Gordon Rupert DICKSON Titre original : Soldier, Ask Not, 1967 Première parution : New York, U.S.A. : Dell, juillet 1967 (roman construit à partir de la nouvelle éponyme - lauréate du prix Hugo en 1965 catégorie "short story" - qui en constitue le premier tiers)ISFDB Cycle : Dorsai vol. 2
"Font-ils partie des Élus ?" hurla le Chef de Groupe.
"Font-ils partie des Élus de Dieu ?"
Il pivota sur les talons, il braqua son arme sur les prisonniers Cassidiens.
"Maintenant vos gardiens sont partis. Un nouveau combat va s'engager, qui va balayer vos unités. Pour cette bataille, nous avons besoin de tous les soldats du Seigneur, car notre Eldest du Conseil des Anciens nous a tous appelés. Je vais donc vous envoyer dans un lieu où vous ne pourrez pas causer de tort aux Oints du Seigneur."
J'ouvris la bouche pour hurler mais aucun son n'en sortit. Le Chef de Groupe ouvrit le feu et les soldats tombèrent et moururent.
Le Chef de Groupe se retourna et s'avança vers moi, l'arme à la main.
"Tu as ton histoire, Journaliste, et tu vivras pour l'écrire. Moi qui représente les doigts du Seigneur, j'ai écrit Sa volonté sur ces hommes, et ce sont des mots que tu ne peux effacer. Ainsi sauras-tu enfin à quel point ce que tu écris a peu d'importance en face de ce qui est écrit par
Ce livre évoque plusieurs guerres : des conflits à l'échelle planétaire mais toujours localisés et en majorité supportés par des mercenaires, un conflit entre un univers et un homme seul.
Ce dernier retient tout particulièrement l'attention de Dickson. L'univers, c'est celui qui a pour toile de fond la Culture Divisée. En un mot, l'homme de la Terre s'est morcelé en se spécialisant à outrance et en essaimant dans l'espace. Il est devenu les Amicaux (fanatiques religieux pour lesquels la notion d'individualité est morte), les Dorsaï (soldats professionnels, soldats nés), les Exotiques (philosophes et lesteurs-théoriciens de l'avenir proche) et une demi-douzaine d'êtres particuliers.
L'homme seul, c'est Tarn Olyn, un terrien complet, non spécialisé, possesseur de toutes les tendances humaines, journaliste moins impartial qu'il ne veut bien l'avouer. Pour se venger d'un malheur personnel, il cherchera à détruire les Amicaux en manipulant tout le monde. Mais c'est un terrien de pure souche. Sa vision du monde est truffée de déformations. Quelles chances possède-t-il de mystifier les peuples supérieurs de la Culture Divisée ?
Pour quelle guerre appartient au cycle de Dorsaï dont les éditions Opta ont déjà publié cinq volumes. Il s'agit d'un space-opera étayé sur une certaine évolution de l'homme. Une évolution non dénuée d'originalité. De l'humanité sont nées plusieurs races qui méritent le titre de race à part entière. Pourtant, elles sont tellement différentes les unes des autres qu'on pourrait les croire dépourvues de la moindre source commune.
Cet aspect du roman — aspect culturel et humain — me paraît plus passionnant que l'action elle-même, parfois un peu plate et pas toujours vraisemblable. Si Tarn Olyn ne convainc guère dans son rôle de justicier égocentrique et destructeur, peut-être en raison de son caractère déséquilibré et de ses idéaux manichéens qui font de lui un anti-héros, l'univers de Pour quelle guerre procure et suscite en revanche d'intéressantes réflexions sur l'avenir de l'homme.