Kirth Gersen a juré de tuer les cinq monstres, des princes-démons, qui ont jadis massacré ses parents et réduit sa famille en esclavage. Cette quête de la vengeance va l'amener à parcourir toute la Galaxie et à découvrir des mondes aussi insolites que dangereux.
Lens Larque, son nouvel adversaire, est sans doute le plus brutal et le plus cruel. Son nom évoque pour tous un univers de supplices et de terreurs.
L'approcher, c'est dîner avec le diable.
Après Le Prince des étoiles, La Machine à tuer et Le Palais de l'amour, Le Visage du démon est le quatrième volume du célèbre cycle de Jack Vance, La Geste des princes-démons, qui en compte cinq.
Le Livre des rêves qui conclut ce cycle paraîtra prochainement dans la même collection.
Critiques
Et de quatre ! Dans ce nouvel et pénultième épisode de la Geste desprinces-démons, Kirth Gersen se lance aux trousses de Lens Larque, l'un des cinq abjects pirates de l'espace qui présidèrent au sac et au massacre de son village natal. Mais à l'instar de ses anciens complices, le prince-démon n'est pas facile à localiser, surtout lorsque la Galaxie entière lui tient lieu de maquis. Notre héros doit donc forcer Lens Larque à sortir du bois de sa propre initiative. Heureusement, ce combinard de Kirth Gersen est devenu prodigieusement riche dans les volumes précédents, ce qui n'est pas sans lui faciliter les choses. Et pour que Larque montre son (vilain) nez, rien de tel que de menacer ses intérêts au moyen d'un habile montage juridico-financier. C'est du moins ce que Gersen s'imagine...
Un peu plus long que les trois volumes précédents, Le visage du démon possède la vertu de rester dans la droite lignée du début de la saga, tout en gagnant en profondeur et en originalité. Car si les trois premiers cinquièmes du cycle n'avaient posé au héros que des problèmes mineurs, cette quatrième étape le montre enfin réellement tenu en échec par ses ennemis. Gersen, qui nous était dépeint sous les traits d'un infaillible et flamboyant héros au début du cycle, gagne lui aussi en complexité (ce qui était déjà perceptible dans le troisième épisode, Le palais de l'amour). Prisonnier d'une œuvre de vengeance à laquelle il a consacré sa vie, il doit impitoyablement tuer dans l'œuf ses aspirations à mener une existence normale (en couple, notamment). Et c'est paradoxalement avec une certaine appréhension que Gersen voit se profiler la fin de sa quête : une fois qu'il aura exterminé les cinq princes-démons, sa vie aura-t-elle encore un sens ?
Cette manière de rupture dans la continuité de la Geste s'explique peut-être par la césure d'écriture entre les volumes 3 et 4 : douze années séparent leur parution, pendant lesquelles la vision d'ensemble, le style et la technique narrative de Jack Vance ont manifestement évolué. Mais si l'attente a pu frustrer ceux qui lisaient les textes lors de leur première publication, ce renouvellement semble aujourd'hui salutaire à des lecteurs qui, comme moi, se seraient vite lassés de l'aspect formaté des trois premiers tomes.
En résumé, voilà une saga d'aventures qui se poursuit fort agréablement, car grâce à l'habileté et à l'imagination de l'auteur elle possède toutes les qualités divertissantes du bon roman populaire. Si j'étais Howard Alan Treesong, le dernier des cinq, je commencerais très sérieusement à numéroter mes abattis !