POCKET
(Paris, France), coll. Le Grand Temple de la S-F n° 5032 Dépôt légal : 1er trimestre 1979, Achevé d'imprimer : novembre 1988 Réédition Recueil de nouvelles, 448 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-266-02713-1 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
La bibliographie en fin d'ouvrage a été mise à jour en date d'octobre 1988.
Robert Silverberg, né à New York en 1936, a d'abord voulu devenir un vrai pro de l'écriture ; puis il a entrepris dans les années soixante une série d'œuvres ambitieuses qui l'ont hissé au tout premier rang de la S.F. américaine. Ses nombreux admirateurs sont avant tout séduits par la richesse humaine de son œuvre — assez rare en S.F. — et son art de peindre des personnages complexes et intenses, modernes incarnations de l'éternel romantisme. Il dit le drame de celui qui devient fou de solitude, la joie de celui qui apprend à communiquer. Il explore l'intimité paradoxale de celui qui peut entendre les pensées d'autrui, habiter le corps d'autrui, lire l'avenir, voir l'invisible. Des pouvoirs colossaux, qui ne donnent pas la paix intérieure : ces êtres tourmentés, hantés par la mauvaise conscience, cherchent désespérément l'immortalité, la maîtrise du temps, la liberté d'emplir l'espace et de recréer le monde ; ils finissent toujours par rencontrer la mort, le silence, la perte de leurs dons, l'éternelle servitude, la nuit. Chacun se cherche une identité, la trouve et la reperd. Quête passionnée, qui va jusqu'au bout de l'impossible et se dévore elle-même.
Comme tous les ouvrages de cette admirable collection, une bibliographie complète, jusqu'en 1977. On y compte les pseudonymes de Silverberg, on s'effare de sa production démente : 1956 : 45 nouvelles, 1957 : 79 nouvelles et 2 ouvrages biographiques (soyons honnêtes, pour certaines nouvelles, il y a eu collaboration avec R. Garett !) Mais quand même ! La préface de P.R. Hupp est un modèle au genre : documentation dense, survol biographique éclairant, centrage thématique sur « la quête de l'autre » (on aurait pu signaler aussi la forme initiatique, qui va avec) : 20 pages qui se lisent très facilement et apportent beaucoup. Voyons les textes. 10 sont des reprises, 4 sont inédits. Je n'ai rien contre les reprises quand il s'agit de textes anciens et inaccessibles, ou quand il se trouve des textes irremplaçables. Est-ce toujours le cas ? On aurait pu éviter Absolument inflexible (paru en 78 dans l'Année de la SF (Julliard), Monade 158 issue sans grandes modifications des Monades Urbaines (Laffont) et Pousser ou grandir venu d'Eros au futuret dont je vois mal l'intérêt (à part l'aspect de canular pour potaches). En revanche Le circuit Macauley, l'admirable Voir l'homme invisible ou la très belle Danse au soleil supportent leur troisième apparition dans notre langue. Des inédits, trois m'ont beaucoup plu ; mais je n'ai pas été sensible à Le dybbuk de Mazel Tov IV. Affaire de goût, plus que critique de la qualité. Une anthologie solide, bien présentée, choix très représentatif ; on prend plaisir à retrouver Silverberg. On est heureux de savoir que Laffont va publier son dernier roman Shadrak dans la fournaise, très bientôt. Dernier ? A moins que d'ici là, revenant sur ses déclarations Silverberg retourne à la SF. Sait-on jamais ?