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Le Son du cor

O. SARBAN

Titre original : Sound of his horn, 1952   ISFDB
Traduction de Jacques de TERSAC

MNÉMOS
Dépôt légal : juin 2017
Réédition
Roman, 272 pages, catégorie / prix : 17 €
ISBN : 978-2-35408-571-1
Format : 15,0 x 21,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Un homme, Alan Querdillon, un soir de 1949, entame un récit extravagant et atroce. Il raconte comment, au début de la seconde guerre mondiale, il a réussi à s’évader d’un camp de prisonniers pour se retrouver... en l’an 102 du reich de Mille Ans prophétisé par Adolf Hitler, où les nazis ont triomphé et dominent le monde. Traqué par le sinistre Grand Veneur du reich, tel un gibier humain, il est obligé de fuir dans les immenses forêts d’une Europe méconnaissable...

     Publié en 1952, ce roman devint rapidement un best-seller. Il est considéré comme l’une des oeuvres fondatrices de l’uchronie. Dix ans avant Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick, Sarban nous plonge dans un univers alternatif où les nazis ont gagné la seconde guerre mondiale et règnent en terribles seigneurs féodaux sur une Europe totalement soumise. Entre La Chasse du comte Zaroff, une mise en perspective terrifiante de ce qu’aurait pu être la victoire des nazis et un récit haletant, Le Son du cor déploie tout le potentiel de l’uchronie : une capacité à nous faire réfléchir sur l’histoire, une vision d’un monde à la fois étrange et proche, et une construction romanesque palpitante.

     Dans sa préface, Xavier Mauméjean remet en perspective l’importance de ce roman dans le mouvement littéraire de l’uchronie.
Critiques

     Mnémos réédite un étrange roman de 1952, dû à un auteur britannique rare au pseudonyme de Sarban. Le Son du cor a son titre de gloire : il est probablement la première uchronie usant du thème ensuite rebattu de la victoire des nazis durant la Seconde Guerre mondiale – dix ans avant Le Maître du Haut-Château.

     Mais catégoriser ainsi le roman n’est peut-être pas si évident : on a pu contester son caractère d’uchronie, ou de roman de science-fiction – on soulignera aussi une certaine ambiguïté sur le mode onirique (peut-être tout ceci n’est-il qu’un cauchemar), sans oublier de constater que l’horreur prime sans doute sur tout le reste, une horreur empruntant son thème au film de 1932 Les Chasses du comte Zaroff ; autant parler, quitte à risquer l’anachronisme, de survival.

     Le roman s’ouvre sur un aimable débat dans un salon so British, peu après la victoire des Alliés ; les convives discutent de la chasse à courre, pro et contra… mais Alan Querdillon ne goûte pas la plaisanterie – il associe ce loisir à la terreur, à l’indicible…

     Il en confesse la raison : prisonnier de guerre en Allemagne, il a fait une tentative d’évasion en 1943 qui a mal tourné. Il s’est évanoui… et s’est réveillé dans une chambre d’hôpital, dont le personnel allemand se montrait plutôt bienveillant – inattendu, pour un évadé… Mais les bizarreries s’accumulent, et Querdillon comprend enfin, sans savoir comment ni pourquoi, qu’il se trouve en l’an 102 du Reich de Mille Ans ! Car les Nazis ont gagné la guerre il y a longtemps…

     Ils ont édifié un monde hideux et régressif – l’oppression y est toujours de mise, et le comte Hans von Hackelnberg, Grand Veneur du Reich, la personnifie… lui dont le loisir est de chasser des êtres humains ! Et bientôt Querdillon.

     C’est le cœur du roman : une longue et éprouvante séquence de chasse… qui a aussi sa part de fantasme sordide, à l’évidence. Le roman a quelque chose de sadien, et les nazis de ce Silling forestier peuvent anticiper les fascistes du Salò de Pasolini… Ce qui a amené quelques commentateurs à se pincer le nez : roman « répugnant », « ambigu », « suspect »… Autant de jugements moraux qui tiennent du préjugé regrettable. Le roman n’a en fait rien de suspect ou d’ambigu – et, pour en finir avec Sade, il est assurément inoffensif au regard des écrits les plus outranciers du Divin Marquis. C’est finalement une œuvre assez morale – et peut-être même au sens conventionnel… Sans l’hypocrisie des films de « nazisploitation » qui connaîtraient bientôt un improbable succès d’exploitation. Mais il joue bien d’une certaine forme d’excitation perverse – plutôt avec réussite, d’ailleurs : c’est un beau cauchemar, aux scènes puissantes, et tant mieux s’il est dérangeant…

     Il n’est cependant pas sans défauts, et, s’il constitue un document intéressant, est-ce pour autant un bon roman ? Forces et faiblesses font la balance – mais relevons un rythme guère assuré, un didactisme parfois malvenu, un jeu d’équilibriste qui n’échappe pas toujours au ridicule, et une plume insipide (peut-être pas aidée par la traduction).

     Roman intéressant conspué pour de mauvaises raisons ? Oui, probablement. Bon roman ? C’est plus douteux – au pur plan romanesque, Le Son du cor, inégal, est sans doute un peu médiocre — constat d’autant plus regrettable que ce qui fonctionne, dans ce roman étrange, fonctionne très bien…

Bertrand BONNET
Première parution : 1/10/2017 dans Bifrost 88
Mise en ligne le : 10/3/2023

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Lorris Murail : Les Maîtres de la science-fiction (liste parue en 1993)
Association Infini : Infini (2 - liste secondaire) (liste parue en 1998)
Francis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000)

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