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La Planète sur la table

Kim Stanley ROBINSON

Titre original : The planet on the table, 1986
Première parution : New York, USA : Tor, juillet 1986   ISFDB
Traduction de Michel DEMUTH
Illustration de Michelangelo MIANI

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (1985 - 1993, 2ème série - dos violet) précédent dans la collection n° 2389 suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 1988, Achevé d'imprimer : 27 mai 1988
Première édition
Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : 4
ISBN : 2-277-22389-1
Format : 11,0 x 16,5 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
Kim Stanley Robinson
Né dans l'Illinois en 1952, il a conquis de nombreux diplômes littéraires à l'université de San Diego (Californie). Dès son premier roman, Le rivage oublié, publié chez J'ai lu, il a suscité l'enthousiasme de la critique et du public.
 
     C'est une bien étrange planète que celle de Kim Stanley Robinson...
     Une planète
     ... où le cauchemar des Vénitiens est devenu réalité, contraignant l'un des derniers habitants de la cité à pêcher au fond des eaux les trésors qui iront orner les maisons japonaises...
     ... où les acteurs découvrent leur rôle en même temps que les spectateurs, parfois au risque de leur vie, comme dans cette pièce élisabéthaine retrouvée...
     ... où le pilote américain qui survole Hiroshima un matin de juillet 1945 ne peut se résoudre à appuyer sur le bouton, modifiant ainsi le cours de l'histoire.
     Une planète qui n'est pas forcément la nôtre...
Sommaire
Cacher les différentes éditions des textes
1 - Venise engloutie (Venice Drowned, 1981), pages 5 à 35, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
3 autres éditions de ce texte dans nooSFere :
- in Univers 1986 (J'AI LU, 1986)
- in 1982-2000, le renouveau (LIBRIO, 2000)
- in Bifrost n° 106 (BÉLIAL', 2022)

2 - Mercuriale (Mercurial, 1985), pages 37 à 84, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Inédit.

3 - Sur la ligne de crête (Ridge Running, 1984), pages 85 à 108, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
1 autre édition de ce texte dans nooSFere :
- in Fiction n° 376 (OPTA, 1986) sous le titre Randonnée sur les crêtes

4 - Le Déguisement (The Disguise, 1977), pages 109 à 158, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Inédit.

5 - Le Lucky Strike (The Lucky Strike, 1984), pages 159 à 216, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Inédit.

6 - Retour à Dixieland (Coming Back to Dixieland, 1976), pages 217 à 254, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Inédit.

7 - Les Oeufs de pierre (Stone Eggs, 1983), pages 255 à 268, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Inédit.

8 - L'Air noir (Black Air, 1983), pages 269 à 310, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Inédit.

Critiques

    La Planète sur la table et Le Géomètre aveugle réunissent chacun huit nouvelles. Le premier présente des textes écrits entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980. Dans le second, on trouve des nouvelles datant de 1986 à 1989. Ces deux recueils embrassent donc la quinzaine d’années au terme de laquelle Kim Stanley Robinson, d’abord débutant, parvint à s’imposer. Ce duo de recueils offre ainsi un aperçu de ce qu’il est convenu d’appeler la fabrique d’un écrivain. Chacune de ces nouvelles peut en effet être envisagée comme une étape dans la genèse, parfois non dénuée de maladresse, d’un paysage fictionnel singulier, marqué par autant de spécificités thématiques que formelles.

    Sans surprise, c’est dans La Planète sur la table que se trouvent les textes les moins maîtrisés. Seuls deux d’entre eux convainquent :« Le Lucky Strike » et « L’Air noir », datant de 1983. Entrelaçant la fiction historique à une branche de l’Imaginaire, ils proposent une séduisante relecture d’événements authentiquement advenus. Allant jusqu’à l’uchronie, « Le Lucky Strike » envisage un autre déroulement du projet de bombardement atomique du Japon par les États-Unis en août 1945. Remontant plus loin dans le passé, celui du XVIesiècle et de l’Invincible Armada, « L’Air noir » nimbe d’une troublante lumière gothique l’échec de la flotte espagnole. Témoignant d’une érudition aussi dense que celle déployée par « Le Lucky Strike »« L’Air noir » parvient tout comme lui à combiner avec bonheur ce conséquent matériau documentaire à une narration d’une efficace fluidité et à une caractérisation humaniste des personnages. Faisant eux aussi appel à un important travail de recherches, les autres textes peinent à transformer en or fictionnel des récits croisant là encore divers genres littéraires. Ainsi en va-t-il de la dystopique « Venise engloutie » (1980) plongeant le patrimoine artistique de la Sérénissime sous les eaux, ou bien encore du « Déguisement » (1976) relisant façon hard science le théâtre élisabéthain. De même que pour ces relectures extraterrestres de chronique sociale afro-américaine et de detective story que sont respectivement « Retour à Dixieland » (1975) et « Mercuriale » (1983). Elles sont aussi bancales que « Sur la ligne de crête » (1975 à 1983), mêlant poussivement manuel de trekking et spéculation scientifique, et que « Les Œufs de pierre » (1979), une synthèse trop elliptique de road novel et de SF robotique. Et l’on réservera la lecture intégrale de La Planète sur la table aux « robinsoniens » désireux de retracer au plus près la généalogie de l’œuvre de leur auteur favori…

    Quant au Géomètre aveugle, on en recommandera en revanche la lecture à un plus large lectorat. Si Robinson y use des mêmes éléments que dans La Planète sur la table, il en tire cette fois-ci un bien meilleur profit, ayant atteint durant la seconde moitié des années 1980 une maturité littéraire. Mis à part le dystopique et (trop) court « Notre cité » (1986), confirmant que l’auteur a besoin d’espace pour développer ses univers, les sept autres textes sont autant de réussites. La novella donnant son titre au recueil, en date de 1986, s’impose comme une belle rencontre entre thriller d’espionnage conspirationniste et une hard SF pour laquelle l’auteur confirme son inclination. Son héros, un homme parvenant à conjurer sa cécité grâce à son génie mathématique, incarne une nouvelle fois une figure décidemment chère à Robinson, celle du voyant déjà présente dans les textes les plus réussis de La Planète sur la table. D’essence futuriste et technologique comme dans « Le Géomètre aveugle », pareil don peut être, à l’image d’« Intersection » (1986), le résultat d’un mystérieux incident spatio-temporel permettant à un WASP et à un Noir sud-africain de voir au-delà de leurs réalités respectives… C’est un texte témoignant par ailleurs d’une sensibilité antiraciste certaine chez son auteur, que confirment encore ses empathiques portraits de dealer afro-américain du futur dans « Crève-la-faim en l’an 2000 » (1986) et de sorcier navajo dans « Au retour de Rainbow Bridge » (1987). À la fois ethnologique et magique, cette nouvelle s’inscrit dans une même veine que « La Meilleure part de nous-mêmes » (1991), mettant mystérieusement en écho chrétiens des origines et ceux d’une communauté californienne contemporaine. Quant aux deux récits sélénites que sont « Les Lunatiques » (1988) et « Leçon d’histoire » (1988), ils illustrent définitivement la capacité de Robinson à bâtir une SF aussi rigoureuse que généreuse lorsqu’il est en pleine possession de son art.

Pierre CHARREL
Première parution : 1/4/2022 dans Bifrost 106
Mise en ligne le : 18/3/2025


     Alors que le public français a découvert Kim Stanley Robinson au travers de ses romans (Les Menhirs de Glace, Le Rivage Perdu), ce volume vient à point pour nous rappeler qu'il a longtemps fait carrière de nouveliste dans les anthologies américaines Orbit et Universe, et aussi dans l'édition américaine de notre revue.
     Le recueil présente une grande diversité d'époque de composition, de thème, de cadre, et de niveau : Robinson a atteint une maturité remarquable dont Retour à Dixieland ou Le déguisement, les nouvelles les plus anciennes, ne sont pas encore représentatives. Il leur manque à mon goût la complexité de Mercuriale ou l'originalité de Le « Lucky Strike ».
     Un thème pourtant se dégage de la diversité : celui de la falsification. A mi-chemin de l'obsession de l'authenticité chère à Philip K. Dick et des manipulations de la mémoire de Gene Wolfe, elle joue un rôle sous une forme ou sous une autre dans les trois quarts des textes du livre. « All these bizarre distortions from the real... », faisait dire l'auteur à la statue de James Joyce dans sa très amusante introduction, hélas absente de l'édition française. Il peut donc s'agir de déguisement à l'intérieur d'un déguisement comme dans le texte du même nom, où le problème est qu'un acteur tragique joue trop bien son rôle ; de réécriture de l'histoire comme dans L'air noir (un peu) ou Le « Lucky Strike » (beaucoup, puisque Hiroshima n'y aura pas lieu) ; ou enfin de recréation plus ou moins honnête d'une forme d'art qui appartient au passé, comme dans Retour à Dixieland ou Mercuriale.
     Mais le passé peut-il être propriétaire d'une forme d'art ? Robinson a déclaré ailleurs son intérêt pour le contexte historique, et puise comme nous tous dans notre héritage culturel pour établir ses canons esthétiques. Comme le plongeur de Venise engloutie retrouve les images du passé qui feront vivre son présent ; et le pire qui puisse arriver à quelqu'un est de perdre la mémoire, même s'il est heureux dans l'instant (Sur la ligne de crête).
     Les influences esthétiques les plus variées se sont exercées sur les textes de ce livre (les fans des Doors penseront à Horse Latitudes en lisant L'air noir, et tous doivent reconnaître l'ombre de Sherlock Holmes dans la lumière insoutenable qui baigne Mercuriale). L'ensemble est une mine de plaisirs raffinés.

Pascal J. THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/11/1988 dans Fiction 402
Mise en ligne le : 6/4/2003

Prix obtenus par des textes au sommaire
L'Air noir : Science Fiction Chronicle novelette, 1984
World Fantasy novella / Court roman, 1984

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