Imaginez un monde antique et fabuleux, un monde de sortilèges et de joyaux, de crânes et d'épées affûtées. Au cœur de cet univers de légende : la cité de Lankhmar, dont les tours et les ruelles grouillent de brigands et de magiciens. C'est là que se sont rencontrés pour la première fois Fafhrd, barbare des déserts Froids, et le Souricier Gris, dont les yeux malicieux luisaient de magie. Ils ne savaient pas encore que leur amitié serait plus longue que mille quêtes et cent vies d'aventure !
Oyez, bonnes gens ! Oyez la très horrifique histoire des treize chats surdoués qui commandent aux chats, des treize rats qui commandent aux rats et des treize animaux qui, dans chaque espèce, ont le pouvoir de commander à tous les autres. Ce n'est qu'une légende, mais on dit qu'elle a un fond de vérité. Et je connais des vieilles qui ne la content qu'en tremblant.
Fafhrd et le Souricier gris ont peut-être eu tort de ne pas les croire. Cette fois-là, ils avaient été engagés par le Seigneur Glipkerio, suzerain de la ville de Lankhmar, pour convoyer des rats blancs qui savaient danser, boire dans des verres et faire de l'escrime. S'ils avaient su, ils n'y seraient pas allés. Oui, mais le Souricier n'aurait pas rencontré damoiselle Hisvet, « Ombre Blanche de l'Extase » ; et Fafhrd ne serait pas tombé amoureux d'une belle vampire invisible. Il y eut des bons moments ; mais au nom de tous les dieux de la mort et de la ruine, pourquoi le sort du monde se retrouverait-il suspendu à un sifflet ?!
Fritz Leiber (1910-1992) est un géant de la Fantasy. Il a été pasteur, acteur et éditeur avant de se lancer dans l'écriture. Il a obtenu 27 prix littéraires dont 8 fois le Hugo, 4 fois le Nebula et 3 World Fantasy Award. Excusez du peu... De tous ses romans et nouvelles SF, fantastique et Fantasy, son œuvre la plus célèbre et la plus populaire reste le cycle des aventures de Fafhrd et du Souricier Gris dans la ville de Lankhmar, publiées entre 1940 et 1990. Elles ont enchanté des générations de lecteurs et restent un classique absolu du genre.
Le Royaume de Lankhmar complète la palette du Cycle des Epées tout simplement en atteignant la dimension du roman, les quatre premiers volumes présentant une succession d'histoires courtes ou moyennes. L'imagination de Leiber, son brio et son humour subtilement naïf décochent une fichue claque au lecteur qui aime l'Heroïc-Fantasy et même à celui qui s'en méfie pourvu qu'il accepte de jouer le jeu.
Tout commence comme une banale aventure pour Fafhrd et le Souricier Gris. Qui dit banale pour eux clame extraordinaire pour nous qui sommes pendus à chaque nouvelle phrase, émerveillés, souriants, avides. Rapidement, l'intrigue se détraque. Une fantaisie odieuse et rieuse prend la suite. Les rats menacent les hommes, ils se préparent à se rendre maîtres de Lankhmar et à régner en petits despotes nombreux, blancs ou noirs. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Ni le Petit Gris qui se meurt d'amour pour une créature ambiguë. Ni le Grand Barbare roux qui tente désespérément de rejoindre son ami pour l'épauler et lui sauver sa vie amplement menacée. Ni même les Dieux oubliés de la ville qui reculent devant des rats déterminés à vaincre ou à mourir.
Le Royaume de Lankhmar, c'est aussi le roman des amours impossibles, contre nature, douteux, hors du commun. D'abord, le Souricier Gris tombe éperdument amoureux d'une femme-rate subtile et cruelle qui l'empêche d'intervenir dans les affaires trop privées des rats : une vierge qu'il brûle d'être le premier à posséder. Ensuite, Fafhrd s'enamourache d'une vampire, femme étrange qui exhibe ses beaux os ivoirins dans un corps à la chair transparente et qui l'appelle son homme de boue. « Viens, chéri, sois le plus boueux, pour moi toute seule ». Lui la nomme son osselet. Mon Dieu, on dirait qu'ils s'aiment vraiment !
Stupéfiant ! Magique !
Et dire que cette nouvelle réédition du Cycle des Epées s'achèvera bientôt avec la parution de Magie des Glaces... Dites, monsieur Leiber, vous ne pouviez pas le faire un petit peu plus long ?