GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 290 Date de parution : 27 septembre 2007 Dépôt légal : septembre 2007, Achevé d'imprimer : 10 septembre 2007 Réédition Roman, 416 pages, catégorie / prix : F10 ISBN : 978-2-07-034472-7 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Roy Complain est un chasseur de la tribu Greene. Il arpente le monde envahi par la jungle des poniques et survit tant bien que mal grâce à ce qu'on lui donne en échange de son gibier. Jusqu'au jour où Gwenny, sa compagne, est enlevée dans des circonstances étranges. Il part alors, en compagnie de Marapper, le prêtre, et de trois autres membres de la tribu, à la découverte de secteurs inexplorés du monde où subsistent les traces d'une civilisation gigantesque et disparue.
Les croyances et les certitudes de Complain vont, petit à petit, voler en éclats.
Dès Croisière sans escale, son premier roman de science-fiction, Brian Aldiss faisait preuve d'une originalité et d'une imagination qui l'ont placé d'emblée parmi les plus grands créateurs du genre.
Né en Angleterre en 1925, Brian Aldiss est l'auteur de plus de trois cents nouvelles, de plusieurs ouvrages sur l'histoire de la science-fiction et d'une trentaine de romans qui lui ont valu de nombreux prix parmi les plus prestigieux. Croisière sans escale, Le monde vert ou la trilogie d'Helliconia sont devenus des classiques.
Sans être aussi connu que Fondation ou Demain les chiens, ce livre vieux de 40 ans mérite de figurer parmi les classiques de la SF et sa réédition est bienvenue. Aldiss a brillamment exploité une idée très présente dans la SF des années 40 à 60 — celle du vaisseau stellaire lancé dans un voyage long de plusieurs générations, et dont les occupants perdent et le souvenir de leur mission, et les connaissances nécessaires à maîtriser leur environnement (un exemple plus récent est fourni par le cycle du Long Soleil de Gene Wolfe.) Pas de space opera flamboyant ici, mais déjà un regard plus pessimiste, une obsession de l'enfermement, et — SF britannique oblige — un goût pour la catastrophe.
Roy Complain, donc, est un modeste chasseur d'une tribu des couloirs, qui vit du gibier, de l'élevage et de la récolte des poniques qui poussent à foison dans leur quartier. Un concours de circonstances lui fait quitter les siens en compagnie d'un quatuor de célibataires mal adaptés, et découvrir au terme d'un éprouvant voyage dans les Mortes-Voies la tribu moins primitive de l'Avant. Au passage, il frôlera les êtres semi-légendaires qui hantent le vaisseau, Géants, Hors-Venus, et des hordes de rats décidément trop malins...
On se lasse vite de la vie et des combats d'une tribu primitive au sein d'un univers technologique dégradé et incompris. Aldiss sait relancer l'intérêt grâce aux êtres étranges rencontrés par Complain et ses compagnons, et les révélations sur le sort du Vaisseau qui se succèdent en fin de volume. L'explication de la plongée dans l'ignorance de l'équipage de départ a un petit goût de maladie « de la vache folle » — fortuit mais amusant. Surtout, les coutumes des tribus sont colorées par une religion démente, à base de psychanalyse mal digérée, prônant la libération des instincts colériques. Comme allégorie grinçante de la bestialité humaine, Croisière sans escale conserve aujourd'hui beaucoup de son originalité.