DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 569 Dépôt légal : juin 1996, Achevé d'imprimer : mai 1996 Roman, 224 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : 2-207-50577-4 Format : 10,8 x 17,8 cm Genre : Science-Fiction
Se trouver en perdition dans l'espace, c'est déjà assez inquiétant. Atteindre un monde proche et sombrer dans un océan sans fond, c'est plus grave. Se perdre enfin dans un dédale incompréhensible et vivant, c'est franchement catastrophique.
Massir aura-t-il assez d'ingéniosité et de volonté pour s'en tirer ? Ou bien ses os pourriront-ils dans « le temple du passé » ?
Le mythe de Jonas revisité par un des grands visionnaires de la S.-F. française. Un roman publié pour la première fois en 1957 et qui, comme les grands crus, n'a cessé de se bonifier au fil des ans.
L'auteur
Stefan Wul, né en 1922, est plus qu'un pionnier de la science-fiction française. Il en est l'étoile, ou plutôt le météore, puisque à l'exception de Noô, paru en 1977, les douze romans qui composent l'essentiel de son œuvre ont été publiés entre 1956 et 1959.
Constamment réédités depuis, popularisés par les adaptations cinématographiques de René Laloux dans le cas d'Oms en série et de L'Orphelin de Perdide (devenus La Planète sauvage et Les Maîtres du temps), ils sont devenus des classiques du genre.
Critiques
Une fusée en perdition. Trois survivants. Bloqués dans un monstre sous-marin énorme. Sur un monde étrange. Non, ce n'est pas Moby Dick. D'ailleurs, les similitudes s'arrêtent au monstre marin géant. Ceci dit, pour un Stefan Wul, on est un peu déçu. Tout d'abord, ce roman est vraiment très court ; ensuite, il démarre comme un FNA classique des années 50-60, d'une banalité affligeante. La lecture est un peu pesante et par moments, on est tenté d'abandonné. Surtout lorsque l'on se retrouve confronté à des invraisemblances, du style transformer l'animal marin en question (un être, rappelons-le, au métabolisme totalement différent de toutes les races connues sur Terre) en un batracien en un temps record d'à peine quelques semaines, ou quelques mois à tout casser. Heureusement, l'histoire prend une nouvelle tournure vers les deux tiers du bouquin. Et là, on reconnaît la griffe inimitable de l'auteur. Le récit devient prenant, fascinant et très original - avec quelques surprises étonnantes à la clé. Dommage que ce passage ne représente qu'une cinquantaine de pages... Toutefois, il mérite à lui seul que le lecteur courageux se donne la peine de lire ce roman... pour les autres, moins aventureux, on pourra préférer du même auteur des ouvrages plus homogènes, tels Niourk, Oms en série ou L'orphelin de Perdide.
Voici la seconde réédition de cet ouvrage paru en 1957 au Fleuve Noir et que Laffont a réédité en 1970. Entre-temps il a été traduit en anglais, où l'on a mal saisi la différence d'avec la production courante de l'époque où il a été édité. Pourtant, c'est à tort — au moins pour les lecteurs français qui avaient alors peu de « fabuleux » à se mettre sous la langue. Et le texte de Wul malgré quelques facilités reste un excellent exemple de SF naïve mais non simpliste. Le lecteur peut se projeter, s'identifier sans risque. Livre pour adolescents alors ? Bien malin qui sait ce que cela signifie, aujourd'hui, un adolescent !
D'emblée, on évite le discours, l'action est prenante, la découverte du monde des naufragés exotique, mystérieuse ; les solutions qu'ils inventent pour survivre audacieuses. Le point de vue de la seconde expédition est vraisemblable et l'émotion a droit de cité, même si la chute est à la limite du prévisible. Rien de neuf ? Relisez les Vargo Statten de l'époque. Wul est un géant, un Atlante à côté ! Et pour le lecteur de 1980 ? Sevré de récits de ce type (difficiles à imiter sans sombrer dans le débile) il ne boudera pas le plaisir un peu facile mais si agréable que cette réédition lui permet. Rétro ? En tout cas Wul demeure.