Basilica est une ville dirigée par les femmes, dans laquelle culture et tradition sont les maîtres mots. Les hommes ne peuvent y résider que sur l'invitation expresse de leurs compagnes. C'est pourtant l'un deux, Volemak, qui reçoit de Surâme, l'ordinateur-dieu veillant au bien-être du monde, une vision d'apocalypse : Basilica, et, au-delà toute la planète Harmonie, sont sur le point de disparaître dans un déluge de feu. Mais à cause de quoi ? Ou de qui ?
Alors que les tensions politiques grandissent entre les différentes factions de Basilica, Nafai, le benjamin de Volemak, s'efforce d'aider son père dans la quête de la vérité. Mais il semblerait que Surâme ait d'autres ambitions pour l'adolescent...
Orson Scott Cardest né en 1951. D'aucuns considèrent Le cycle d'Ender comme le chef-d'œuvre de cet auteur contemporain majeur, à qui l'on doit aussi les remarquables Chroniques d'Alvin le Faiseur. De confession mormone, Card n'a de cesse de mettre en scène des quêtes initiatiques, où l'accomplissement de l'homme s'opère par le biais d'une souffrance toujours nécessaire.
Critiques
Initialement paru chez l'Atalante, le cycle Terre des origines met en scène Nafai, un héros qui n'est pas sans rappeler Ender ou Alvin : un adolescent qui se cherche et dont le destin est de changer la face du monde. Ce premier volet se déroule sur Harmonie, une planète colonisée en des temps lointains par les hommes fuyant la Terre, devenue apocalyptique et invivable. Ils ont fondé de nouvelles règles pour que cette situation ne se reproduise pas. Ainsi la société est-elle fondée sur les bases du matriarcat, et les innovations technologiques sont-elles strictement limitées pour ne pas servir à des fins belliqueuses. Un puissant ordinateur, nommé Surâme, contrôle dans ce but les connaissances voire les pensées du peuple. Avec le temps, Surâme est devenu un dieu. Le jeune Nafai est tiraillé entre le monde des femmes, celui de l'enfance, et le monde des hommes, celui de l'âge adulte. Il commence à entrevoir la véritable nature de Surâme et parvient avec l'un de ses frères à trouver des failles dans le système, ce qui leur permet d'en apprendre plus sur l'ancienne Terre. Au même moment, coïncidence étrange s'il en est, leur père, Volemak, reçoit la vision de la ville de Basilica détruite par les flammes. Ces prophéties, envoyées par Surâme, sont-elles le signal d'une catastrophe imminente ?
Au travers de cette quête des origines transparaissent les thèmes de prédilection d'Orson Scott Card. La famille, par exemple, avec les relations complexes entre frères, revient comme un leitmotiv. La foi tient également une place importante, avec le fantasme d'un Dieu réel, dont l'existence est prouvée et qui apporte des réponses à ses fidèles. Le personnage principal, enfin, qui enrichit le livre de réflexions sur la quête de soi. Sans être du grand Card, Basilica est néanmoins du bon Card : ses talents de conteur sont certains, et l'histoire, quoique sans surprise est bien menée ; les personnages sont prévisibles mais attachants. L'évocation d'une société matriarcale et très à l'écoute de signes du divin est originale et réussie. Surtout, cette première partie sert vraiment d'introduction, on a hâte de retourner sur cette « Terre des origines » pour voir ce qu'entre-temps elle est devenue.