Né le 26 avril 1912 au sud de Winnipeg (Canada), Alfred Elton Van Vogt, fut à sa naissance, avec plus de 14 livres, l'un des plus gros bébés du monde. Parvenu au sommet de sa gloire, il demeure assurément — avec plus de 30 romans ou recueils de nouvelles — l'un des auteurs de science-fiction les plus imposants. Dès 1947, un sondage révèle qu'il est, aux Etats-Unis, l'écrivain le plus populaire dans sa spécialité, et il ne tarde pas à devenir, en France, l'auteur de fiction le plus abondamment traduit et le plus lu. Tous ceux qui s'intéressent au « phénomène Van Vogt » — à l'homme, à ses livres, à ses exploits, à son public — trouveront ici, dans les nouvelles souvent inédites, rassemblées par Patrice Duvic, l'explication cohérente et convaincante qu'ils attendaient.
Ce n'est pas fréquent dans la science-fiction — ni ailleurs — un auteur qui dépasse tous ses personnages de la tête et des épaules. C'est le cas de van Vogt. Ce qui n'empêche pas l'œuvre entière de le dépasser à son tour merveilleusement.
Ainsi, il n'est pas étonnant que le texte le plus passionnant de ce recueil soit l'excellente préface de Patrice Duvic, avec ce titre un peu moqueur : Self-made Superman. Un léger reproche : on aimerait en savoir davantage sur les rapports de van Vogt avec Ron Hubbard, le créateur de la Scientologie.
Les nouvelles m'ont paru assez bonnes ; mais aucune ne justifie la réputation de l'auteur. Comme celles qui ont été publiées en France ont connu une très large diffusion, l'anthologiste a voulu réunir ici un maximum d'œuvres inédites et récentes (plus des trois quarts). Mais celles-ci ne sont peut-être pas totalement représentatives de l'œuvre d'un géant de la science-fiction, qui d'ailleurs déploie mieux son talent dans le roman. Quoi qu'il en soit, ces histoires ne sont jamais ennuyeuses.
La meilleure est sans doute la dernière : Jane et les androïdes (un texte quasi dickien !). Le premier Rull, rattaché à un titre fameux, est un peu décevante. Le détective non-A est assez excitante pour qui s'intéresse à la logique de Korzybski...
Au total, un « Livre d'Or » qui, sans se classer parmi les meilleurs de la série, ne la dépare nullement.