Robert LAFFONT
(Paris, France), coll. Ailleurs et demain Date de parution : juin 1989 Dépôt légal : juin 1989, Achevé d'imprimer : 18 mai 1989 Première édition Roman, 528 pages, catégorie / prix : 135 FF ISBN : 2-221-05740-6 Format : 13,6 x 21,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
A l'orée du XXIe siècle, un étrange astéroïde vient d'entrer dans le système solaire et de se placer en orbite autour de la Terre. C'est en fait un vaisseau spatial taillé dans un astéroïde qui existe bien dans notre système au delà de l'orbite de Mars.
Mais il n'y a personne à bord, seulement d'étranges machines et merveilles qui rendent fous à force de frustration les chercheurs envoyés à son bord.
Le Caillou a trois cents kilomètres de long et cent kilomètres de diamètre. Il est venu de l'espace mais peut-être pas de notre espace, de l'avenir mais peut-être pas de notre avenir. La seule chose certaine, c'est qu'il contient des bibliothèques et que, dans ces bibliothèques, des livres d'histoire, rédigés en anglais, en russe, en français et dans la plupart des autres langues, parlent de la Mort, l'holocauste nucléaire qui serait sur le point de se produire.
Or l'arrivée du Caillou menace le fragile équilibre instauré entre les deux blocs...
Et où sont passés les habitants des sept chambres intérieures du Caillou ?
Eon va bien au delà de cette situation de départ et, sous le classicisme d'une construction sans faille, cache mal l'imagination débordante de Greg Bear. Ce roman renoue avec la grande tradition de la science-fiction, avec ses merveilles technologiques, qui évoquent le Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke, et ses vertiges métaphysiques, qui font penser à Olaf Stapledon ou à A.E. van Vogt. Sa suite, Eternité, paraîtra prochainement.
Critiques
Bear n'a jamais fait deux romans semblables ; même s'il a trouvé depuis quelques années son style, ne vous attendez pas ici à une suite à La musique du sang. Il s'agit plutôt d'un retour magistral à une SF éprouvée, celle qui joue avec les immensités du temps et de l'espace. Réussie, elle peut instiller une sorte de terreur émerveillée dans le lecteur, et ce fut mon cas pour ce livre comme quand j'avais quinze ans et lisais Van Vogt.
Tout commence quand un astéroïde visiblement aménagé par des extraterrestres se met en orbite autour de la Terre ; on découvre à l'intérieur un monde cyclindrique infini qui s'étend dans une autre dimension de l'espace et dans notre futur. La création de la Voie et de la Cité de l'Axe mérite de prendre place au panthéon des mondes imaginaires de la SF, à côté de l'Anneau-Monde de Niven et de l'Orbitsville de bob Shaw.
Dans la dimension temporelle, Bear reste beaucoup plus proche de notre monde, sur lequel pèse la menace d'une guerre nucléaire due aux errements bureaucrates de tous les pays. Sans sympathie pour l'Union Soviétique dont il a une vision nettement anti-perestroïka, Bear donne pourtant un portrait réussi du colonel Pavel Mirski, qui sait dépasser ses convictions nationalistes. De façon générale, ses nombreux personnages ne se laissent pas noyer par le paysage fantastique dans lequel ils sont plongés, et une des plus remarquables de ce point de vue est Luisa Vasquez, spécialiste de physique mathématique qui fournit au roman une héroïne inhabituelle — les Mexicains forment une importante minorité en Calimais sont plus souvent travailleurs de peine que professeurs, si la hard science n'est pas féministe, ce n'est pas faute d'essayer ! Tous les fans devraient faire leurs délices de ce livre riche en rebondissements.
Cette réédition d'Éon permettra aux nouveaux lecteurs de faire la connaissance d'un roman qui est déjà devenu un grand classique de la hard SF. En l'an 2000, un astéroïde apparaît soudainement dans le système solaire et se met en orbite autour de la Terre. Une expédition internationale (mais dominée par l'OTAN) est envoyée là-haut pour l'explorer. On s'aperçoit vite que l'objet (surnommé le Caillou), qui mesure 300 km de long et 100 km de large, est en effet un énorme vaisseau spatial abandonné, avec sept vastes chambres creusées à l'intérieur contenant des villes, des parcs, et de la machinerie dont on comprend mal le fonctionnement. Plus bizarre encore, les habitants étaient visiblement des êtres humains, originaires d'un avenir lointain. Mais s'agit-il de notre avenir, ou celui d'un univers parallèle ? Car le mystère le plus étourdissant se trouve dans la septième chambre. Vue de l'intérieur, elle s'étend sur une distance indéfinie, et peut-être même à l'infini. C'est la Voie, un chemin fantastique qui relie notre espace-temps avec ceux d'autres univers. Et de toute évidence, c'est par là que les habitants ont quitté le Caillou. Mais avant que les membres de l'expédition puissent aller plus loin dans leurs recherches, les Russes, craignant la mainmise des Occidentaux sur des secrets technologiques à utilisation militaire, essaient de s'emparer de l'astéroïde, et déclenchent une conflagration nucléaire sur la Terre.
Ce livre démontre très bien pourquoi Greg Bear est considéré comme l'un des maîtres de la hard SF anglo-saxonne contemporaine. Certes, il y a beaucoup de science, parfois difficile à saisir, mais le récit est bien rythmé par l'action et le suspense, avec beaucoup d'intrigues entre les différents personnages, et tout cela donne envie de tourner les pages. Ce roman exprime aussi la fascination presque irrésistible pour les grands objets énigmatiques (en anglais, « Big Dumb Objects ») produits par des civilisations disparues, qui le rend comparable à Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke ou à L'Anneau-Monde de Larry Niven. Mais il y a surtout le côté transcendantal du livre, sa façon d'accumuler révélation sur révélation pour nous sortir de notre cadre habituel de référence et nous faire entrer dans une contrée complètement insolite. À ne pas manquer : la suite directe, Éternité (Livre de Poche), et Héritage, (Laffont), qui se rattache aussi à l'histoire de la Voie.