De l'étude approfondie (Wagner, Galbreath, Spinelli, Kinney) au témoignage émouvant (Silverberg, Apel) en passant par le souffle dickien (Aldiss, Chambon), puis l'interprétation originale (Malosse, Fondanèche) et l'« état des lieux » bibliographique, en rassemblant ces regards sur Philip K. Dick, le présent ouvrage n'a évidemment pas pour ambition d'explorer toutes les facettes du « kalédickoscope ».
En combinant les approches critique, biographique et bibliographique, en faisant place aux créateurs influencés par Dick et en laissant longuement la parole à celui-ci, nous espérons néanmoins apporter aux fidèles lecteurs de Dick un complément d'information utile, et éveiller l'intérêt de ceux qui ne connaissent pas leur chance et ont encore à découvrir à la fois l'écrivain, sa vie et son œuvre.
1 - Philip K. DICK, "Le Monde que je décris" (1970), pages 7 à 8, article, trad. Hélène COLLON 2 - Jeff WAGNER, Dans le monde qu'il décrivait : la vie de Philip K. Dick (In the world he was writing about, 1985), pages 11 à 43, biographie, trad. Pierre-Paul DURASTANTI rév. Hélène COLLON 3 - Norman SPINRAD, La Transmutation de Philip K. Dick (The transmogrification of Philip K. Dick, 1990), pages 45 à 62, article, trad. Hélène COLLON 4 - Pierre-Louis MALOSSE, La Pythie dans le labyrinthe, pages 63 à 69, article 5 - Brian ALDISS, Le Piège maudit de Philip K. Dick : autour de "Glissement de temps sur Mars" (Dick's Maledictory Web: About and Around Martian Timeslip, 1975), pages 71 à 77, article, trad. Hélène COLLON 6 - Robert GALBREATH, Doute et rédemption dans la "Trilogie divine" (Redemption and doubt in Philip K. Dick's "Valis Trilogy", 1983), pages 79 à 89, article, trad. Hélène COLLON 7 - Robert SILVERBERG, Philip K. Dick : les fictions courtes (Philip K. Dick: The Short Fiction, 1996), pages 91 à 99, article, trad. Hélène COLLON 8 - Daniel FONDANÈCHE, Dick, prophète libertaire, pages 101 à 111, article 9 - Kevin C. BRIGGS & D. SCOTT APEL, Entretien avec Philip K. Dick (1ère partie) (1987), pages 113 à 140, entretien avec Philip K. DICK, trad. Hélène COLLON 10 - Philippe STRICK, Le Cinéma dickien, pages 143 à 152, article, trad. Hélène COLLON 11 - Jay KINNEY, Corps à corps avec les anges : le dilemme mystique de Philip K. Dick (Wrestling with the angels : The Mystical Dilemma of Philip K. Dick, 1991), pages 153 à 163, article, trad. Hélène COLLON 12 - Ernesto SPINELLI, Philip K. Dick et la philosophie de l'incertitude (Philip K. and the Philosophy of Uncertainty, 1991), pages 165 à 175, article, trad. Hélène COLLON 13 - Brian ALDISS, La Voix du sang parle à Kensington Gore (Kindred Blood in Kensington Gore, 1992), pages 177 à 190, théâtre, trad. Hélène COLLON 14 - Jacques CHAMBON, Dick déclik, pages 191 à 193, poésie 15 - Kevin C. BRIGGS & D. SCOTT APEL, Entretien avec Philip K. Dick (2ème partie), pages 195 à 210, entretien avec Philip K. DICK, trad. Hélène COLLON 16 - Hélène COLLON, Bibliographie : table de correspondance des titres, pages 211 à 217, bibliographie 17 - Hélène COLLON, Philip K. Dick : Une bibliographie primaire, pages 219 à 253, bibliographie 18 - Hélène COLLON, Bibliographie secondaire sélective, pages 255 à 270, bibliographie
Critiques
La notoriété aujourd'hui mondiale de Dick a suscité maintes études consacrées à son œuvre et à sa vie. Mais l'auteur est si vaste qu'il est impossible d'embrasser toutes ses facettes en un seul volume, à moins d'user d'approches multiples, à la façon d'un kaléidoscope dont les multiples reflets composent une image à peu près cohérente. C'est le projet auquel s'est attelé Hélène Collon, principale traductrice de Dick en France, en choisissant avec soin les articles et les commentaires consacrés à Philip K. Dick. Le texte de Jeff Wagner, « Dans le monde qu'il décrivait : la vie de Philip K. Dick », reste toujours aussi éclairant, malgré la somme que Lawrence Sutin a publiée entretemps. À partir d'œuvres choisies (Glissement de temps sur Mars pour Brian Aldiss, la trilogie divine pour Galbreath), sont abordés les principaux thèmes dickiens. La division en deux parties de la longue interview d'Apel et Briggs rythme agréablement l'ouvrage et ramasse les informations présentées dans les articles en un fabuleux feu d'artifice. Une fiction de Brian Aldiss et un poème de Jacques Chambon sont les hommages artistiques rendus à celui qui influença — et influence encore — la littérature de science-fiction.
Près de quinze ans après la première parution du Kalédickoscope, depuis longtemps épuisée, cette seconde édition revue et augmentée, notamment avec un texte de Silverberg défendant l'auteur de nouvelles, et surtout une bibliographie primaire et secondaire considérablement enrichie est une somme indispensable.
(extrait de la critique de Substance Rêve / Omnibus)
Une multitude de facettes
Cette existence chaotique a également inspiré le journaliste londonien Jeff Wagner. Son enquête sert de préambule à Regards sur Philip K. Dick — le kalédickoscope, une luxueuse anthologie critique composée et annotée par Hélène Collon. Alors que Goimard joue les psychanalystes, s'attarde sur la généalogie de Dick et dresse l'inventaire de ses compagnes, Wagner étudie pas à pas son évolution créatrice. Il montre comment l'auteur d'Ubik glisse d'une SF désinvolte à la Van Vogt vers la parabole politique, puis la fable métaphysique, pour atteindre enfin, au-delà des modes et des effets de genre, une universalité à l'épreuve du temps.
Suivent d'autres travaux et hommages de la même pertinence, entre lesquels Dick est abondamment cité et questionné. Le kalédickoscope approche ainsi l'écrivain sous une multitude de facettes, de son influence sur le cinéma (Blade Runner et Total Recall sont une adaptation de ses oeuvres) à l'exégèse de sa mythologie personnelle.
Malgré la diversité de leurs avis, les auteurs réunis par Hélène Collon s'accordent sur un point : derrière le paranoïaque sous l'emprise chronique des femmes et des amphétamines, se cachait un être compatissant, d'une générosité sans faille. Les crises religieuses n'ont jamais ébranlé sa faculté d'empathie. Au plus profond de sa déprime, Dick ouvrait sa maison aux drogués et aux clochards. Pareillement, si fragiles soient-ils, ses héros s'en tirent parce qu'ils sont capables d'actes fraternels. C'est par quelques gestes d'amour, insignifiants d'apparence, que vient la rédemption. Ce sont eux qui sauvent les mondes et renversent les dieux fous.