Galaxies NS6 c'est, avant tout autre considération, une couverture bleu-Bryce™ digne de Jackie Paternoster qui, en outre, évoque la chiantissime série de jeux vidéos
Myst. Une fois ladite couvrante enjambée (ou, mieux, recouverte de papier opaque représentant des boulons et des écrous inexpliquement attirés les uns vers les autres), on se plongera avec délice dans un dossier Jacques Barbéri (pages 93 à 147) mené de main de maître par notre collaborateur Richard Comballot. Dossier dont le seul point faible est la nouvelle de Barbéri,
« Le Génome et la mort » (cinq pages et demi), sympathique sans plus. On a connu l'auteur plus percutant, plus généreux aussi, y compris dans les pages de
Galaxies ancienne série.
Parmi les autres nouvelles du numéro, on notera
« Noces océanes » de Julian West, un texte qui aurait pu être écrit il y a quarante ans par
Theodore Sturgeon ou
Philip José Farmer et qui évoque
L'Etrangère de
Gardner Dozois. Plaisant pour son côté
sense of wonder et malsain pour son côté « Misogyne ? Pas sûr... ». Un joli cocktail.
«
Guéris-toi toi-même » de Orson Scott Card, nauséabond à souhait, bidon dans sa construction didactique, se révèle bien vite insupportable.
«
Les Immortels » de Vladimir Pokrovski est une banale histoire de clochards immortels. Bof.
«
Seconde Chance » de Lyzambre est un sympathique prix Infini, inabouti, à la fin des plus foireuses, mais qui reste sympathique, on l'a dit, de bout en bout.
Quant à
« De l'autre côté du mur » de Justin Stanchfield, il s'agit d'une longue et fort ennuyeuse exploration extraterrestre, ni
old school ni moderne qui, non contente d'avoir le cul entre deux tabourets, souffre d'un réel manque d'assurance dans l'utilisation de ses termes scientifiques. Sur des thèmes très proches,
Alastair Reynolds a écrit un certain nombre de textes qui renvoient Stanchfield au jardin d'enfants — aller-simple, privé de sucette.
La partie fiction s'achève sur une nouvelle aventure des héros récurrents Albert et Georgette, ici confrontés à un contrôleur du
« Ministère du confort, gestion des ménages », une réussite entre S-F et surréalisme à mettre à l'actif (économique, cela va sans dire) d'André Ruellan.
La partie « rubriques », pages 149 à 189, ne présentant guère d'intérêt, voire aucun, n'arrange pas l'impression globale qu'offre ce numéro, qui reste toutefois une bonne introduction à l'œuvre de Jacques Barbéri.
«
Etat présent de votre esprit : Excédé. J'emmerde Proust. » page 127 (Jacques Barbéri répond au questionnaire de Proust ; un document de l'ère pré-Sarkozy, circa 1993).