Sivesh, l'enfant mortel, a bien de la chance : le Maître des Ténèbres en personne l'aime comme un fils et lui donne tout ce qu'un simple humain peut souhaiter. Pour le satisfaire, il a fait pousser la belle Ferajin, Fille-de-Fleur. Mais Sivesh grandit, il veut connaître la Terre des hommes et vivre sa propre vie. Le Maître des Ténèbres accepte ; il n'oubliera pas de se venger. Comme tous les démons, il aime torturer les hommes par des enchantements et des cauchemars ; pour lui, c'est un jeu. Bientôt il ne reste plus à Ferajin que ses yeux pour pleurer. De là naît le collier des sept larmes, qu'on ne peut voir sans le désirer et qu'on ne peut désirer sans tuer celui qui le détient. Alors la malédiction se répand de proche en proche, dansant sur toute la Terre une sarabande endiablée. Pour les hommes, la vie n'est plus qu'un long supplice ; en eux grandit la Haine – pas l'art de la haine que les démons cultivent pour s'amuser, mais la Haine insatiable qui dévore tout et peut détruire le monde. Le Maître des Ténèbres a-t-il voulu cela ? Comprendra-t-il qu'il ne peut pas se passer des hommes ?

Tanith Lee, née en 1947, est l'une des plus merveilleuses romancières anglaises contemporaines. Le Dit de la Terre plate est une série de brillantes variations sur les Mille et une nuits, où elle déploie des trésors d'imagination, de finesse, de sensibilité, d'humour – et surtout un extraordinaire talent de conteuse.

     Ajrarn est le seigneur des ténèbres et le prince des démons. Il règne sur les Terres Inférieures où vit une population de créatures belles ou laides à mourir, toutes méchantes à vomir. Son principal jeu est de visiter la Terre Supérieure où I'homme se débat dans une existence pleine de contradictions et d'y torturer les humains de mille façons. Il ne montre aucune clémence, mais se laisse parfois séduire par l'ingéniosité, la beauté ou la cruauté humaines.

     Ses pouvoirs sont immenses. Il possède l'éternité pour faire le mal, inventer des tortures, appliquer ses vengeances, prodiguer ses dons à double tranchant

     Ce livre rassemble une succession d'histoires merveilleuses courtes et percutantes. On l'aura deviné, il s'agit de contes. Mais pas des contes de fées non, des contes de démons. La nuance est subtile. L'imagination de Tanith Lee elle, est magique, brillante, ensorcelante.

     Avec un rare talent de conteuse, l'auteur nous plonge dans un monde à la fois glauque et étincelant où la frontière entre le bien et le mal n'est pas toujours évidente à dicerner. L'amour s'y révèle souvent mortel. Tout l'empêche. II nait partout mais rares sont les moments où la liberté de s'épanouir lui est octroyée.

     Les démons, avec leurs sales pattes, possèdent l'art de tout pervertir. Et quand ils ne peuvent abimer, ils détruisent. Parfois, oui, parfois, l'amour se montre le plus fort. Parfois, l'homme se débarrasse du joug démoniaque. Cela arrive trop peu souvent car la pureté, en Terre Inférieure comme en Terre Supérieure, est un oiseau rare plus précieux que les plus resplendissants joyeux.

     Une chose demeure certaine : malgré sa puissance et l'ampleur démesurée de ses pouvoirs, le seigneur des Ténèbres ne peut se passer des hommes. Sans eux, il serait seul et ne saurait comment passer agréablement le temps. Sans l'homme, le prince des démons ne serait plus que l'ombre de son ombre.