Le troisième Prince-Démon, Viole Falushe, dont Kirth Gersen s'est juré de tirer vengeance, après qu'il en eut déjà tué deux, n'est pas le moins pervers. Ses débauches et ses crimes sont devenus légendaires. Et il excelle à changer d'aspect.
Mais Kirth Gersen le traque, de la Cité des esclaves à la Planète des Maîtres du poison, jusqu'à le démasquer pour un duel à mort.
Pour la richesse des décors, les rebondissements des intrigues, Le Palais de l'amour est l'un des sommets de La Geste des princes-démons.
Après Le Prince des étoiles et La Machine à tuer, Le Palais de l'amour est le troisième volume du plus célèbre cycle de Jack Vance, La Geste des princes-démons, qui en compte cinq.
Le Visage du démon et Le Livre des rêves paraîtront prochainement dans la même collection.
Critiques
Ne vous y trompez pas : malgré un titre à la Harlequin qui fleure bon la love story exotique, ce volume marque bel et bien la troisième des cinq étapes de la vendetta spatiale de l'aventurier Kirth Gersen, où la romance ne jouera, au mieux, que les utilités. Après avoir éliminé dans les deux précédents volumes Attel Malagate et Kokor Hekkus, notre intrépide héros s'attaque à présent à Viole Falushe, sybarite pervers et cruel, qui passe pour le plus sensuel de ses cinq ennemis jurés : les sinistres Princes-Démons.
Comme dans les deux premiers tomes, Gersen doit se contenter d'une piste minuscule pour entamer ses investigations. Son but reste inchangé dans ses grandes lignes : retrouver la trace d'un criminel aussi abject qu'avare de publicité, qui dissimule ses exactions derrière de multiples identités. Seul semblant de certitude : Viole Falushe serait le maître d'un domaine appelé le Palais de l'Amour, où règnerait une débauche absolue. Kirth espère débusquer sa proie en enquêtant sur son passé supposé, et en recherchant ceux qu'il a côtoyés dans sa jeunesse. À l'exemple de Navarth, un poète oublié et pour le moins bourru qui pourrait bien l'amener directement au Prince-Démon...
À la lumière de ce que Kirth Gersen nous a démontré par le passé, le chroniqueur n'aura pas l'impression de trahir son lecteur en lui apprenant que ce n'est pas encore dans ce nouvel épisode que notre héros sera confronté à une difficulté insurmontable. En plus d'être toujours aussi robuste, habile et spirituel, Gersen est devenu immensément riche au moyen d'astucieuses combines (cf. La machine à tuer). Il se contentera donc désormais de graisser les pattes utiles à son dessein, là où il aurait dû auparavant les contraindre par la force ou la ruse. Ainsi, lorsqu'il décide de se faire passer pour un journaliste, il lui paraît nettement plus simple de se rendre propriétaire du magazine entier par l'intermédiaire d'un homme de paille, afin d'obtenir tout à la fois carte de presse et ordre de mission en bonne et due forme. Cette escalade vers l'omnipotence est néanmoins tempérée par l'accentuation sensible de la face la plus sombre du héros : sa soif de vengeance, qui éclipse dans son esprit tout autre sentiment, toute autre pensée. À la fin du deuxième épisode, nous avions quitté Gersen alors qu'il semblait avoir trouvé une compagne. Elle ne sera pas longue à lui fausser compagnie dans ce troisième tome, découragée et horrifiée par sa monomanie vindicative.
Glissons à nouveau un mot sur la grande variété des univers dépeints par Jack Vance -qui plante même son décor, l'espace de quelques chapitres, sur notre bonne vieille Terre -, qui est probablement la vertu principale de la Geste des Princes-Démons. Quelques trouvailles feront à coup sûr sourire le lecteur (citons au moins les surprenants « bordels civiques », sur la planète de Viole Falushe)... Pourtant, même si l'imagination reste au rendez-vous, on a parfois l'impression confuse que Jack Vance applique une manière de recette, et qu'à la place de cinq Princes-Démons (et de cinq volumes), il aurait tout aussi bien pu y en avoir six, huit ou même quinze sans que sa grille d'écriture s'en trouve altérée.
Quoi qu'il en soit, alors que nous voici parvenus aux trois cinquièmes de la saga, l'histoire reste plaisante, et toujours aussi efficace dans son genre. Ceux des lecteurs qui sont parvenus jusqu'ici savent déjà que la Geste des Princes-Démons ne se caractérise pas par ses prétentions littéraires, mais plutôt par son action menée tambour battant (et son suspense « steemanien » dans la dernière ligne droite de l'intrigue). Gageons que les amateurs d'aventures galactiques auront à cœur d'accompagner Kirth Gersen au bout de sa liste noire.