J'AI LU
(Paris, France), coll. Science-Fiction (2007 - ) n° 12295 Dépôt légal : septembre 2018 Réédition Roman, 512 pages, catégorie / prix : 9,90 € ISBN : 978-2-290-15535-6 Format : 11,0 x 17,8 cm Genre : Science-Fiction
Pelliculage mat avec découpe, gardes colorées, dos toilés, fer à dorer.
Cette édition augmentée contient, en plus du roman, la nouvelle originale « Des fleurs pour Algernon », ainsi que l'essai autobiographique « Algernon, Charlie et moi ».
Algernon est une souris dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l’intelligence.
Enhardis par cette réussite, les savants tentent, avec l’assistance de la psychologue Alice Kinnian, d’appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d’esprit. C’est bientôt l’extraordinaire éveil à la conscience pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l’amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour, les facultés supérieures d’Algernon commencent à décliner...
Vous prenez une baguette de bois flexible, une main à chaque bout ; vous rapprochez un peu vos mains, le milieu s’élève un peu, l’ensemble forme une courbe plus ou moins régulière selon le grain du bois : vous avez fabriqué une image de la vie d’un homme, ça s’élève, ça plafonne, ça redescend. Vous appuyez plus fort aux bouts, ça s’élève plus brusquement, ça risque de se briser sec, ou bien ça monte plus haut, ça redescend plus vite, c’est plus court : c’est le schème de la vie humaine de Charlie Gordon ; vous avez fait en bois ce que Daniel Keyes a fait avec de l’encre et du papier.
C’est une parabole au sens littéraire aussi : de même que le héros « essaie de faire tenir en quelques semaines une vie entière de recherches et de pensées », le romancier a fait tenir en quelques mois la vie d’un esprit, de la stupidité de l’enfant à la stupidité du vieillard, en passant par l’intelligence de la maturité, une intelligence cependant dont jamais homme mûr n’a atteint le niveau. Pour le lecteur, c’est une révélation sur sa propre condition, révélation brutale par la contraction dans le temps, comme l’image-choc du film Shangri-la (adaptation du roman de James Hilton Horizons perdus, qu’il faudra bien un jour rééditer aussi), où le héros emporte celle dont il est tombé amoureux hors de la vallée himalayenne de l’éternelle jeunesse, et brusquement voit qu’il a sur le dos une mourante momie : de la beauté de la jeune fille au dessèchement de la vieille femme, il n’y a que quelques pas dans la neige.
C’est une parabole, mais c’est aussi l’histoire profondément pathétique d’un imbécile heureux qui devient un génie malheureux, puis un imbécile malheureux. Malheureux parce que maintenant il sait ce qu’il est, ce que sont les hommes, ce qu’est le monde, ce qu’est la vie. Touchant dans sa candeur : il croyait que « tout le monde il est gentil » et riait des farces qu’on lui faisait, y voyant des preuves d’amitié. Bouleversant dans ses découvertes intellectuelles, morales et sentimentales. Forçant la sympathie en face de l’hostilité de ses anciens « amis » envers sa supériorité toute neuve. Admirable dans sa tentative désespérée de se rendre utile à la science, utile à ses « frères inférieurs », les autres idiots, qu’il ne peut se résigner à abandonner à la nuit dans laquelle il sait qu’il retombe. Pitoyable dans cette retombée fatale, irrévocable. Un vrai héros, au sens d’un homme comme nous, notre semblable, notre frère, à la destinée exemplaire.
C’est une grande œuvre littéraire, où éminemment « le style, c’est l’homme », puisque le récit de bout en bout est de la plume de Charlie Gordon : « une histoire racontée par un idiot » (Macbeth) comme Le bruit et la fureur de Faulkner ; puis par un génie qui doit « écrire le plus simplement possible pour que les gens comprennent » ; et de nouveau par un idiot. Ce qu’il raconte et la façon dont il raconte ne font qu’un. La courbe en cloche du récit est semblable à la courbe de la vie de Charlie : les « comptes rendus » (qui mettent fin à la convention des « chapitres »), maigres et informes au début, se structurent et s’étoffent, puis retombent au squelettique, sans cependant perdre leur poésie : ils se concluent sur les fleurs pour Algernon, la souris blanche morte après une courbe de vie et d’intelligence elle aussi semblable.
C’est un sommet de la littérature, et c’est aussi une œuvre de science-fiction : car ce coup de pouce qui rapproche les extrémités de la baguette et en fait monter le centre, c’est la science, chirurgie et biochimie, qui seule peut le donner ; mais fiction scientifique, car jusqu’à présent la science n’a pas réalisé cette possibilité ; fiction donc, mais non fantasme, car « même dans les contes de fées il faut qu’il y ait des règles » (page 83). N’est-ce pas la définition de la meilleure science-fiction que d’imaginer les répercussions logiques d’une découverte plus ou moins lointaine, plus ou moins vraisemblable, mais plausible, dans un cas profondément humain ? Et d’autant plus humain qu’il est dramatique : Flowers for Algernon se rattache au courant de fiction scientifique mais non scientiste, qui se veut mise en garde et non opium du peuple ; la science n’y est pas baguette de la fée mais bien plutôt balai de l’apprenti sorcier ; c’est le feu dérobé par Prométhée, mais aussi l’aigle qui le ronge ; c’est le fruit de l’arbre de la science du bien et du mal (cf. page 290), et donc aussi le fruit défendu. Corriger « une erreur de la nature » (page 165), n’est-ce pas y substituer une erreur de l’homme, surtout si l’on pense, comme Fanny Birden et l’infirmière Hilda (pp. 23 et 112), que la « nature », c’est Dieu. Péché ou non, en tout cas le progrès intellectuel ne rend Charlie ni plus heureux ni meilleur : « la recherche du savoir chasse la recherche de l’amour » (page 252) et « il n’y a que les sales mômes qui deviennent des génies » (dit le traducteur page 146, perdant malheureusement le jeu de mot entre « donkey » et « jeanass » pour « genius », « donkey » et « ass » signifiant tous deux « âne »). Bref, une veine anti-intellectualiste court dans cet ouvrage, qui eût pu avoir aussi pour épigraphe ces vers célèbres de Thomas Gray (Platon au-delà de la vie aurait bien supporté le voisinage d’un poète !) : « La pensée détruirait leur paradis./… Où l’ignorance est béatitude,/ Il est fou d’être sage. »
Par là, l’œuvre appartient aussi à la grande littérature religieuse et métaphysique, et l’on peut dire d’elle ce que dit Charlie de Don Quichotte : « Ce livre était supposé avoir une autre signification que l’histoire ne disait pas mais qu’elle suggérait. Comme si elle pouvait se comprendre de plusieurs façons. »
En bref, c’est un coup de génie qu’a fait (qu’a eu ?) Daniel Keyes en 1959 lorsqu’il écrivit sa novelette, et Fiction (qui eut le mérite d’en publier une traduction par Roger Durand quelques mois plus tard seulement, dans son numéro 69) ne se trompait pas en parlant d’« une de ces œuvres que l’on retrouve dans toutes les anthologies » : non seulement dans les anthologies spécialisées dans la littérature « parallèle » (y compris les Chefs d’œuvre de l’épouvante de Planète, où elle n’a que faire et où elle est scandaleusement mutilée !), mais dans des anthologies littéraires comme Points of view de deux universitaires américains, James Moffett et Kenneth R. Mc Elheny, où elle illustre l’usage du journal intime, à côté du Journal d’un fou de Gogol.
Lorsqu’Isaac Asimov, à la 16e convention de Pittsburgh en 1960, remit à Daniel Keyes son Hugo, avec une admiration chaleureuse et sans mélange, il demanda : « Comment a-t-il fait ? » Et l’auteur lui répondit : « Quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir : je voudrais bien recommencer. »
Malheureusement, c’est ce qu’il a fait.
Car que connaît-on de Daniel Keyes, en dehors de sa novelette et de deux nouvelles parues dans Galaxie (n° 60 de l’ancienne série et n° 4 de la nouvelle) : Ce diabolique Elmo et Le procès de la machine (où, symptomatiquement, il se préoccupe aussi d’intelligence parahumaine, celle du cerveau électronique, idiot et génie à la fois) ? Eh bien… ce roman de 1966, qui porte aussi le titre de Flowers for Algernon, et que Georges H. Gallet vient de traduire pour J’ai Lu !
Traduction fort correcte d’ailleurs, malgré les difficultés inhérentes au style d’un idiot puis d’un génie. Il y avait des termes techniques, dont Georges Gallet s’est bien tiré, sauf pour « thematic ap-perception test », qui devient curieusement « test thématique de non-perception », alors que Roger Durand traduisait fort justement « test d’aperception thématique » (le a n’a rien ici de négatif, et le Robert définit l’aperception comme prise de conscience réfléchie de l’objet de la perception). Il y avait aussi des jeux de mots, dus souvent à l’orthographe erratique ou à l’incompréhension du demeuré, déformant l’inconnu pour le ramener au connu : certains étaient impossibles à rendre (comme « amazed », ébahi, pour « maze », labyrinthe), mais Durand avait eu la bonne idée de les remplacer par d’autres (par exemple, Charlie est ennuyé qu’Algernon ait à résoudre des problèmes pour obtenir sa nourriture « parce que si un jour elle ne pouvait pas apprendre elle aurait fin » – et de fait « au bout du labyrinthe se trouve la mort ») ; chez Gallet, j’ai apprécié le « shampooing à la moelle » et le « shampooing au moi » pour « egg-champoo » / « ego champoo » ; en revanche, ni Durand ni Gallet n’ont pensé à rendre « raw shok » (= « choc brut », qui est l’approximation gordonesque pour Rorschach) par « rare choc ». Et puis, pourquoi avoir exagéré le bégaiement du professeur (page 230), pourquoi faire parler « petit-nègre » à l’enfant Charlie (page 146), alors qu’il s’exprime dans le texte original simplement comme un petit Américain rebelle aux instructions de l’instituteur, pourquoi avoir ajouté au texte que la souris est une femelle, alors que l’usage du pronom masculin et le prénom d’Algernon sont là pour préparer l’identification de Charlie à son compagnon d’infortune (à qui, dans le roman, on donne même une compagne du nom de Minnie) ?
À ces quelques réserves près, il s’agit d’une bonne traduction. Mais sa publication ajoute-t-elle à la gloire de Daniel Keyes ?
Certes, les dimensions du livre permettent d’éclairer l’histoire de multiples côtés et d’en mettre en relief tous les détails. Éclairage social, avec la visite de l’asile Warren – passage qui révèle aux lecteurs la brûlante actualité du problème des arriérés avec autant de vigueur qu’aux téléspectateurs britanniques une émission récente sur te Stoke Park Mental Hospital. Éclairage scientifique, avec une explication de l’anomalie mentale et du traitement chirurgical et hormonal expérimenté sur Charlie : en un sens, donc la part de science-fiction est plus large que dans la nouvelle, sans pourtant que ce soit au détriment de l’esthétique romanesque, car la théorie ne vient pas comme un cheveu sur la soupe mais sort de la bouche de personnages bien vivants qui ont des motifs bien humains d’en discuter. Donc, éclairage humain aussi, qui sort de l’ombre tous les personnages, depuis les plus secondaires, comme l’infirmière Thelma à la tache de vin qui trouve que « les enfants normaux grandissent trop vite » ou le boulanger au pied bot Gimpy qui trouve normal de voler un patron, jusqu’aux plus importants, comme le docteur Nemur (ce n’est plus un pur esprit, mais un universitaire à la femme arriviste et « un homme ordinaire qui essaie de faire une œuvre de grand homme, alors que les grands hommes sont tous occupés à faire des bombes ») , comme la mère, le père et la sœur de Charlie (non pas gratuitement, mais pour expliquer à la fois la motivation qui pousse l’idiot à vouloir à tout prix devenir « un télijen » et les inhibitions dont il est victime même après être devenu un génie), comme ses deux amantes Fay William et Alice Killian.
Car le personnage féminin est dédoublé en deux pôles, représentant en gros la fantaisie et la raison, le sexe et le sentiment ; ces derniers ne seront réconciliés qu’à la fin, lorsque Charlie sera réconcilié avec lui-même, avec l’enfant qu’il a été, juste avant de le redevenir inexorablement. Charlie aussi, en effet, se dédouble, et c’est le thème du doppelgänger, thème cher aux auteurs fantastiques mais aussi aux psychanalystes. Là n’est point la moindre richesse de l’étude du personnage central, étude qui emprunte largement à Freud tout autant qu’à la littérature moderne la plus réaliste : les souvenirs scatologiques, les manifestations sexuelles normales ou aberrantes, les plus physiques et les plus mystiques, les rêves et les hallucinations, tout prend sa place dans les comptes rendus de Charlie – à la fois enquêteur et objet de l’enquête, esprit et corps à la recherche de soi-même.
Bref, le roman peut se lire comme la description d’une expérience scientifique (les réactions de la souris, par exemple, sont notées avec beaucoup plus de détails et de précision que dans la nouvelle), comme un roman à suspens (les aléas de l’opération sont soulignés d’emblée), comme un roman d’amour (Charlie parviendra-t-il à s’unir à Alice qu’il aime et qui l’aime malgré le souvenir de sa mère puritaine, ou devra-t-il s’en tenir à une liaison rien moins qu’idyllique avec Fay qui est l’antithèse de la maniaquerie maternelle ?), comme une étude de moraliste (l’esprit puéril, candide et docile, qui s’éveille à la compréhension et du même coup au scepticisme, à la colère et aux soupçons ; qui se glorifie de sa propre puissance mais regrette la chaude solidarité), comme l’analyse d’un cas psychopathologique (la lame sanglante, symbole sexuel, qui reste longtemps maniée par des femmes – pp. 89, 118, 188, 277, 289 –, avec menace de castration – notamment page 200 –, sexe et faute étant depuis si longtemps associés que l’autopunition de l’adulte – page 105, page 116 – prolonge la crainte enfantine du châtiment).
Mais est-ce vraiment un enrichissement ? Charlie Gordon utilise (page 295) l’image de l’univers en expansion pour montrer les hommes et les femmes arrachés éternellement les uns aux autres, et liés et retenus seulement par l’acte d’amour. Flowers for Algernon est aussi cet univers en expansion : il donne à entrevoir au lecteur des myriades d’étoiles, de galaxies, brillantes mais qui s’éloignent, et dont la lumière est altérée par une sorte d’effet Doppler, pour le lecteur et parfois aussi, semble-t-il, pour l’auteur (l’intelligence de la souris n’est-elle pas un peu trop anthropomorphe : page 176 ? ; les différents aspects de l’évolution de Charlie – notamment ceux qui sont repris de la nouvelle et ceux qui sont ajoutés – sont-ils bien cohérents entre eux ?). On se prend donc à regretter le « grand bang » originel, cet univers infiniment compact qui explosait dans la nouvelle, cette illumination du cœur et de l’esprit, qui laissait au lecteur le soin de prolonger, l’émoi de sentir, le plaisir de rêver. Alors, lisez ce roman, oui, c’est un ouvrage de talent ; mais si vous pouvez vous procurer les Fiction « vintage », relisez la nouvelle : c’est là qu’est le génie.
George W. BARLOW Première parution : 1/10/1972 Fiction 226 Mise en ligne le : 1/3/2019
[Chronique commune aux deux ouvrages de Daniel Keyes : Des Fleurs pour Algernon et Algernon, Charlie et moi]
D'abord publié sous forme de nouvelle en 1959 (prix Hugo l'année suivante), puis sous forme de roman en 1966 (prix Nebula), Des Fleurs pour Algernon est un des chefs-d'œuvre incontestés de la science-fiction. Il a été adapté en téléfilm tourné en direct, puis au cinéma en 1968 (Charly, Ralph Nelson). Suivront encore deux téléfilms, dont un franco-suisse (en 2006) tout à fait regardable. Plus difficile à croire, Des Fleurs pour Algernon a aussi été adapté en pièce de théâtre,en comédie musicale et en spectacle de danse.
Tout le monde connaît la trame de ce classique : Charlie, arriéré mental employé dans une boulangerie, voit son intelligence accrue grâce à une opération chirurgicale ; avant lui, c'est une souris de laboratoire, Algernon, qui avait reçu le même traitement. Charlie tient son journal, tombe amoureux de sa thérapeute, couche avec une artiste un peu fofolle, jusqu'à ce que son intelligence commence à décroître, puis Algernon se laisse mourir... Roman plutôt audacieux pour l'époque (cruauté parentale, bizutages sordides, scènes de schizophrénie, sexualité explicite ; n'oublions pas que Les Amants étrangers de Farmer date de 1961), Des Fleurs pour Algernon est publié chez J'ai Lu depuis 1972, où il est réédité régulièrement tous les trois ou quatre ans. D'ailleurs, à ce sujet, il serait bon que quelqu'un se penche sur la traduction de Georges-Henri Gallet, où (entre autres erreurs/ maladresses) college est traduit collège même quand il s'agit d'une université, ce qui donne quelques faux sens assez croquignolets (Charlie, alors d'une intelligence supérieure, ne va pas à la bibliothèque du collège, mais bien en bibliothèque universitaire). Encore un de ces nombreux romans américains dont les personnages prennent leur café avec de la crème et du sucre (cream = lait).
En terme de notoriété mondiale, d'adaptations, Des Fleurs pour Algernon est LE livre de Daniel Keyes (même s'il est injuste d'oublier Les Mille et une vies de Billy Milligan) ; un phénomène qui méritait sans doute que l'auteur y revienne. Chose faite en 1999 avec Algernon, Charlie et moi, trajectoire d'un écrivain,une autobiographie partielle (il y est peu, voire pas du tout, question des autres romans de l'auteur), avec laquelle s'ouvre la collection « Nouveaux millénaires » (en sus du fort médiocre Idlewild de Nick Sagan). Un choix curieux, l'ouvrage, peu commercial, semblant s'adresser avant tout aux enseignants qui font lire Des Fleurs pour Algernon à leurs élèves (dans cette optique, c'est un livre incontournable). On ne peut pas dire que cette trajectoire d'écrivain soit très palpitante ; si on s'intéresse beaucoup à l'expérience de Keyes dans les pulps, à ses fréquentations (William Tenn, Horace L. Gold, Lester Del Rey), le reste est très en dessous. Le processus de création de Daniel Keyes est laborieux (ce qui explique sans doute son statut d'auteur d'un seul roman). Sa longue collaboration avec Stan Lee (des centaines ( !) de scénarios) est évoquée en trois phrases. Globalement, l'auteur, hanté (et donc en un sens maudit, même s'il y a des malédictions plus désagréables, vu le succès de son œuvre), ne s'intéresse dans cet ouvrage qu'à Charlie et Algernon : comment ils sont nés dans son esprit, comment ils sont nés sur papier, puis à la télé, au cinéma, en comédie musicale, etc. Le tout pourrait être brillamment écrit, mais non, c'est assez terne, seuls quelques morceaux de bravoure (la mort du marin, l'embauche dans le monde des pulps) donnent du corps au texte. Quand on compare avec Une sorte de vie (suivi de Les Chemins de l'évasion) de Graham Greene, le choc est rude.
Au final, Algernon, Charlie et moi, trajectoire d'un écrivain est un livre mineur, souvent intéressant mais jamais passionnant (on s'y ennuie ferme, ici et là), un ouvrage à réserver aux enseignants concernés, aux spécialistes hardcore de la SF et aux fans absolus de Des Fleurs pour Algernon. Notons toutefois que l'éditeur a eu la bonne idée de placer à la fin de l'ouvrage la version courte, originelle, de la nouvelle « éponyme ».
Thomas DAY Première parution : 1/10/2011 dans Bifrost 64 Mise en ligne le : 25/2/2013
Prix obtenus
Hugo, Nouvelle / Short story, 1960 Nebula, Roman, 1966