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City, suivi de trois nouvelles

Joël HOUSSIN

Première parution : Paris, France : Fleuve noir, mai 1983

Illustration de Melvin ZED

GOATER (Rennes, France), coll. Rechute précédent dans la collection n° 6 suivant dans la collection
Date de parution : 17 juin 2020
Dépôt légal : 1er semestre 2020, Achevé d'imprimer : mars 2020
Réédition
Roman, 288 pages, catégorie / prix : 14 €
ISBN : 979-1-097465-34-6
Format : 13,0 x 21,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

De l'anticipation avec un petit air anarco-punk des années 1980, voilà City écrit peu après Blue du même auteur.
Ce roman de 1983 publié originellement dans la collection Anticipation est un roman puissant et original, où RanXérox rencontre Mad Max. Une plongée hallucinée dans une ville où mutants et drogues pervertissent les sens. Le tout dans un contexte électoral. Nous avons souhaité le prolonger avec trois nouvelles de l'auteur  : « Multicolore » (1976), « Cinq cents milligrammes d'enfer » (1977) et « Jolie petite fille » (années 1990).

Né en 1953, Joël Houssin a publié ses premières nouvelles dans Fiction avant de devenir l'un des « auteurs-cultes » du Fleuve noir avec la saga du Dobermann et une dizaine de romans d'anticipation à l'écriture impétueuse parmi lesquels se détachent Blue, City et Les Vautours (Grand Prix de la S.-F. française 86). L'enfant terrible de la SF made in France est aussi le créateur des séries « Bœuf-carottes », « David Nolande » et « Éternelle » pour la télévision.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Multicolore, pages 203 à 229, nouvelle
2 - Cinq cents milligrammes d'enfer, pages 231 à 257, nouvelle
3 - Jolie petite fille, pages 259 à 278, nouvelle
4 - (non mentionné), Bibliographie de Joël Houssin, pages 279 à 280, bibliographie
Critiques

    La collection « Rechute » des éditions Goater se veut explicitement (p. 4) la résurrection de la collection « Chute libre » des éditions Champ Libre, la maison de Gérard Lebovici — cette collection créée sur une idée de Jean-Patrick Manchette et dirigée par Jean-Claude Zylberstein. Vingt-et-un titres y furent publiés de 74 à 78, dont, histoire de situer le propos : La Jungle nue et Tarzan vous salue bien de Farmer, Le Chaos final de Spinrad, Vice versa de Delany, La Défonce Glogauer de Moorcock, Venus Plus X de Sturgeon, Orgasmachine de Watson, ou encore La Foire aux atrocités de Ballard. Le tout illustré par des Tardi et autres Mœbius… En fait, « Chute libre » fut en pleine concurrence avec la collection « Contre coup » des éditions du Sagittaire, où l’on retrouve Dick et Malzberg aux côtés de Vonnegut et Platt, pour l’exemple. Les visuels étaient différents, mais dans un esprit proche. Même format et même matière souple et toilée pour les couvertures, à l’instar de Goater. Marianne Leconte reprit dans sa collection de poche « Titres SF » chez Jean-Claude Lattès, une large part de la collection « Chute libre », mais aucun « Contre coup ». Ces deux collections ne publièrent que des anglo-saxons tandis que Goater est ouvert aux francophones.

    On l’aura compris, nous voici replongés au cœur de ce que fut la SF politique des années 70/80. Une littérature qui se voulait engagée (à gauche), contestataire, transgressive et tournée vers la sexualité la plus débridée — le Sida n’était pas encore passé par là. « Rechute » propose des œuvres récentes et inédites, à l’exception notable de Joël Houssin, justement, des œuvres engagées, gauchistes — un court recueil d’Ursula Le Guin, La Fille feu follet et autres textes, et une novella de Samuel Delany, L’Athée du grenier, sont annoncées à l’heure où nous bouclons.

    Houssin fut, entre autres, un auteur de SF des années 80, et donna aussi dans le polar noir avec Le Doberman ; voilà qui situe. Une littérature violente, voire ultra, qui cogne sec dans les tripes, mais on en a tant vu… Une littérature coup de poing, au sens propre : dans City, le pouvoir, la présidence, se conquiert sur le ring, entre les cordes, les gants aux poings. De la littérature Red Skins, en quelque sorte. L’univers peint à gros traits par Houssin n’est que la caricature de ce que fut le nôtre, dont il exacerbe les aspects les plus noirs et violents, les côtés les moins ragoutants. City est un vaste jeu de massacre de la différence sur fond de complot capitaliste vu par le flingueur-chef, le tout assaisonné de quelques scènes de sexe pas piquées des hannetons qu’on n’oserait plus écrire sans risque aujourd’hui.

    Dans « Multicolore », la première nouvelle à succéder au roman, le statut social ne se joue plus sur le ring mais à la roulette. Une roulette assurément russe, puisque les perdants finissent flingués fissa, dans un contexte sociétal axé sur le jeu, la flambe, la frime, sans aucune opposition. Suit « Cinq cent milligrames d’enfer », où les labos pharmaceutiques règnent en maîtres, se faisant de ces guerres où l’on tire court… Là encore, plus ça change, moins ça change. Thème qui sera aussi celui de « Jolie petite fille », où la rebelle finit comme solution de continuité pour la société en forme de ruche qu’elle tentait de fuir ; le pion qu’elle était atteint la huitième rangée pour se changer en reine.

    Excepté le dernier, ces textes ont recours à des artifices typographiques comme il était alors fréquent — des auteurs tels que Daniel Walther s’y adonnaient d’abondance. Des récits typiques de leur époque, on l’a dit. Il y a un gap non négligeable à les ressortir aujourd’hui, tant la société a changé. Tout comme la Chine de Xi Jinping n’a que bien peu à voir avec celle de la Révolution Culturelle et ses Gardes Rouges — ce qui était alors des revendications légitimes a désormais, dans le monde capital-socialiste actuel, accédé au pouvoir, mais ce faisant, s’est également modifié. Corrompu ?

    Bien que datée, l’écriture de Joël Houssin n’en reste pas moins dynamique ; on ne s’y ennuie pas. Toutefois, l’écart entre ce qui nous est présenté de potentialité et le monde actuel fera sans doute décrocher certains lecteurs. Il ne faut pas perdre de vue ce que l’on lit : Houssin ne critique pas le monde contemporain, mais celui des années 70/80.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 16/6/2024

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions, Anticipation (1983)

     Il y a beaucoup de Mad Max dans City, même si le cadre en est urbain, et si Stanton n'est pas Intercepteur, mais, plus directement, « nettoyeur ». Houssin a toujours aimé le cadre des grandes villes déliquescentes du proche futur — le néon dans la gadoue — et il s'en donne à cœur joie à décrire la « City », peuplée d'être retors ou monstrueux, abjects ou simplement démissionnaires. Le meilleur de son roman est dans les portraits qu'il trace des marginaux, les Staks, les Spéciaux, les Rampants, de tous ces mutants qui se transforment en reptiles ou en chauves-souris, et d'où émergent quelques grandes figures, comme La Mort, un cavalier de l'Apocalypse motorisé, qui a dressé des créatures gélatineuses innommables, ou comme le Président lui-même, au nom improbable d'Armenyam Dum Dum Forest, ancien boxeur, ou encore le Gouverneur, Runtroepe, « hallucinante masse de graisse et de corruption ».
     Le mouvement du récit est la convergence — passage des bandes de circulation extérieure au building suprotégé de la Xerox (une multinationale dont le nom doit être un clin d'oeil à une BD célèbre que Houssin doit adorer tellement elle colle à son univers), mais il est simplement dommage que cette convergence soit atteinte de pelade thématique à mesure qu'elle se resserre : comme souvent, mais ici plus encore que de coutume, le roman s'arrête brutalement au moment où on voudrait continuer à le chevaucher. Les 180 pages standard du Fleuve bloquent la création de l'auteur qui, de temps à autre, devrait interrompre sa production-fleuve pour se lancer, ailleurs, dans un ouvrage de plus vaste envergure qu'on attend de lui.

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/12/1983
dans Fiction 346
Mise en ligne le : 10/5/2002

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