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Maître de l'espace et du temps

Rudy RUCKER

Traduction de Jean BONNEFOY & Jean-Pierre PUGI
Illustration de Benjamin CARRÉ

DENOËL (Paris, France), coll. Lunes d'Encre
Dépôt légal : novembre 2005, Achevé d'imprimer : octobre 2005
Première édition
Recueil de romans, 752 pages, catégorie / prix : 29 €
ISBN : 2-207-25663-4
Format : 14,5 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction

Couverture à rabats. Les nouvelles sont ici regroupées sous forme d'un recueil titré "À l'assaut du cosmos". Pour ce recueil, l'auteur a rédigé une postface ainsi que, pour chaque nouvelle, une page ou plus précisant circonstances, date et lieu de parution, anecdotes...



Quatrième de couverture
     Imaginez que vous rencontriez le Maître de l'espace et du temps ? Incroyable... surtout quand ledit Maître n'est autre que votre vieux pote Harry, un inventeur un peu tordu dont le « blonzeur » (c'est le nom de l'invention) lui permet de modifier la réalité à sa guise en modifiant la physique même de notre univers. Une fois blonzé, on peut voir se réaliser tous ses vœux : devenir beau et riche, voler. On peut aussi supprimer la faim dans le monde (à coups d'arbre à côtelettes et de pommier à beignets). Mais comme dans tout conte, il y a une morale, et à force de trop jouer avec la constante de Planck et les gluons on risque bien de se retrouver dans la m...
 
     Rudy Rucker est le fils spirituel de Fredric Brown ; sa science-fiction hilarante, mitonnée à base de savants frappadingues et de mathématiques hallucinées, a fait de lui l'une des stars de la SF américaine. Maître de l'espace et du temps sera porté à l'écran en 2006 par Michel Gondry.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Maître de l'espace et du temps (Master of Space and Time, 1984), pages 7 à 218, roman, trad. Jean BONNEFOY
2 - Le Secret de la vie (The Secret of Life, 1985), pages 219 à 462, roman, trad. Jean BONNEFOY
3 - Paul DI FILIPPO & Rudy RUCKER, La Racine carrée de Pythagore (The Square Root of Pythagoras, 1999), pages 465 à 494, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
4 - Le Cinquante-septième Franz Kafka (The 57th Franz Kafka, 1982), pages 495 à 501, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
5 - L'École Jack Kerouac de poésie désincarnée (The Jack Kerouac Disembodied School of Poetics, 1982), pages 503 à 515, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
6 - Marc LAIDLAW & Rudy RUCKER, La Bougie des sables d'Andy Warhol (The Andy Warhol Sandcandle, 2000), pages 517 à 555, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
7 - Marc LAIDLAW & Rudy RUCKER, Surfer sur les probabilités (Probability Pipeline, 1988), pages 557 à 581, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
8 - Marc LAIDLAW & Rudy RUCKER, Surfer sur le chaos (Chaos Surfari, 1989), pages 583 à 615, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
9 - Rudy RUCKER & Bruce STERLING, Méduse (Big Jelly, 1994), pages 617 à 671, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
10 - Rudy RUCKER & Bruce STERLING, À l'assaut du cosmos (Storming the Cosmos, 1985), pages 673 à 736, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
11 - Alain SPRAUEL, Bibliographie des œuvres de fiction de (Rudolf von Bitter) Rudy Rucker, pages 737 à 743, bibliographie
Critiques
     Globalement peu connu en France, Rudy Rucker fait partie de ces auteurs injustement traités sous nos longitudes. Tir corrigé par « Lunes d'encre » avec Maître de l'espace et du temps, énorme pavé qui ne se contente pas du roman éponyme, mais fait office d'omnibus en y ajoutant un second roman, Le Secret de la vie, sans oublier un rassemblement inédit de nouvelles, À l'assaut du cosmos. Edition impeccable, donc, et très attendue par les rares connaisseurs de cet auteur curieux, situé quelque part entre Fredric Brown, Douglas Adams, Philip Dick et William Gibson, avec cette irrésistible touche de loose qui n'appartient qu'à lui.

     Avant de se plonger dans (l'énorme) chose, mieux vaut se rappeler que Rucker est (aussi) mathématicien et plutôt calé en informatique. Diable, de la hard science, donc ? Que nenni, Rucker connaît la musique et s'en sert justement pour jouer faux avec un réel plaisir, un humour maîtrisé et un sens de la déglingue particulièrement réjouissant. Sexe, trous quantiques, musique, drogue et invasions extraterrestres foisonnent dans son œuvre, sans que jamais la ligne entre potentiellement possible bien qu'improbable et complètement grotesque soit jamais franchie. Au-delà de l'humour évidemment massif (mais subtil) qui imprègne la plupart des textes assemblés ici, force est de reconnaître que Rucker sait aussi se montrer triste, décalé et nostalgique d'un passé nécessairement meilleur sans parvenir à chasser l'angoisse de ce qui n'est pas et ne sera jamais. On retrouve ce sentiment dans Le Secret de la vie, jolie promenade à travers le journal intime d'un adolescent dans les années 60. Seul souci, ledit adolescent est (ou croit être) un extraterrestre aux préoccupations métaphysiques très éloignées de celles de ses camarades de classe (totalement humains, eux), centrées autour de ce qu'il y a de bien dans la vie : boire, faire la fête, coucher, etc. Si Conrad (c'est son nom) fait bonne figure au milieu de ce petit monde, reste qu'il possède d'étranges pouvoirs qui l'inquiètent. Qui l'inquiètent même beaucoup. Certes, Le Secret de la vie est drôle et très certainement autobiographique, certes, on le lit d'une traite, certes, tout ceci est très distrayant, mais le fond du roman est somme toute assez tragique. Le temps qui passe, ce qui ne revient plus, ce qui disparaît, à commencer par nous-mêmes.

     Plus léger, mais pas non plus dénué de sérieux, Maître de l'espace et du temps est en cours d'adaptation cinématographique par Michel Gondry himself. Parrainage de haut vol pour un texte aussi drôle qu'inventif, aussi cyberpunk que délirant. Basé sur une merveilleuse invention (le Blonzeur) tombé du ciel (du futur, pardon) sur la tête de son inventeur qui n'a plus qu'à la renvoyer dans le passé pour la récupérer de la même manière, la chose permet de devenir, on s'en doutait, maître de l'espace et du temps. Pour le narrateur, c'est une bonne nouvelle, mais quand on projette des lézards dans l'avenir et qu'ils deviennent Godzilla, ça pose quelques soucis. Bref, la lampe d'Aladin, c'est beau, mais c'est un cadeau souvent empoisonné. Bourré de références (de Heinlein — et les mords moelle — à Flatland), Maître de l'espace et du temps est aussi inventif que barré, aussi délicieux à lire que délicat à comprendre (eh oui). Un petit bonheur.

     Plus irrégulier, le recueil de nouvelles ajouté aux romans navigue entre le moyen et le formidable (notamment la nouvelle titre qui met magnifiquement en scène la Sibérie). A noter que plusieurs textes sont écrits en collaboration avec d'autres plumes aussi vives qu'inventives (Di Filippo et Sterling pour ne pas les nommer). Ça donne une vision forcément délirante d'un Pythagore lubrique et subversif (« La Racine carrée de Pythagore »), une étonnante variation autour d'un Jack Kerouac désagréable et complètement cramé (« L'Ecole Jack Kerouac de poésie désincarnée »), ou une balade autour du mythe kafkaien (« Le Cinquante-septième Franz Kafka »).

     Au final, s'attaquer à ce nouveau pavé « Lunes d'encre », c'est aussi découvrir tout un pan de la S-F parfaitement inconnu en France, à défaut d'être totalement inédit. Précipitez-vous, que les textes soient récents ou plus vieux (début années 80), ils restent salés et savoureux. Chapeau.

Patrick IMBERT (site web)
Première parution : 1/5/2006 dans Bifrost 42
Mise en ligne le : 30/7/2007


     Putain ! Maître de l'espace et du temps, c'est assez énorme, non ? Ben alors, comment qu'on s'y prend ? On blonze. Ah bon. Car le blonzeur, cher public, c'est l'invention qui permet de subvenir les règles de la physique classique (voire quantique) et, partant, de modifier la réalité. Ça vous en bouche un coin, je sais. La recette est d'une simplicité à toute épreuve : faut mélanger des gluons avec des positrons, des bidules avec des machins et des trucs, de toute manière ça marche super, résultat garanti. Harry, l'heureux inventeur (une réincarnation de Géo Trouvetou), et Fletcher (un blonzeur privilégié) sont ravis sauf que visiblement, le coup des trois vœux offerts par le génie des contes reste toujours valable... Et toi, cher public, que choisirais-tu ? Un bon roman de Jean-Claude Dunyach ? Petit cachottier, va.

     Rudy Rucker est matheux de formation. Pas si courant en SF où on croise plutôt des spécialistes de physique quantique, des premiers de la classe section biologie extraterrestre, astronomie, ingénierie génétique ou informatique. Comme tout matheux qui se respecte, il aime donc les théories bizarres et abstraites ; mais en tant qu'écrivain il aime que ses théories s'actualisent de la manière la plus logique possible. Rucker, ou la logique du bizarre. D'où une galerie de personnages complètement à côté de la plaque, savants fous et professeurs foldingues, loosers congénitaux 50% escrocs, 50% géniaux, 100% accros (on se drogue pas mal là-dedans) : maître de l'univers peut-être, mais pas maîtres d'eux-mêmes pour un sou.

     Maître de l'espace et du temps est un recueil de courts romans et de nouvelles, la plupart écrites en collaboration. Outre le récit éponyme, on en retiendra deux particulièrement. Le secret de la vie brosse le portrait tout en finesse d'un kid grandissant dans l'Amérique des années 60, persuadé qu'il est en réalité un extraterrestre. Alcool, drogue, drague, danse et musique, les Beatles, la défonce, l'éclate, sont en arrière plan d'une jeunesse dorée et perdue cherchant sans le trouver le sens de la vie. À l'assaut de cosmos narre l'édifiante odyssée d'un agent du K.G.B., condamné à suivre les pas d'un petit génie pas très respectueux des valeurs communistes. Odyssée qui les mènera au fin fond de la Sibérie, en quête d'un moteur capable de propulser l'U.R.S.S. dans les étoiles.

     Les amateurs éclairés reconnaîtront des références à Dick, à Silverberg et au Terry Bisson de Meucs et de Échec et maths. Une SF très réjouissante par sa vitalité.

Sam LERMITE
Première parution : 1/4/2006 dans Galaxies 39
Mise en ligne le : 8/2/2009


     Étonnant auteur que Rudy Rucker, capable de passer sans sourciller de la pochade humoristique à la Fredric Brown (Maître de l'espace et du temps) à un roman beaucoup plus profond sur les questions fondamentales de l'existence (Le Secret de la vie), en passant par des nouvelles déjantées où une planche de surf sert d'attracteur de chaos (« Surfer sur les probabilités ») ou sérieuses comme cette excursion pour retrouver la preuve de l'existence d'extraterrestres dans la Tunguska sibérienne (« À l'assaut du cosmos »).
     On le voit, difficile de résumer ces textes que rien ne semble lier. Cela s'explique peut-être par la relative discrétion de Rucker : bien qu'ayant commencé sa carrière en 1977, il a écrit peu de livres, dont une bonne partie n'a d'ailleurs rien de SF puisqu'il s'agit d'essais sur les mathématiques et l'informatique, domaines dans lequel il enseigna en université, allant jusqu'à construire des automates. Difficile donc d'extraire de ce corpus réduit des points communs, des grandes lignes directrices. En outre, six des huit nouvelles réunies ici sont écrites en collaboration (avec Marc Laidlaw, Bruce Sterling, et Paul Di Filippo), la thématique n'est donc pas du seul Rucker.
     On notera quand même l'intérêt de celui-ci pour tout ce qui est tordu, puisque même dans ses textes sérieux, la façade se lézarde parfois et la réalité dérape. Le jeune homme du Secret de la vie, notamment, prend peu à peu conscience du fait qu'il est un extraterrestre. Et son altérité se manifeste de bien étrange manière : il découvre un jour qu'il est capable de voler, ou qu'il peut rapetisser afin de passer entre les roues d'un camion... Bref, même si Rucker ne renoue pas par la suite avec le côté frappadingue du premier roman du recueil (Maître de l'espace et du temps), il n'en est jamais très éloigné. D'où un univers finalement très personnel, décalé, ce qui ne surprend pas, car l'auteur se place sous le patronage bienveillant de Kafka, Kerouac et Warhol, personnages de trois de ses nouvelles.
     Un univers déjanté, certes, mais, pour peu que vous n'ayez pas peur de laisser au vestiaire vos certitudes, néanmoins accueillant. En route pour la quatrième dimension !

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 24/12/2005 nooSFere

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