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She

Henry Rider HAGGARD

Titre original : She, a History of Adventure, 1886
Première parution : The Graphic, en 15 livraisons du 2 octobre au 25 décembre 1886 / Harper's Weekly, d'octobre 1886 à janvier 1887
Cycle : Elle  vol. 1 

Traduction de Michel BERNARD
Illustration de (non mentionné)

MARABOUT - GÉRARD , coll. Bibliothèque Marabout - Fantastique n° 337
Dépôt légal : 1969
Roman, 290 pages, catégorie / prix : 3
ISBN : néant
Genre : Fantastique


Autres éditions

Sous le titre Elle   L'ÉDITION FRANÇAISE ILLUSTRÉE, 1920
   G. CRÈS ET Cie, 1920
Sous le titre La Cité sous la montagne
   HACHETTE Jeunesse, 1952
Sous le titre She
   LIBRAIRIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES / ÉDITIONS DU MASQUE, 1980
   MARABOUT - GÉRARD, 1969, 1969, 1970
   NOUVELLES ÉDITIONS OSWALD (NéO), 1988
   PAUVERT, 1965
Sous le titre Elle, l'éternelle femme
   RBA, 2022
Sous le titre Elle
   La RENAISSANCE DU LIVRE, 1933
   in Elle-qui-doit être-obéie, Robert LAFFONT, 1985
Sous le titre Elle
   TERRE DE BRUME, 2006
        sous le titre Elle-qui-doit-être-obéie, 2022

Quatrième de couverture
     « She » est l'histoire d'une femme qui attendit deux mille ans l'homme qu'elle aimait et ne consentit à mourir qu'après l'avoir rencontré.
     Empruntant les accents de la tragédie et les péripéties périlleuses du récit d'aventures, ce livre est un roman d'amour, comme on n'en écrit plus guère depuis que les hommes blasés ont perdu le sens de la passion et le goût des Contes de Fées ...
Sommaire
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1 - Introduction, pages 7 à 12, introduction, trad. Michel BERNARD
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition PAUVERT, Les Indes noires (1966)

    Le roman fameux de H. Rider Haggard avait sa place toute trouvée dans la collection que L'étonnant voyage de Hareton Ironcastle a inaugurée chez Pauvert. Il est l'objet, ici, d'une très bonne traduction nouvelle par Michel Bernard ; le volume comprend en outre une postface de Francis Lacassin qui constitue une remarquable étude de la genèse, de la substance et de l'influence du mythe de la femme immortelle.

    She (le titre est le pronom personnel féminin singulier sujet : elle) parut à Londres en 1887. Il n'est pas superflu de s'en souvenir, lorsque l'auteur donne l'impression d'enfoncer des portes que le lecteur du XXe siècle n'a jamais connues autrement qu'ouvertes. En fait, en racontant cette histoire à la fois simple et fantastique, H. Rider Haggard a établi un schéma et jeté des idées que d'innombrables successeurs allaient rendre familiers.

    Simple et fantastique, l'histoire peut être résumée en quelques lignes. Elle est racontée par le philologue de Cambridge L. Horace Holly, laid de visage (on le surnomme « Babouin » dans le cours du récit), mais loyal de cœur et positif d'esprit. Holly raconte donc comment son pupille, Léo Vincey (dont les traits sont aussi beaux que ceux de Holly sont simiesques) hérite de son père une série de reliques et de documents qui le lancent à l'aventure dans une région de l'Afrique centrale, au nord de l'embouchure du Zambèze. Holly et un domestique effacé l'accompagnent, et finissent par la découvrir, elle. Elle règne sur un peuple primitif, mais qui habite les restes d'une civilisation jadis florissante, disparue sans laisser de traces dans l'histoire. Elle vit là, depuis plusieurs milliers d'années. Elle attend le retour ou la résurrection de l'homme qu'elle aima, Kallikratès, prêtre d'Isis. Vincey, qui en descend en ligne directe, en a les traits. Elle s'en fait aimer, et lui propose de plonger avec elle dans la flamme d'immortalité qui lui a conservé la vie durant tous ces siècles. Comme il hésite, elle se jette dans la flamme la première – mais elle est détruite. Vincey et Holly parviennent à revenir ensuite en Angleterre.

    Ainsi résumée, l'intrigue a une allure de déjà-vu qui n'incite guère à la lecture. De l'Antinéa que Pierre Benoît mit en scène dans L'Atlantide à la prêtresse La, de la cité d'Opar, qu'Edgar Rice Burroughs plaça plusieurs fois sur le chemin de Tarzan, She, ou Elle, ou Ayesha, a inspiré plusieurs héritières dans la littérature fantastique. Cette influence a d'ailleurs valu à Haggard toute une littérature d'exégèse douteuse, dans laquelle on faisait de lui un détenteur de « connaissance interdite », un poète ayant des visions de problématiques civilisations matriarcales d'antan (Francis Lacassin retrace d'ailleurs le portrait réel de Haggard dans son étude, et cela devrait calmer au moins temporairement les fanatiques de Savoir Caché). En fait, l'inspiration du roman peut être expliquée de façon beaucoup plus simple, si l'on considère que Haggard a combiné adroitement quelques thèmes classiques avec une figure archétypale.

    L'histoire d'Ayesha et de Kallikratès-Vincey n'est autre que celle de Tristan et Yseut, les amants promis l'un à l'autre à travers les temps et les espaces. L'originalité de Haggard consiste à avoir fait de son Yseut une créature qui a temporairement triomphé de la mort, et qui annonce assez clairement les femmes fatales de Pierre Benoît, initiale du prénom (Ayesha) comprise. Séductrice ou redoutable, tyrannique ou soumise, Ayesha personnifie l'éternel féminin – sans jeu de mots sur cet adjectif d'éternel. Haggard a en outre utilisé sa propre expérience africaine pour la création de son décor, et s'est probablement inspiré de Zimbabwe pour dépeindre son impressionnante cité morte de Kôr, à laquelle il a naturellement attribué une ancienneté autrement plus grande. Tout cela a été combiné avec une indéniable adresse, et écrit en un style qui a étonnamment bien supporté le passage des années.

    La narration de Molly possède en effet une couleur réelle. L'impression de réalité est donnée par le recours fréquent à des détails visuels, et aussi par l'introduction très adroite d'un élément de doute, d'hésitation, en certains passages. Ainsi, Holly ne s'explique pas pourquoi Ayesha, qui avait jadis gagné la jeunesse éternelle en plongeant dans la flamme, est cette fois atrocement détruite par cette même flamme. Il énonce diverses hypothèses : modification de la nature du feu vivifiant, dégagement occasionnel d'une émanation fatale, effets contraires de deux immersions successives ; mais il ne tranche pas (en fait, Haggard a probablement recouru à la dualité du feu, protecteur et destructeur, pour amener une conclusion élégante à un récit qui risquait sans cela de déboucher sur une éternité conventionnelle). Mais Holly reste, d'un bout à l'autre, le témoin qui raconte avec précision ce qu'il a vu, ce qu'il a éprouvé aussi, puisque le charme d'Ayesha s'est passagèrement exercé sur lui. Et Haggard a su garder constamment ce ton, de même qu'il est parvenu à multiplier les notations tendant à créer l'impression d'authenticité.

    Parmi celles-ci, la description des reliques qui lancent Vincey à la recherche d'Ayesha est faite avec un luxe de détails rarement égalé par ceux qui ont repris ultérieurement le procédé. En particulier, Haggard a traduit – ou fait traduire – en latin, grec et vieil anglais un certain nombre de textes qu'il donne in extenso dans ces diverses langues – avec, d'ailleurs, au moins une incorrection : dans le passage en langue grecque, il utilise le mot enfant à la place de fils. Tout cela a été repris maintes fois par la suite ; cela n'a même pas été inventé par Haggard, bien entendu ; mais celui-ci se montre un artisan si minutieux qu'il emporte la conviction du lecteur, tout comme le langage souvent fleuri des personnages ne devient jamais ridicule de grandiloquence.

    Dans sa postface, Francis Lacassin analyse avec une remarquable pertinence – malgré une assez surprenante allusion à « Ulysse, conquérant de la toison d'or » – les raisons pour lesquelles She atteint la sensibilité du lecteur contemporain, même si celui-ci est blasé d'exotisme. Il y a, dans les pages de She une poésie qui unit la spontanéité apparente à la rigoureuse minutie de construction, et dont le résultat répond aux aspirations d'aventure et de dépaysement qui restent – éternellement… – au fond de la nature humaine.

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/6/1966
Fiction 151
Mise en ligne le : 18/1/2023

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
La Colonne de feu , 1899, Georges Mélies
She , 1908, Edwin S. Porter
She , 1911, George Nichols
She , 1916, William G.B. Barker & Horace Lisle Lucoque
Hidden Valley (The) , 1916, Ernest C. Warde
She , 1917, Kenean Buel
She , 1925, Leander De Cordova & G.B. Samuelson
La Source de feu , 1935, Lansing C. Holden & Irving Pichel
La Déesse de feu , 1965, Robert Day
She , 1985, Avi Nesher
She , 2001, Timothy Bond

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