrites durant sa période faste. La plupart sont teintées de science-fiction. Deux d'entre elles font le procès des mondes de demain. Quand le veilleur s'endort est une préfiguration de nos jeux de rôle. Dans un futur proche, les machines font tout le travail et les humains s'avachissent psychiquement. Pour qu'ils entretiennent les machines et maintiennent un minimum de combativité, il est nécessaire de leur injecter une drogue qui suscita en eux des rêves de puissance, et le désir de procréer, qui a disparu. Nouvelle effrayante d'aliénation, dans un monde d'illusions où le confort dû aux machines est payé au prix de la liberté.
     Sur la même trame d'une société de demain, organisée, confortable, où tout va si bien qu'il n'y a plus de problème, où les hommes sont élevés dans le respect des principes scientifiques, La chose veut démontrer que ce n'est pas le conformisme béat d'une société parfaite qui satisfait l'esprit humain. Car dans ce monde infaillible, des traces de la liberté humaine subsistent et le rituel des jeunes générations consiste à aller voir, en famille, clandestinement, la machine subversive qui ne fonctionne pas dans le respect des lois établies par la science officielle et la politique.
     Deux autres nouvelles ont un lien avec la science-fiction, mais le fantastique y tient une place prépondérante. Dans Mamour, les chefs de poste de planètes colonisées peinent à tenir six mois en présence de l'amour visqueux et déstabilisant d'une créature femelle horrible, aux procédés insidieux. Dans Avis à la population, un auteur écrit péniblement de la science-fiction et se révèle être, dans des bribes de textes inachevés, un voyant à la Nostradamus.
     Le thème de la maison dérangeante est illustré deux fois, dans un registre tout à fait différent. Une résidence de haut vol, avec confort assuré, mais, plus surprenant, loyer modique, cache un danger qui ne se perçoit que lentement, avec un piège qui se referme sans issue. Dans La maison enragée, la nouvelle qui donne son titre au recueil, un écrivain raté, aux ambitions perdues, empoisonne l'atmosphère familiale de sa mauvaise humeur et de ses colères, jusqu'à ce que la maison se venge, à sa façon.
     La plus insidieuse de ces nouvelles est la singulière L'habit fait l'homme. Un maniaque semble ne penser qu'avec son chapeau et ne vivre que pour son costume, jusqu'au moment où celui-ci se met à mener une vie indépendante, allant faire son travail au bureau et sortant sa femme. La fin de cette nouvelle est la plus énigmatique de toutes, mais il faut remarquer que dans toutes, la chute est amenée avec un art consommé.
     Dans ces nouvelles, Matheson est surtout intéressé par la situation d'une personnalité qui perd sa liberté et ses possibilités d'action dans un univers de plus en plus contrôlé par les machines ou par des forces mystérieuses. Le personnage principal est souvent un isolé qui court un grave danger et ne voit pas trop comment l'éviter. Ce qui permet à Matheson de faire un travail d'analyse des transformations d'un caractère particulier face à l'inexorable évolution d'un monde qui se dérobe. Il faut noter que Richard Matheson joue sur les registres de l'appréhension et de l'angoisse psychologique, mais qu'il n'utilise pas le sanguinolent ou le grand spectacle, dont se délecteront ses successeurs comme Stephen King ou Graham Masterton.
     Richard Matheson est très fier d'avoir fait des enfants qui sont des créateurs. Il a parfois travaillé avec son fils Richard Christian, auteur et scénariste, et on peut lire dans le dernier Ténèbres un long et passionnant entretien croisé entre le père et le fils. Ne vous privez donc pas de ce recueil, qui vous donnera des moments de lecture prenante pour un prix dérisoire.

Roland ERNOULD
Première parution : 1/9/2000 dans Phenix 55
Mise en ligne le : 1/2/2004

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