Pauvre Gaspard ! Il se trouve toujours là quand tout va de travers. Sa tante, Mademoiselle Berlicaut qui l'élève, le sait bien, elle qui tient soignesement caché tous les petits drames domestiques qui parsèment l'enfance de Gaspard à traverser les pires dangers sans conséquence et comme avec indifférence est bientôt connue du petit bourg de Lominval. Très vite, la méfiance des villageois s'éveille...
Un jour, un enfant aux « yeux coupants comme l'acier et purs comme la Meuse » est arrêté pour vagabondage. Alors commence la vraie vie de Gaspard...
Le dernier prix Fémina est allé à André Dhôtel pour « Le pays où l’on n’arrive jamais » (Pierre Horay). Un gentil roman, qui tient à la fois du conte de fées, du « Grand Meaulnes », de « Sans famille » d’Hector Malot, et des livres de la collection scoute « Signe de Piste ». Les dames du Fémina ont pris soin de préciser que le prix était attribué à l’auteur « pour l’ensemble de son œuvre ». Celle-ci le méritait. C’est donc fort bien. Il n’en reste pas moins que, pour la plupart des lecteurs, c’est ce roman-ci qui est mis sur un piédestal – et qu’il n’a pas l’envergure du rôle. Il est vrai que, faisant suite à « La machine humaine » de Véraldi, n’importe quel Fémina paraîtrait génialement choisi.
Ce roman plus ou moins merveilleux sonne un peu faux, paraît un peu trop fabriqué. L’auteur se force à vouloir être naturel. Comme un vieil enfant qui s’évertue à retrouver le langage de l’enfance. Mais la fraîcheur n’y est pas.
Le thème est joli, les péripéties inégalement heureuses, la narration facile, le style agréable. L’ensemble s’avère charmant et anodin. On a perdu son temps, mais on l’a perdu en bonne compagnie.
Alain DORÉMIEUX Première parution : 1/2/1956 Fiction 27 Mise en ligne le : 20/4/2025